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Tournage de Molière, film d'Ariane Mnouchkine

17 avril 1977
03m 51s
Réf. 00277

Notice

Résumé :

Reportage sur le tournage d'une scène de carnaval pour le film Molière d'Ariane Mnouchkine à la Cartoucherie de Vincennes. Courte interview de Mnouchkine insistant sur l'importance de situer Molière dans son époque. Précisions sur le budget et le fonctionnement atypique du tournage.

Type de média :
Format court - Vidéo - Journal télévisé
Date de diffusion :
17 avril 1977
Source :
JA2 20H (Collection: JA2 20H )
Compagnie :
Théâtre du Soleil
Oeuvre(s) :
Artistes et personnalités :
Thèmes :
Lieux :

Éclairage

Metteuse en scène à la tête du Théâtre du Soleil, installé depuis peu dans l'atypique Cartoucherie de Vincennes, Ariane Mnouchkine n'en garde pas moins une affinité de longue date avec le cinéma : son père, Alexandre Mnouchkine, est producteur, et elle a déjà réalisé en 1974 la captation filmée de son spectacle 1789. C'est cependant un projet d'une ampleur inégalée qu'elle entreprend en 1976 en consacrant une longue fresque de quatre heures en deux volets à la biographie de Molière, saint patron du théâtre français. Le comédien Philippe Caubère, membre de la troupe du Soleil, est choisi pour assumer le rôle de Molière de sa jeunesse jusqu'à sa mort. Le film, réalisé avec cent-vingt comédiens, six-cents participants, mille trois-cents costumes, deux-cent vingt décors, mobilise pendant deux ans la troupe du Soleil, qui y travaille dans l'esprit communautaire qui la caractérise. Molière sort en 1978 au cinéma et est diffusé en 1981 à la télévision en une série de cinq épisodes.

Si l'ambition d'Ariane Mnouchkine est de raconter la vie de Molière, mystérieuse et mal connue, elle ne la sépare cependant pas de l'époque qui est la sienne. À rebours du mythe romantique du génie isolé, mais aussi de la conception classique d'un auteur bourgeois et érudit, le film donne à voir les émerveillements du jeune Molière devant les spectacles de tréteaux des bateleurs italiens, ses facéties d'étudiant en droit à Orléans, sa participation à un carnaval complexe aux accents médiévaux. Le XVIIe siècle est présenté avec un réalisme solidement documenté, non sans construire cependant sa propre mythologie d'un théâtre de rue à la fois populaire et virtuose, dont Molière se serait nourri à l'exclusion de toute culture livresque.

Céline Candiard

Transcription

Présentateur
1789, 1793, ce n’est pas une leçon d’histoire mais pour Ariane Mnouchkine c’est presque une leçon de succès. Souvenez-vous, à la Cartoucherie de Vincennes, un style, tout à fait nouveau de théâtre, de vrais tréteaux, des comédiens qui s’adressent personnellement aux spectateurs pour leur raconter l’action. C’était ça le théâtre du Soleil. Ariane Mnouchkine recommence une nouvelle expérience, elle passe des tréteaux à la caméra avec l’histoire de la vie de Molière. On remplace les trois coups par le fameux « silence, on tourne », même si avec cette nouvelle réalisatrice, le signal du tournage est un tout petit peu particulier.
Ariane Mnouchkine
Pan, pan, boum badaboum, baboumba boumabadaboum. Tchiaratakaka, chakaktakata! Chakatakataka…. [Inaudible]
Comédien
Aaahh ahahahh
Journaliste
Une rue d’Orléans en l’an 1639, reconstituée à la Cartoucherie de Vincennes. Mario le fou vient de donner le signal du carnaval, un des moments spectaculaire du film sur la vie de Molière que tourne en ce moment Ariane Mnouchkine. Le jeune Molière, il a alors 17ans, est dans le cortège, il assiste à l’un des derniers grands carnavals qui embrasaient toutes les villes de France et de Navarre à l’époque et qui seront bientôt interdits par Louis XIV. Ce jour là, le carnaval d’Orléans va tourner à l’émeute, contre les collecteurs d’impôts qui sont dans la ville. Et Molière, qui a déjà décidé de ne pas devenir tapissier comme son père, commencera à apprendre là l’histoire de son siècle avant de l’écrire. Molière c’est Philippe Caubère, un membre du théâtre du Soleil, la troupe d’Ariane Mnouchkine. Et ce film, se veut être aussi, une histoire du XVIIème siècle.
(Musique)
Ariane Mnouchkine
C’est une époque où l’Etat naît, et ça nous semble important de raconter ça. Et puis, bon, c’est l’histoire de Molière qui est un homme de théâtre, qui est un artiste ; et qui, si vous voulez, par son évolution, sa vie, a traversé beaucoup des problèmes, des heurs et des malheurs et des contradictions et des succès aussi, que peut traverser un groupe ou un artiste à notre époque.
Journaliste
300 figurants, 500 masques, 800 costumes, un budget d’un milliard et demi de centimes. La Cartoucherie de Vincennes, transformée en annexe d’Hollywood. Un film qui durera quatre heures. Animée par une équipe qui fonctionne en partie en coopérative ouvrière, c’est vraiment une étrange super production. Les principaux acteurs du film, tous membres du théâtre du Soleil, touchent le même salaire, participent à l’intendance, règlent les mouvements de foule. Tout cet atmosphère bon enfant au désordre apparent, en fait parfaitement contrôlé. Claude Lelouch et Antenne 2, séduits par le scénario, ont accepté de coproduire cette entreprise, et ont mis à la disposition d’Ariane Mnouchkine, techniciens et techniques.
(Musique)
Journaliste
Ainsi, la louma, cet immense bras articulé, unique en France, au bout duquel est fixé une caméra qui peut aller mettre son œil dans tous les recoins, au ras du sol, dans la boue comme dans les nuages. Nullement impressionnée, par les moyens mis en oeuvre pour ce film, Ariane Mnouchkine et sa petite troupe, rappellent que toute proportion gardée, le Roi Soleil lui aussi avait confié d’énormes budget à Molière.