Manifestation viticole à Draguignan
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Résumé
Une importante manifestation paysanne a eu lieu à Draguignan. Les viticulteurs se sont retrouvés pour manifester contre l'importation de vins étrangers et la fiscalité dont leurs produits sont l'objet.
Date de diffusion :
17 mars 1967
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Au moment du reportage, le vignoble varois reste le plus important de la région en superficie et en production (grignoté par l'urbanisation et la déprise agricole, il est dépassé aujourd'hui par le Vaucluse). Il est à la veille d'une transformation radicale, qui va le faire passer d'un vignoble de quantité en un vignoble de qualité. La vigne occupe alors plus de 60 000 hectares, soit 60 % de la surface agricole du Var. C'est une monoculture dans tout l'intérieur du département, dont 33 000 exploitants, souvent petits, tirent tout ou partie de leurs revenus. Dix ans plus tard, la surface aura diminué de 10 000 hectares et il n'y aura plus que 25 000 exploitants.
La manifestation de Draguignan (alors préfecture du Var) réunit une foule impressionnante de viticulteurs. Responsables de la profession vini-viticole et élus, maires et parlementaires du centre Var sont en tête du cortège. Les motifs de cette mobilisation sont sommairement exposés : concurrence des vins d'importation et fiscalité trop élevée. La question de la concurrence étrangère mérite une attention particulière car c'est elle qui va contribuer à accélérer une reconversion d'importance dans le Var. Dans les années 1960, le département produit encore peu de vins de qualité, bien que les Côtes de Provence aient été créées en 1951 (1/4 de la production), en tant que Vins de Qualité Supérieure (VDQS) sur une partie du département. Seuls sont classés en Appellation d'Origine Contrôlée (AOC) les vins de Bandol (depuis 1941), qui concernent un terroir limité (entre Le Beausset et la mer). La plus grande partie des quelques 3,5 millions d'hectolitres que produit le Var sont des Vins de Consommation Courante (VCC), vinifiés dans plus d'une centaine de caves coopératives communales, et vendus le plus souvent en vrac au négoce. Il y a peu d'efforts d'amélioration de l'encépagement (que dominent carignan, ugni blanc, hybrides, etc.), de la vinification et de la commercialisation. Dans ces conditions, l'ouverture à la concurrence étrangère, en l'occurrence les vins italiens - conséquence de la mise en place du marché commun agricole par le traité de Rome de 1960 - risque d'avoir des effets ravageurs sur ce type de viticulture. En réalité, depuis les années de surproduction du début du siècle, les vins courants du Var ont toujours été pris en tenailles entre la production de masse du Languedoc et les vins dits "médecins" (car ils venaient couper les précédents en leur donnant du degré) d'Algérie, qui les concurrençaient directement. Crises de surproduction et protestations de masse scandent régulièrement la vie de la viticulture locale, 1967 vient après 1960-61 et 1963 et annonce 1970-71 et les violentes manifestations de 1974-76 [cf 00000000135]. La profession, fortement organisée autour du Syndicat des vignerons et de la Fédération des caves coopératives, est encore représentative de la "République au village", née au XIXe siècle et analysée par l'historien Maurice Agulhon, dans un Var central qui reste "rouge".
Les règlements nationaux, renforcés par les règlements européens, incitent à la limitation des surfaces de vigne, afin d'améliorer les rendements et la qualité des vins. La baisse inéluctable de la consommation de vin courant joue également un rôle, ainsi que, sous l'effet du tourisme, une demande de vin rosé en pleine croissance. Les primes à l'arrachage ou simplement l'abandon de la culture, sous les effets conjugués de la démographie agricole et de la progression de l'urbanisation, vont aboutir en une vingtaine d'années (1970-1990) à une réduction d'un tiers de la superficie du vignoble provençal, et donc du nombre d'exploitations, alors même que la qualité des vins produits n'allait cesser d'augmenter en interdisant certains cépages (hybrides, aramon), en en limitant d'autres (carignan, ugni), et en favorisant les plus nobles ou les améliorateurs (grenache, cinsault, syrah).
Aujourd'hui la viticulture est l'un des éléments du dynamisme de l'agriculture provençale. L'extension des superficies en vigne de qualité, l'amélioration des techniques agricoles, la modernisation des matériels, de la vinification et de la commercialisation font qu'aujourd'hui le vignoble provençal est en AOC pour les deux tiers de sa surface plantée. Ce vignoble de qualité est dominé dans le Var par les Côtes de Provence, passés en AOC en 1977 [cf 00000000274] et par les Côteaux Varois, eux aussi AOC depuis 1993.
Bibliographie :
Association régionale des professeurs d'histoire et de géographie-Université de Provence, Le territoire régional Provence, Alpes, Côte d'Azur, Conseil régional Provence-Alpes-Côte d'Azur, 1992.
Revue Méditerranée, notamment n°4-1975 (André de Réparaz et Claude Bérard, "Viticulture et coopérative vinicole dans le Sud-Est méditerranéen, le cas du Var"), n°3-1988 ( André de Réparaz, "Un vignoble méditerranéen français : l'exemple du Var"), n° 3-4, 2003 (Lucien Tirone et alii, "La région Provence-Alpes-Côte d'Azur à l'aube du XXIe siècle").
Transcription
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