Mémé Guérini, portrait d'un trafiquant
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Résumé
Le clan Guérini a régné sur la pègre marseillaise du lendemain de la guerre jusqu'en 1967. L'histoire de cette famille rejoint celle du milieu marseillais. Depuis le meurtre d'Antoine Guérini, véritable "parrain" à Marseille, ses frères ont voulu le venger. Une suite de vendettas s'est enchaînée. Inculpé d'homicide volontaire, Mémé Guérini est condamné à vingt ans de réclusion criminelle. Il décède à Cannes le 1er mars 1982. Une page du grand banditisme est tournée.
Date de diffusion :
01 mars 1982
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Les frères Guérini, installés à Marseille dans les années vingt, ont régné en maîtres sur le milieu, au lendemain de la guerre. L'aîné de huit enfants, Antoine, né à Calenzana (Corse) en 1902, est considéré comme un "parrain", chef de famille et d'un clan qui doit sa réussite au proxénétisme et à la criminalité. À partir de 1928, il achète plusieurs bars et cabarets et s'associe à son frère, Barthélémy, dit Mémé, né en 1908. Leurs quatre autres frères les rejoignent pour s'occuper de ces établissements. Contrairement à leurs concurrents, Carbone et Spirito qui avaient choisi la Collaboration pendant la guerre, les Guérini se sont lancés dans la lutte clandestine de la Résistance. Après la Libération, ils profitent de la victoire, deviennent les patrons de la Côte et s'assurent de solides appuis politiques. Prostitution, jeux, contrebande de cigarettes passent entièrement sous leur contrôle. Ce "règne" dure une trentaine d'années.
Au début des années 1960, les Guérini veulent étendre leur influence en s'introduisant dans le monde des jeux parisiens. Une association avec Robert Blémant, ancien commissaire de police passé au Milieu, et Jean-Baptiste Andréani, patron du Grand Cercle près de l'Étoile à Paris, se termine mal. Cette tentative d'extension parisienne est le début de la fin pour le clan Guérini. Le meurtre de Blémant bouscule le milieu parisien qui veut le venger. S'enchaîne une série d'assassinats. Le 23 juin 1967, Antoine Guérini est abattu, en présence de son fils Félix, dans une station-service du quartier Saint-Julien à Marseille. Le meurtre d'Antoine Guérini marque la fin de l'impunité du clan : cette famille qu'on jugeait intouchable est atteinte à deux reprises. En effet, pendant les obsèques d'Antoine, en Corse, sa villa marseillaise est cambriolée et les bijoux de son épouse volés. La famille indignée veut venger cet affront. Il s'agit du fait de voyous habitués à cambrioler les maisons frappées par des décès. Pris de panique en apprenant l'identité des propriétaires, l'un des voleurs s'enfuit en Espagne et le second, Claude Mondroyan, restitue une partie du butin, mais il est retrouvé criblé de balles le 21 juillet 1967. Le clan s'est précipité dans une vendetta qui entraîne sa chute. Arrêtés le 4 août 1967, Mémé Guérini et ses complices sont jugés en 1969 pour le meurtre de Mondroyan. Ils ont pour défenseur, entre autres, l'un des ténors du barreau marseillais, Maître Pollak. Mémé est condamné à vingt ans de réclusion criminelle, son frère Pascal à quinze ans comme leurs complices, Henri Rossi et Dominique Poli. Libéré pour raisons de santé en 1978, Mémé décède à Cannes le 1er mars 1982.
L'image de cette famille est souvent associée à celle d'un certain milieu traditionnel avec des règles, des lois internes, un code d'honneur, un respect de la parole donnée. Cependant, la réalité a peu à voir avec le mythe. Les frères Guérini ont introduit des méthodes mafieuses fondées sur le proxénétisme, la reprise de bars et cabarets sur la Côte d'Azur, la contrebande de cigarettes. Les convoitises qu'ils ont suscité et, peut-être, un certain sentiment d'impunité, sont à l'origine de leur perte.
Bibliographie :
Jacques Follorou, Vincent Nouzille, Les Parrains corses. Leur histoire, leurs réseaux, leurs protections, Paris, Fayard, 2004.
Marie-Christine Guérini, La Saga Guérini, Paris, Flammarion, 2003.
Eugène Saccomano, Bandits à Marseille, Paris, Julliard, 1968.
Transcription
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