Antigone, mis en scène par Jean Vilar au Festival d'Avignon
Notice
Interview de Jean Vilar, qui raconte son rapport particulier au mythe d'Antigone et souligne l'importance du chœur et des personnages secondaires dans la signification de la pièce. Long extrait d'une répétition de l'affrontement entre Antigone et Créon, au 2e épisode de la pièce de Sophocle.
- Antigone ( Sophocle - Auteur / Jean Vilar - Mise en scène)
Éclairage
Antigone est, avec Œdipe-roi, la tragédie de Sophocle la plus célèbre et la plus fréquemment mise en scène. Au succès de cette pièce - qui avait valu à Sophocle l'élection au titre suprême de stratège l'année suivant la représentation du spectacle - contribue l'apparente simplicité de son organisation, qui oppose la piété révoltée de l'héroïne à la logique de pouvoir du roi. Lieu du dialogue, apparu en même temps que les institutions démocratiques à Athènes, la tragédie donne à entendre à travers les discours d'Antigone et de Créon des arguments aussi recevables que discutables ; et l'une des beautés de la pièce est justement cette indécidabilité, cet équilibre des légitimités, qui pour autant n'empêche pas la balance de l'action de pencher en faveur du détenteur de l'autorité.
Lorsqu'il met en scène Antigone au Festival d'Avignon en 1960, Jean Vilar s'intéresse à la portée politique de la pièce, que le contexte de la guerre d'Algérie rend particulièrement brûlante. Si Antigone lui apparaît comme un symbole de résistance, il ne récuse pas pour autant le pragmatisme politique d'un Créon. Le véritable pivot de sa mise en scène est le chœur, voix de la sagesse et de la modération, dont la parole est rendue plus solennelle encore par les formes liturgiques de la procession et de la psalmodie. Le rôle du coryphée est tenu par Jean Vilar lui-même, qui souligne ainsi la fonction centrale de cet arbitre. Par le biais d'un spectacle se présentant comme un cérémonial laïque, Jean Vilar appelle ses concitoyens à la mesure et à la clairvoyance.