La Jeanne-Elisabeth exposée au Musée d'Agde
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Au musée de l’Éphèbe d’Agde, une exposition retrace l’histoire de la Jeanne-Elisabeth, navire de commerce suédois naufragé en 1755, et dont l’épave a été retrouvée au large de Maguelone. Le conservateur du musée évoque le naufrage et la précieuse cargaison de l’épave.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
22 oct. 2019
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Contexte historique
ParIngénieure d’études au Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (ministère chargé de la Culture), rattachée au CNRS, UMR 5140, Université Paul Valéry Montpellier 3
L’épave de la Jeanne-Elisabeth, un voilier de commerce suédois de 25 m de longueur et 200 tonneaux de port en lourd, a été découverte en 2006 au large de l’ancienne cathédrale de Maguelone. Elle a été victime d’un important pillage dont le butin a été largement exporté hors des frontières françaises, jusqu’à ce que les trafiquants soient arrêtés grâce à une enquête menée par le Service national de douane judiciaire de Marseille, et sévèrement condamnés. L’épave a ensuite fait l’objet de douze campagnes de fouilles avec une équipe internationale, sous la direction de deux archéologues du DRASSM (Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines) : Patrick Grandjean (2008-2011) et Marine Jaouen (2012-2019). En 2019, une exposition, « Fortune à bord », est présentée au musée de l’Éphèbe du Cap d’Agde. Interviewé dans le reportage, Bertrand Ducourau, le conservateur du musée, raconte les secrets engloutis de la Jeanne-Elisabeth
.
Achevé de construire en 1754 à Wolgast en Poméranie occidentale (ancienne province suédoise aujourd’hui située en Allemagne), le navire appartient alors à trois marchands suédois. Il porte le pavillon de la Suède, une nation neutre, ce qui garantit non seulement sa protection, mais aussi, à cette époque, celle du fret. Le 21 juin 1755, la Jeanne-Elisabeth, qui porte le prénom de l’épouse de son principal propriétaire, quitte Stockholm avec une cargaison de goudron, bois, chanvre et fer à destination de Cadix, l’une des plus grandes places de commerce européennes et porte d’entrée des marchandises en provenance des Indes occidentales (Amérique). Il fait une brève escale à Lisbonne pour embarquer du sel, quelques jours seulement avant le violent séisme qui a partiellement détruit la ville le 1er novembre. À Cadix, une partie de la cargaison est déchargée et le navire embarque alors de précieux produits, notamment 24 360 pièces d’argent espagnol frappées au Mexique et au Pérou ainsi que du tabac, de la térébenthine, de la cochenille et de l’indigo, qui s’ajoutent au reliquat de marchandises initiales et à 200 tonneaux de blé, à destination de Marseille. Ce parcours s’inscrit dans les circuits classiques du cabotage international entre les pays scandinaves et la Méditerranée.
La navigation en Méditerranée n’est pas chose aisée et les tempêtes soudaines surprennent les marins les plus aguerris. Aux dangers des vents d’est et de sud-est s’ajoutent les bancs de sable instables du golfe du Lion. Le 14 novembre 1755 au soir, la Jeanne Elisabeth vient s’échouer et se disloquer à quelques centaines de mètres de la côte. Les survivants (passagers et membres d’équipage) se réfugient dans la mâture pour échapper à la furie des vagues. Le lendemain matin, les habitants de Villeneuve-lès-Maguelone procèdent à leur sauvetage à l’aide de canots mais les deux corps (dont l’un est celui du secrétaire du consul de France à Cadix et l’autre celui d’une jeune femme dont la raison de la présence à bord n’est pas connue) retrouvés sur la grève, sont immédiatement enterrés sur la plage, contrairement aux préconisations de la grande ordonnance de la Marine de 1681, toujours en vigueur, qui prévoit une inhumation en terre bénite. Les archives départementales de l’Hérault et celles de la chambre de commerce et d’industrie de Marseille livrent de nombreuses informations au sujet des suites du naufrage et des efforts déployés en vain pour récupérer la cargaison. Celles de la ville de Stockholm conservent encore le rôle d’équipage du navire c’est-à-dire le document certifiant l’identité, le rôle et la compétence des marins qui se trouvent à bord.
Les pièces d’argent ne constituent pas un trésor au sens où nous l’entendons aujourd’hui mais une marchandise comme les autres. Pour être commercialisé, l’argent extrait des mines espagnoles d’Amérique et vendu en Europe devait d’abord être transformé en monnaie dans les ateliers de Lima et de Mexico afin de permettre à l’Espagne le prélèvement de taxes fiscales. Il était destiné non seulement aux ateliers monétaires royaux mais aussi aux entreprises d’orfèvrerie et de passementerie en Europe. La cochenille et l’indigo utilisés pour la teinture des tissus (respectivement rouge et bleu) étaient également des produits à forte valeur ajoutée. De Marseille, ces substances tinctoriales étaient réexportées vers le Languedoc pour la production de la draperie locale très renommée ou encore vers Lyon ou le Levant. La cargaison de la Jeanne-Elisabeth était composée à la fois de pondéreux et de produits de faible valeur (blé, vin, sel, goudron ou bois) et de marchandises à forte valeur ajoutée qui circulaient en moindre quantité mais qui alimentaient des réseaux d’échange plus lointains et plus élitistes reliant l’Europe au reste du monde moderne, dans le cadre d’une première mondialisation sans commune mesure avec celle que nous connaissons de nos jours.
Bibliographie
- Bertrand Ducourau, Marine Jaouen, Fortune à bord ! Chronique de la Jeanne-Elisabeth. Musée de l’Éphèbe et d’archéologie sous-marine, (Catalogue d’exposition : 12 octobre 2019 – 19 septembre 2020), Portet-sur-Garonne,Éditions midi-pyrénéennes, 2021, 163 p.
Transcription
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