Bonjour tristesse : un été au pays de la jet set
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Résumé
En septembre 1957, le chroniqueur François Chalais se rend à Cannes pour assister au tournage d'une séquence de Bonjour Tristesse. Cette adaptation du best-seller de Françoise Sagan est mise en scène par le réalisateur américain Otto Preminger, qu'il interwieve, et interprétée par Jean Seberg, Deborah Kerr, David Niven et Mylène Demongeot que l'on aperçoit pendant cet extrait en train de répéter une scène dans le décor du casino. Preminger raconte comment, pour les besoins de son film précédent (Sainte Jeanne) il a découvert Jean Seberg. Il évoque ensuite la bataille qu'il a menée pour obtenir les droits d'adaptation et l'intérêt que représente pour lui Bonjour tristesse en tant que « portrait de la jeunesse d'aujourd'hui ». Il termine en expliquant pourquoi il était important de venir sur place capter « l'ambiance des vrais endroits ».
Date de diffusion :
26 sept. 1957
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Contexte historique
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En 1954 Françoise Sagan publie son premier roman, Bonjour tristesse. Avec ce livre écrit en six semaines sous Maxiton, alors qu'elle n'a que 18 ans, elle fait non seulement scandale, mais devient l'incarnation et l'expression parfaites de « la jeunesse dorée ». Même ceux qui restent dubitatifs sur la qualité littéraire de l'œuvre le reconnaissent : Bonjour Tristesse est « un document sur une certaine jeunesse vide qui a du mal à mûrir et qui s'étourdit à coups de coucheries, de whisky et de voitures de sport. Un document sur une jeunesse qui a entériné la faillite des adultes, de leur monde et de leurs valeurs, et qui entend vivre selon ses règles à elle » ; et l'on pourrait ajouter : un document qui donne un nouvel élan, une résonance nouvelle au mythe de la Côte d'Azur.
Car le cadre - une villa près de Cannes où une jeune fille de 17 ans, Cécile, et son séducteur de père passent leurs vacances - est constitutif de l'histoire. Avec ses plages et ses pinèdes propices aux étreintes, sa chaleur qui annihile la volonté et stimule les sens, ses villas aussi discrètes que cossues, ses attirants casinos, ses routes sinueuses où l'on peut rouler en décapotable, l'espace azuréen est indissociable de cet univers d'oisiveté élégante et de permissivité. En devenant ainsi un élément indispensable de la « panoplie » de ce que Moravia baptise, exactement à la même époque, la jet set, la Côte d'Azur apparaît plus propice aux fantasmes que jamais.
Les chiffres donnent la mesure du phénomène Bonjour tristesse : traduction en vingt langues et surtout des ventes qui atteignent en un an 810 000 exemplaires en France et dépassent le million aux Etats-Unis, où le livre reste n°1 sur la liste du New York Times pendant plusieurs semaines.
Quand Otto Preminger raconte, dans l'archive proposée ici, que l'obtention des droits d'adaptation a donné lieu à d'exorbitantes surenchères, il y a donc tout lieu de croire qu'il n'exagère pas. Il n'est par ailleurs guère surprenant que ce Viennois installé à Hollywood depuis 1934 ait tout fait pour l'emporter. Après s'être illustré dans le film noir, Preminger se plait à aborder, depuis le début des années 50, des sujets audacieux qui défraient la chronique et sont, à chaque fois, des défis à la censure. Après avoir tourné Carmen Jones, version de Carmen avec une distribution entièrement noire, puis fait le saisissant portrait d'un toxicomane dans L'Homme au bras d'or, le voilà donc qui prend de volée le puritanisme des mœurs. (Sagan avait fort bien analysé les raisons du scandale soulevé par le roman quand elle notait : « Il semblait alors inconcevable qu'une fille de 17 ans puisse coucher avec un garçon du même âge, non seulement sans l'aimer véritablement, mais en plus sans en être punie »).
Découverte dans Sainte Jeanne, le film précédent de Preminger, Jean Seberg arrive-t-elle à être comme Sagan - et comme le personnage de Cécile qui en est un peu le double - un « charmant petit monstre » ? On sait en tout cas qu'elle a subi les injures et les engueulades de son metteur en scène, réputé tyrannique, tout au long du tournage et qu'à la sortie, sa prestation a été diversement appréciée. (Ce qui n'a pas empêché Godard, sous le charme, de l'engager immédiatement pour A bout de souffle). Le reste de la distribution - Deborah Kerr, David Niven, Mylène Demongeot – a fait, en revanche, l'unanimité.
L'importance des décors naturels, filmés entre Saint-Tropez et Monte-Carlo, a également été soulignée. Précisons que la fameuse villa du film, qui devient, sous la caméra de Preminger, un fascinant personnage, appartenait alors au patron de presse Pierre Lazareff et qu'elle est située dans le Var, à Cavalière.
Comme toute l'œuvre de Preminger, Bonjour tristesse est aujourd'hui dans une sorte de purgatoire, ce qui est sans doute injuste. Ce que l'on ne peut nier en tout cas, c'est l'amplification mondiale, le coup d'accélérateur, que le film a donné à l'équation « Côte d'Azur = terre de la jet set. »
Bibliographie
Françoise Sagan : Bonjour tristesse, Julliard, 1954. Disponible en Poche.
Mylène Demongeot : Tiroirs secrets, le Pré aux clercs, 2001
Filmographie
Otto Preminger : Bonjour tristesse, 1958 (disponible en dvd)
Transcription
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