La Falaise des fous à Chalain

05 septembre 1980
03m 57s
Réf. 00624

Notice

Résumé :

Quelques moments de la mémorable rencontre de saltimbanques organisée par Michel Crespin à Chalain (Jura). Interrogé, Michel Crespin parle de la nouvelle génération d'artistes de rue qui a introduit humour et distance dans les pratiques traditionnelles et souligne l'importance de le rencontre.

Date de diffusion :
05 septembre 1980
Source :
Artistes et personnalités :

Éclairage

La réjouissance que Michel Crespin organisa les 6 et 7 septembre 1980 au bord du lac de Chalain, ville jurassienne où il avait été enseignant et conseiller municipal, est restée dans les mémoires comme une sorte de Woodstock et un manifeste artistique. Trente-six heures de spectacles, au moins deux ou trois cents artistes, sept mille spectateurs, "Les Saltimbanks réunis" témoignent de toutes les pratiques du moment, mime, jonglage, cinéma ambulant, installations éphémères, théâtre et chanson de rue...

Ils mêlent les figures déjà connues, tels le funambule Michel Brachet dit "le diable blanc", Xavier Juillot et ses proliférations aériennes, Jules Cordière et Le Palais des Merveilles (voir ce document) ou Le Théâtre de l'Unité de Jacques Livchine et Hervée de Lafond (voir ce document), et ceux qui formeront la seconde génération des arts de la rue, comme ilotopie (voir ce document) qui met en scène un simulacre d'accident et colore le lac en vert fluo.

Parmi les spectateurs, Jean Digne, Philippe Thiry, qui dirige l'ONDA, Bernard Faivre d'Arcier, nouveau directeur du Festival d'Avignon et Fabien Jannelle qui vient d'être nommé à la tête du Centre d'action culturelle de Marne-la-Vallée (future Ferme du Buisson). Ces responsables institutionnels contribueront à la reconnaissance des arts de la rue. On peut ainsi considérer la Falaise des fous comme le point d'étape entre le temps "cogne-trottoir" de la décennie 70 et celui de l'épanouissement, au cours des années 80.

Voir aussi

- Le palais des Merveilles sur Ina.fr

- Aix, ville ouverte aux saltimbanques

- Deux documents sur le Puits aux images sur Ina.fr : à Villeurbanne et en Seine-Maritime

- Le Théâtre à Bretelles sur Ina.fr

- Duval et Machon sur Ina.fr

Documentation

- Nicolas Roméas, "Enfance d'un itinéraire de la rue", Le Théâtre de rue, 10 ans d'Éclat à Aurillac, Éditions Plume, SNAB, 1995, pp. 9-21.

Sylvie Clidière

Transcription

Comédien 1
Clap, aieuh ! Ça fait toujours rire.
(Musique)
Journaliste
Qu’est-ce que c’est qu’un saltimbanque en 1981 ?
Michel Crespin
Ah, un saltimbanque en 1981.
Comédien 1
Notre travail, c’est de prouver au public qu’on est capable de faire rire aussi bien les adultes que les enfants. Le monsieur qui a une barbe, se marre. Le problème, c’est qu’il me connaît déjà.
Michel Crespin
C’est une nouvelle génération depuis 10 – 15 ans, de gens qui ont introduit, je crois, l’humour et la distance dans leur numéro. La vielle image d’Epinal des forains de trottoir, même si elle reste pour eux fondamentale, je crois qu’ils ont introduit depuis, l’humour et la distance.
Comédien 1
Une question pertinente dans le public, je l’entends là, elle vient.
Journaliste
Une dernière question piège, celle-là. Qu’est-ce que c’est la fête ?
Comédien 1
Ah ben, vous faites bien de poser la question, vous, avec la tête que vous avez.
Michel Crespin
Tu vois, c’est difficile à répondre. On en propose une, peut-être que ça ne sera peut-être pas encore la fête idéale, mais qu’au moins, on aura mis toute notre expérience de ces 200 à 250 artistes. Chacun aura mis toute son expérience pour faire vivre à un public, avoir une relation avec ce public, pour que le public vive, batte avec les numéros qui seront présentés ; mais en même temps, puisse lier des liens entre eux. Qu’à la limite, il y a un certain nombre d’évènements que l’on provoquera ; et qui imposera au public d’être manipulé et de se manipuler tout seul, mais pas d’une façon coercitive, mais d’une façon agréable.
Intervenant 2
Un saltimbanque, c’est des types qui devraient gouverner pour rendre les gens heureux, joyeux, dynamiques, cette espèce de paradis de vie comme la vie est belle.
(Musique)
Journaliste
Ça fait combien de temps que vous êtes forain ?
Intervenant 3
Une vingtaine d’années, moi, de père en fils, mais quand je tiens des petits camions, ça fait une vingtaine d’années.
Michel Crespin
Leur vie, il la passent dans des camions. Les camions, c’était important pour eux, c’est leur vie. Dès qu’il y en a un qui casse, ça devient une catastrophe. Quand il croise sur la route quelqu'un, il s’arrête. Mais bon, il s’arrêtent, il se causent, il se parlent des histoires. Là, ben, on a provoqué la rencontre en une seule fois de tout le monde, chose qui se produit très rarement. C’est dans leur nature de se retrouver, d’avoir envie de se retrouver.
Inconnue
Pourquoi êtes-vous venu à Chalain pour le week-end ?
Comédien 1
Ah voilà une bonne question, Madame.
Inconnue
Merci !
Comédien 1
Il n’y en a pas une autre ?
Journaliste
Alors pourquoi êtes-vous venu à Chalain ?
Intervenant 3
Parce qu’on m’a dit de venir.
(Musique)