Quand Chapier prenait position pour le cinéma régional
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Résumé
Le 12 août 1985, à l'occasion de la sortie de Rouge Midi en salle, la présentatrice de Soir 3 en résume l'intrigue, puis lance un extrait de ce deuxième film du Marseillais Robert Guédiguian. Elle se tourne ensuite vers Henry Chapier, le critique attitré de la chaîne, avec cette question : « Est-ce qu'on peut imaginer un cinéma régional comme celui des Italiens ? ». Celui-ci répond par une analyse brillante du film et souligne les perspectives ouvertes par ce type de film. A noter que le nom de Guédiguian incrusté en bandeau sur l'extrait est mal orthographié.
Date de diffusion :
12 juil. 1985
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Contexte historique
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Dans la présentation de ce chapitre, on a vu qu'à l'orée des années 80, la création régionale s'éveille, clame son désir d'exister et tente de se structurer. (Même si l'expérience menée par René Allio à Font-blanche aboutit à un échec.)
Mais quel écho rencontre alors ce mouvement ? Cette archive nous éclaire sur la position d'Henry Chapier, influent critique de l'époque qui analyse la tentative à l'oeuvre à travers Rouge Midi, deuxième film de Robert Guédiguian.
Cette tentative, que l'on retrouve peu ou prou dans tout le cinéma régional d'alors, pourrait se résumer ainsi : dire le monde et la condition humaine depuis son territoire d'appartenance (dans ce cas, depuis Marseille). Dès son premier film, Dernier été, qu'il tourne dans son quartier de l'Estaque en 1980, Guédiguian en fait le principe de base qui conditionnera toute son œuvre. Principe qui, il faut le souligner, est à l'époque totalement étranger au cinéma français, qui ne recourt à la veine régionaliste que pour la « couleur locale » et le « folklore ». En conséquence, même si cette tragédie estaquéenne reçoit le prix Georges Sadoul, elle est trop atypique pour susciter l'intérêt du public.
En 1985, Rouge Midi - nom d'un ancien quotidien communiste marseillais - affiche une ambition encore plus grande : raconter sur quatre générations, de 1920 à 1975, les espoirs et les désillusions d'une famille d'immigrés calabrais. Mais l'accueil est encore plus froid ! Sélectionné à Cannes dans la section (aujourd'hui disparue) Perspectives du cinéma français, le film est sifflé et sa sortie en salle sera carrément catastrophique.
Sans doute Rouge Midi a-t-il des défauts. Une telle saga aurait nécessité un budget nettement plus important. Mais plus que tout, ce que critiques et cinéphiles ne peuvent alors assimiler, au sens littéral, c'est l'idée d'un cinéma qui dépeint le populaire de façon à la fois politique et romanesque, qui traite de grands sujets de société avec l'accent, loin de toute « pagnolade ». (L'accent, dans le cinéma français, ne pouvant être que source de comique.)
Robert Guédiguian s'obstinera et finira par imposer son univers... 15 ans plus tard ! C'est seulement après Marius et Jeannette qui, dans une certaine mesure, cadre avec l'image « galéjeuse » de Marseille, que le public acceptera de suivre aussi le cinéaste sur le terrain du drame et de la tragédie. Une longue marche donc.
La position, assez solitaire, d'Henry Chapier dès 1985 n'en est que plus remarquable! Outre le fait qu'il accorde, dans un journal télévisé national, une place de choix à un film de tout petit budget, le chroniqueur livre ici un constat assez cruel : le cinéma français ne sait pas, ou ne veut pas, s'intéresser au monde ouvrier, attitude qu'il qualifie - l'expression est aussi juste que dure - d'« infirmité acceptée depuis les années 60». Il pense que le « brusque réveil » du cinéma régional peut être un remède à cette « infirmité ».
Contrairement à la critique parisianiste qui regarde tout ça d'un œil vaguement ennuyé, Chapier souligne par ailleurs l'importance des questions d'identité et d'acculturation soulevées par le film.
Même si, à partir des années 1995, le cinéma hexagonal sera davantage en prise avec « la France d'en bas », notamment à travers le film de banlieue, cette analyse des enjeux identitaires du cinéma régional n'a, aujourd'hui encore, rien perdu de son acuité. Et de sa validité.
Filmographie
Robert Guédiguian : Dernier été et Rouge midi (édités en dvd)
Transcription
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