Les Noces de Figaro de Mozart mis en scène par Giorgio Strehler

14 juillet 1980
03m 35s
Réf. 01019

Notice

Résumé :

Extrait de la captation des Noces de Figaro mises en scène par Giorgio Strehler, réalisée en 1980 lors de la dernière reprise du spectacle sous le mandat de son initiateur Rolf Liebermann. La scène et duetto du IIIe acte permet de retrouver deux interprètes des premières représentations de 1973, Gundula Janowitz en Comtesse, et Lucia Popp en Suzanne, sous la direction de Sir Georg Solti.

Date de diffusion :
14 juillet 1980
Source :

Éclairage

Spectacle inaugural et emblématique des années Liebermann à l'Opéra de Paris, Les Noces de Figaro mises en scène par Giorgio Strehler sont créées au Théâtre Gabriel de Versailles le 30 mars 1973, puis au Palais Garnier dès le 7 avril suivant, inaugurant une longue série de reprises, y compris à l'Opéra-Bastille à partir de 1990.

Rolf Liebermann, frappé par le fait qu'avant son mandat, Les Noces de Figaro étaient jouées en français à l'Opéra-Comique dans une production ancienne, marque un grand coup avec son spectacle inaugural : ce sont les plus belles voix mozartiennes du temps qu'il propose au public parisien, sous la direction d'un des chefs les plus brillants qui soient pour ce répertoire, et dans une mise en scène d'une infinie subtilité signée de Giorgio Strehler, profitant des décors tout aussi raffinés signés Ezio Frigerio.

La production, d'une élégance et d'une esthétique remarquables, est aussi d'une vivacité théâtrale confondante pour l'époque, en particulier par un jeu d'acteur d'une finesse psychologique absolue. Strehler n'écrit-il pas : « C'est un théâtre de la complexité, d'une densité extraordinaire... Il y a une sensualité dans la musique, une vérité des sentiments qui doivent s'exprimer par des gestes, des actes ».

Les interprètes de la première série sont Gundula Janowitz, alternant en Comtesse avec Margaret Price, Mirella Freni en Suzanne, Gabriel Bacquier en Comte, José van Dam en Figaro, Frederica von Stade alternant avec Teresa Berganza en Cherubin, Jane Berbié, Kurt Moll, Michel Sénéchal... 55 représentations (en plus des 2 de Versailles ) installeront la production dans la durée pour une qualité de reprise assez constante. C'est cette production que Rolf Liebermann reprogramme une dernière fois pour ses adieux, en juillet 1980, avec la distribution initiale, à l'exception de la seule Lucia Popp qui n'avait chanté Suzanne qu'à partir de la deuxième série. Georg Solti revient spécialement diriger ces trois dernières représentations, dont la dernière est filmée le 14 juillet.

Le spectacle devait ensuite connaître des reprises plus ou moins heureuses, et en passant à la Bastille, subir des changements d'échelle des décors et des affadissements tels que Giorgio Strehler demanda à ce que son nom ne figure plus sur les affiches. Hugues Gall à son arrivée fait reprendre la production par son créateur, qui meurt en 1997. Gérard Mortier la fait sortir du répertoire au profit d'une nouvelle production signée Christoph Marthaler, beaucoup moins consensuelle. Mais Nicolas Joël profite du fait que la production identique réalisée pour La Scala de Milan par Strehler a été conservée pour la remettre au répertoire de l'Opéra de Paris en 2010, posant ainsi à nouveau l'éternel problème de la survie dans le temps des productions théâtrales lorsque leur réalisateur n'est plus présent pour en assurer la continuité et l'évolution nécessaires.

Giorgio Strehler (1921-1997) met sa première pièce en scène en 1941, et fonde avec Paolo Grassi le Piccolo Teatro de Milan en 1947, qu'ils dirigent jusqu'en 1967. Strehler en est seul directeur de 1972 à 1997. Il s'y consacre aux classiques (Shakespeare, Goldoni...) comme aux modernes (Brecht, Pirandello, Llorca...). Certaines de ses productions les plus fêtées (Arlecchino, serviteur de deux maîtres, La Trilogie de la villégiature, La Tempête, La Cerisaie...) sont présentées en tournée partout dans le monde, et en particulier au Théâtre de l'Odéon. Si les premières productions d'opéra de Strehler datent de 1947, c'est à la Scala de Milan qu'il en offre le plus grand nombre dès la fin des années cinquante. À partir de 1965, même si leur nombre est peu élevé, chacune de ses propositions au Festival de Salzbourg (L'enlèvement au Sérail, que Paris applaudira en 1984), à Paris (Les Noces de Figaro), comme à Milan (Simon Boccanegra, Macbeth, Falstaff de Verdi, Lohengrin de Wagner, Don Giovanni de Mozart) est considérée par le public et la critique comme une référence, et place son auteur au niveau des plus grands metteurs en scène lyriques de l'époque. Strehler est régulièrement invité à produire des opéras, à la Scala de Milan comme au Festival de Salzbourg, et sa production des Noces de Figaro qui inaugure l'ère Liebermann à Paris est restée comme une pierre blanche de l'histoire du théâtre lyrique depuis 1973. Véritable institution du théâtre européen (il est directeur de l'Odéon en 1983, il fonde l'Union des Théâtres de l'Europe en 1990), engagé politiquement (il est député européen, sénateur), il meurt en 1997 alors qu'il finalise une mise en scène de Cosi fan tutte à Milan.

Pierre Flinois

Transcription

(Musique)
(Bruit)