Les Caprices de Marianne de Musset
Notice
Reportage sur Les Caprices de Marianne mis en scène par Bernard Murat, avec André Dussolier, Philippine Leroy-Beaulieu et François Chaumette. Interview d'André Dussolier et extraits de la pièce.
Éclairage
A l'origine, la pièce est restée près de 20 ans en sommeil avant de trouver la scène. Musset l'avait fait paraître en 1833 dans La Revue des Deux Mondes mais elle ne sera créée qu'en 1851 à la Comédie-Française, dans une version modifiée (la censure étant passée par là et Musset, après l'échec de La Nuit vénitienne, ayant un temps tourné le dos au théâtre). La pièce comporte 2 actes et porte en sous-titre l'étiquette d'une comédie, mais il faut plutôt y voir une forme exemplaire du drame romantique. La fable tient en quelques mots : à Naples, Cœlio rêve de conquérir le cœur de Marianne, mais cette dernière est mariée à Claudio qui, soupçonnant sa femme d'un amour coupable, poste des spadassins à l'entrée de chez lui. Cœlio assigne à son cousin Octave, dont les mœurs sont plutôt légères, le rôle du messager pour approcher Marianne, mais celle-ci tombe amoureuse d'Octave... Cœlio meurt dans le guet-apens tendu par Claudio en pensant que son ami l'a trahi. Octave, brisé par ce coup du sort, abandonne sa vie de libertin et repousse Marianne.
Le développement du sujet éloigne la pièce, on le voit, du registre comique, mais il y a pourtant de véritables scènes burlesques dans Les Caprices (dans le rapport entre maître et valet) et une critique acerbe des carcans sociaux. Ce mélange de ton et de registre et la façon dont Musset transporte son intrigue de lieu en lieu en jouant sur des effets de discontinuité sont tout à fait caractéristiques du drame tel que le défendent les littérateurs du Cénacle sous l'égide de Victor Hugo, et rappellent les constructions shakespeariennes, l'éloquence et les structures en miroir de Marivaux.
Tous les grands metteurs en scène se sont attelés à cette pièce : Copeau (1918), Baty (1935), Vilar (1958), Vitaly (1967), Vincent (1991), Maréchal (2008)... La mise en scène de Bernard Murat, présentée dans ce document, laisse apparaître, à travers André Dussolier, toute la complexité de la dramaturgie de Musset et son goût pour la construction duale du personnage, tiraillé entre libertinage et idéalisme, en proie au « mal du siècle » et voué à un destin tragique.