Démantèlement d'un réseau de pilleurs d'épaves
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Grâce aux archéologues du DRASSM et au service des douanes de Marseille, un important réseau de pilleurs d’épaves, parmi lesquelles la Jeanne-Elisabeth qui avait sombré au large de Villeneuve-lès-Maguelone, vient d’être démantelé. Malheureusement, la majeure partie de la cargaison de pièces d’argent de cet ancien navire de commerce a déjà été revendue par les malfaiteurs.
Date de publication du document :
21 déc. 2022
Date de diffusion :
30 nov. 2007
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Contexte historique
ParIngénieure d’études au Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines (ministère chargé de la Culture), rattachée au CNRS, UMR 5140, Université Paul Valéry Montpellier 3
Située au large de Villeneuve-lès-Maguelone, le navire suédois la Jeanne-Elisabeth qui a sombré à l’automne 1755 a fait l’objet d’un important pillage durant plus d’un an. Au terme d’une enquête de huit mois menée par vingt-cinq douaniers et une quinzaine d’archéologues du DRASSM, huit personnes ont été arrêtées et mises en examen. Si trois d’entre elles ont été innocentées, de lourdes peines ont été prononcées contre les cinq autres. Plusieurs centaines d’objets, en grande majorité datés de l’Antiquité romaine, ont été découverts au domicile des personnes incriminées dont deux cent cinquante pièces de monnaie en provenance de la Jeanne-Elisabeth, des petits objets relevant de la vie à bord et deux canons qui, sans traitement de conservation, se dégradaient rapidement.
En France, le Code du patrimoine stipule : Les gisements, épaves, vestiges ou généralement tout bien présentant un intérêt préhistorique, archéologique ou historique qui sont situés dans le domaine public maritime ou au fond de la mer dans la zone contiguë constituent des biens culturels maritimes. Les biens culturels maritimes situés dans le domaine public maritime et dont le propriétaire n'est pas susceptible d'être retrouvé appartiennent à l'État. Toute personne qui découvre un bien culturel maritime est tenue de le laisser en place et de ne pas y porter atteinte.
Les sanctions prévues en cas de vol ou de destruction de découverte archéologique, sept ans d'emprisonnement et 100 000 € d'amende, sont lourdes car, selon la Convention de l’Unesco de 2001 ratifiée par la France en 2013, le patrimoine culturel subaquatique est reconnu comme « Patrimoine de l'humanité ». Les pillages portent atteinte aux structures du navire qui sont mises au jour sans ménagement et parfois détruites. Ils perturbent le contexte de découverte et nuisent à l’interprétation des objets. Par exemple si l’on compare le lot des 3905 pièces découvertes par les archéologues en cours de fouilles en 2014, avec les 254 retrouvées chez les pilleurs, on constate que ces dernières semblent résulter d’une sélection des spécimens les plus beaux et les plus rares qui sont également les plus recherchés par les collectionneurs. Le lot de pièces retrouvé en vrac chez les pilleurs a perdu toute trace de conditionnement alors que celui découvert par les archéologues révèle la présence de textile correspondant à des sacs directement disposés, vraisemblablement dissimulés, parmi la cargaison de blé.
En ce qui concerne la Jeanne-Elisabeth, la perte de savoir qui résulte des prélèvements clandestins peut être illustrée également par la découverte de deux pierres à aiguiser, l’une chez les pilleurs, donc sans contexte, et la seconde en fouille, à l’arrière du navire, dans l’espace dédié aux officiers et à proximité immédiate des restes d’un canif dont la fonction était vraisemblablement de tailler les plumes utilisées pour la tenue du journal de bord. La première, sans aucune contextualisation, aurait forcément été attribuée à l’entretien des couteaux de cuisine. Bien d’autres cas de figure peuvent être mentionnés telle la découverte, parmi les objets saisis et non encore écoulés fort heureusement, d’une meule qui permet d’envisager la consommation ponctuelle de pain frais à bord en lieu et place des traditionnels biscuits de mer ou encore celle d’un moulin à café qui témoigne d’un certain raffinement, du moins pour la table des officiers. La vaisselle de table en céramique et en verre révèle également des origines diverses, Amérique, Asie, Europe, qui témoignent d’échanges au long cours dont il aurait été regrettable de ne pas prendre conscience.
Bibliographie
- Bertrand Ducourau, Marine Jaouen, Fortune à bord ! Chronique de la Jeanne-Elisabeth. Musée de l’Éphèbe et d’archéologie sous-marine, (Catalogue d’exposition : 12 octobre 2019 – 19 septembre 2020), Éditions midi-pyrénéennes, Portet-sur-Garonne, mai 2021, 163 p.
- Marine Jaouen, Éric Rieth, Sébastien Berthaut-Clarac, Gaëlle Dieulefet, Jérôme Jambu, Andrea Poletto, Marine Sadania, Laurence Serra,« L’épave de la Jeanne-Elisabeth, 1755 (Villeneuve-lès-Maguelone, Hérault). 2008-2016, bilan de huit campagnes de fouilles ». Archaeonautica 19, 2017, p. 41-88.
- Loi n° 2008-696 du 15 juillet 2008 relative aux archives (1)
- Article 311-4-2 - Code pénal
- Article 322-3-1 - Code pénal
Transcription
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