Aurélie Dupont interprète Kylian au Palais Garnier

08 avril 2001
02m 21s
Réf. 00708

Notice

Résumé :

A l'occasion de l'entrée au répertoire du Ballet de l'Opéra de Paris de deux ballets de Jiri Kylian le même soir - Stepping stones et Bella Figura - l'étoile Aurélie Dupont est vue dans des extraits de ces ouvrages, dont l'admirable duo de Bella Figura dansé seins nus avec Muriel Zusperreguy. Un duo de Stepping stones est dansé par Delphine Moussin et Guillaume Charlot.

Date de diffusion :
08 avril 2001
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Thèmes :

Éclairage

En mars 2001 le Palais Garnier consacre son nouveau programme de ballet à trois œuvres de Jiri Kylian : la reprise de Doux mensonges créé pour les danseurs de l'Opéra en 1999, et l'entrée au répertoire de Stepping stones et de Bella Figura.

Stepping stones dont on voit un duo avec Delphine Moussin et Guillaume Charlot ainsi qu'une scène avec Aurélie Dupont passant devant d'énormes chats égyptiens, idoles en or de tailles différentes, appartient aux œuvres « Aborigènes » de Jiri Kylian. Déjà à l'âge de vingt ans, lorsqu'il étudie la danse à Londres, il est captivé par un film sur les tribus primitives d'Australie. Au cours d'un voyage à Groote Eylandt au début des années 1980, il découvre des danses qui remontent aux origines de l'homme et qui le marquent par l'énergie et la concentration des danseurs aborigènes.

Dans un autre ballet à ne pas confondre, Stamping Ground, Kylian s'inspire de ces danses pour inventer un vocabulaire primitif avec martellement des pieds ("stamping ground") et des mouvements dictés « par l'instinct animal qui réside en nous et chez chaque danseur ».

Stepping stones créé en 1991 par le Ballet de Stuttgart où Jiri Kylian fit ses débuts de danseur en 1986 et de chorégraphe deux ans plus tard, est un hommage « à la tradition de cette compagnie et à son héritage. Il ne concerne que le langage de la danse classique. Nous portons tous avec nous un bagage culturel qui peut nous servir de tremplin pour passer de « ce qui était » à « ce qui sera ». Stepping stones désigne ces pierres de jardin, dits « pas japonais » que l'on pose dans le gazon pour l'enjamber sans l'abîmer, ou pour servir de passage d'un point à l'autre.

Bella Figura est d'une toute autre eau. Son titre provient d'une expression italienne qui signifie « faire bonne figure en toute circonstance ». Une règle d'or imposée à tous les artistes, quelle que soit leur forme physique ou morale.

En entrant dans la salle, le spectateur découvre des danseurs qui s'échauffent en silence sur une scène nue. Un grand rideau noir descend. Des rideaux latéraux s'écartent ou se rapprochent au cours de l'action, pour cadrer certaines séquences ou détacher des danseurs, comme un zoom. Le ballet, construit sur des musiques baroques encadrées par le Stabat Mater de Pergolèse, propose aussi des musiques de Lukas Foss. Notamment dans le duo vu ici, qui réunit Muriel Zusperreguy et Aurélie Dupont, seins nus, les pieds entravés dans les immenses jupes rouges qu'elle viennent de laisser choir. Vision onirique de deux femmes qui ondulent en souplesse sur place, lentement, comme des anémones de mer, essayant l'une l'autre de se toucher et de s'éviter, danse qui traduit la vulnérabilité de la femme, même si la sensualité est à fleur de peau.

Dans Bella Figura, une tierce personne vient s'insérer dans chaque duo, pour en former un autre, ou un ménage à trois. « Dans toutes mes chorégraphies, le duo est un affrontement » assure Jiri Kylian. « Dans toute mon œuvre j'attache une grande importance à la confrontation entre l'homme et la femme. C'est pour cela qu'on y trouve peu de solo. Il y a toujours un dialogue, une relation secrète entre deux êtres »

Une autre séquence de ce reportage montre tous les solistes, hommes et femmes, torse nu et longue robe rouge, car pour Kylian dans chaque homme il y a aussi une femme, et vice versa. Bella Figura, ballet de chair et de pourpre, parle de la douleur, de la consolation et de la protection des créatures fragiles.

Conçu pour les danseurs du NDT 1 en 1995, Bella Figura trouve à l'Opéra de Paris des interprètes d'une formation et d'une sensibilité différentes.

« La même chorégraphie, les mêmes pas, peuvent prendre un autre sens, ni mieux ni plus mal, en fonction de l'expérience et de la personnalité des danseurs. C'est très intéressant de voir le même ballet par des interprètes différents » conclut Kylian philosophe.

René Sirvin

Transcription

(Musique)
Journaliste
Stepping stones, voilà donc les petits cailloux qu’on laisse derrière soi en hommage à notre passé.
(Musique)
Journaliste
Aurélie danse avec les objets, autant de miniatures aux yeux de chat qui regardent l’évolution de l’homo sapiens sapiens. La danse pour héritage, Jiri Kylian s’est choisi une héroïne pour ses fictions séculaires.
(Musique)
Journaliste
Et puis voilà BellaFigura. La belle figure a le corps d’Aurélie.
(Musique)
Journaliste
C’est comme un rêve. Quand s’introduit-il dans nos vies, quand la vie devient-elle rêve. Les images se succèdent, le rouge éclate, le raffinement des corselets, le noir des collants, tout s’évapore, se confond avec le décor, une réalité scénique qui nous échappe.
(Musique)
Journaliste
Vivaldi, Pergolèse, Marcello, bercent une rêverie bien réelle et Aurélie s’évanouit dans une peinture du XVIIe.
(Musique)
Journaliste
Comme dans un flash, la voilà en Gabrielle d’Estrées.
(Musique)
Journaliste
L’école de Fontainebleau. Au final on se prend à rêver, pincera-t-elle le sein de sa cousine ?
(Musique)