Antoine Vitez à propos d'Electre
Notice
Electre de Sophocle est mis en scène par Antoine Vitez au Théâtre de la Cité Internationale. Interview d'Antoine Vitez, qui explique avoir traduit lui-même la pièce de Sophocle et y avoir introduit, à plusieurs moments de la pièce, des poèmes de Yannis Ritsos dits en grec moderne. Extrait du 1er épisode, avec le dialogue entre Electre et Chrysothémis.
- Electre ( Sophocle - Auteur / Antoine Vitez - Mise en scène)
Éclairage
Electre est la seule pièce que Sophocle consacre au cycle des Atrides, choisissant, à l'inverse d'Eschyle dans son Orestie, de centrer sa tragédie sur la plainte d'Electre. La majeure partie de la pièce donne en effet à entendre ses cris de deuil pour son père assassiné et son frère qu'elle croit mort, accompagnés des chants de douleur et de consolation du chœur des jeunes Mycéniennes.
Dans sa mise en scène de 1971-1972, qui fait suite à une précédente mise en scène de la pièce en 1966, Antoine Vitez met la pièce en écho avec l'actualité politique de la Grèce des colonels. Pour cela, il insère dans le dialogue de Sophocle des poèmes de Yannis Ritsos, comme autant de commentaires à l'action tragique. Pour figurer le passage entre les temps anciens et le monde contemporain, des textes en grec moderne viennent répondre à des extraits de Sophocle dits en grec ancien. La scénographie, qui prévoit une répartition bi-frontale du public, de part et d'autre de la scène, réduit la distance qui sépare traditionnellement les spectateurs de l'action tragique. L'effet est encore renforcé par le jeu expressionniste et violent des comédiens.
Seul élément mis à distance de l'action, les parties chorales sont assumées tour à tour par les acteurs du spectacle sous la forme d'une profération psalmodiée et hiératique, comme les paroles rituelles d'une liturgie. Les longues tuniques portées par les comédiens et leur maquillage doré, semblable à un masque, donnent à voir l'ensemble de l'action tragique comme les gestes réglés d'une cérémonie.