Une équipe de foot à Thil
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Résumé
Ils sont jeunes, sont livreur, ouvrier, étudiant, peintre en bâtiment, menuisier, serrurier, mécanicien... et font tous partie de l'équipe de football de Thil, en Meurthe-et-Moselle.
Date de publication du document :
Février 2022
Date de diffusion :
25 janv. 1967
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Contexte historique
ParJournaliste, Docteur en Histoire
A Thil, en 1967, l’une des rares distractions pour les jeunes de cette petite cité minière lorraine qui compte à peine plus de 2 000 habitants, se pratique ballon au pied : deux fois par semaine pour les entraînements et le dimanche, jour de match. Mais tous n’ont pas la même approche du football, d’autant que la grande majorité est issue d’une famille ouvrière – souvent nombreuse – et que la plupart a ainsi quitté très tôt les bancs de l’école.
L’équipe junior de la Jeunesse Sportive Thiloise (JS Thil) ne compte ainsi dans ses rangs, lors de cette saison 1966-1967, qu’un seul étudiant. Presque tous les autres joueurs – surnommés les Gaillots –, âgés entre 14 ans et demi et 18 ans, exercent déjà une profession. Ils sont livreur, menuisier-ébéniste, serrurier, mécanicien, peintre en bâtiment, fleuriste, ouvrier ou encore pâtissier.
Certains travaillent à l’usine qui constitue alors un véritable vivier d’emplois dans ce secteur du Pays Haut et ce, jusqu’au début des années 1980 et l’arrêt progressif des activités minières et métallurgiques.
Pour beaucoup de ces jeunes garçons, le passage entre l’enfance et le monde des adultes s’est effectué sans aucune transition. Et c’est grâce au foot que la plupart explique – sans le verbaliser totalement – pouvoir goûter à l’insouciance de cette adolescence volée. Tout est ensuite une question d’emploi du temps puisque les horaires de l’usine ne permettent pas toujours aux intéressés de se rendre aux entraînements.
Au club, les dirigeants se veulent compréhensifs d’autant qu’ils savent combien est important le rôle social joué par le football auprès de ces jeunes. Ces derniers y sont d’ailleurs sensibles : Il vaut bien mieux être sur un terrain que d’être au bistrot
, expliquera ainsi dans la suite du reportage l’un de ces jeunes adultes à peine sortie de l’adolescence et qui avait envisagé, un temps, d’abandonner le ballon rond.
Un moyen de s’évader aussi, alors qu’une grande partie de cette jeunesse des cités ouvrières et minières de l’Est de la France – où il n’y a rien à faire
– rêve de soleil et d’une Côte d’Azur un brin fantasmée. Un besoin de modernité, d’avenir et de changement qui préfigure les bouleversements à venir dans la foulée des événements de mai 1968. Je ne tiens pas à rester à Thil, c’est mort, je m’ennuie
. Le message est clair. Pour autant, tous, par fatalisme ou par habitude, n’expriment pas ces envies d’ailleurs.
Une ambivalence qui se manifeste également dans leur approche du football. Certains évoquent ainsi, généralement du bout des lèvres, la possibilité de trouver une meilleure situation
grâce au ballon rond. Sans parler pour autant de professionnalisme, jugé à l’époque bien trop aléatoire. Brièvement aperçu dans ce documentaire lors d’un entraînement, le jeune Pascal Raspollini, alors âgé de 12 ans, y parviendra pourtant sous le maillot du FC Metz, de Besançon, de Rouen et de Cuiseaux-Louhans entre 1976 et 1985.
Mais la plupart se bornent à pratiquer le football pour ce qu’il est à la base : un loisir. Le foot, c’est très sérieux, c’est ma seule distraction, mais je ne veux pas devenir pro
, explique ainsi l’un des piliers de l’équipe junior de la JS Thil. Le foot, ce n’est pas un travail... Moi, je veux travailler vraiment
. A Thil...
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
(Bruit)
Journaliste
Monsieur Galeazzi, je peux les avoir une seconde ?
Monsieur Galeazzi
Mais, oui, je vous en prie.
(Bruit)
Journaliste
Bon, alors, on va commencer par la gauche.
(Bruit)
Journaliste
Qu’est-ce que vous faites, vous, dans la vie ?
Footballeur 1
Je travaille, je mange et je dors.Je fais un peu de sport.
Journaliste
Quel âge vous avez ?
Footballeur 1
18 ans.
Journaliste
18 ans.Et qu’est-ce que vous faites ?
Footballeur 1
Ben, livreur.
Journaliste
Livreur.Et votre voisin, quel âge ?
Footballeur 2
La même chose, 17 ans et demi.
Journaliste
Et qu’est-ce que vous faites ?
Footballeur 2
Livreur.
Footballeur 3
18 ans, livreur.
Footballeur 4
17 ans, peintre.
Footballeur 5
17 ans, menuisier ébéniste.
Footballeur 6
14 ans et dem.. 14 ans et demi, serrurier.
Footballeur 7
18 ans, étudiant.
Journaliste
Et toi ?
Footballeur 8
18 ans, mécanicien peintre.
Footballeur 9
18 ans, sans profession.
Footballeur 10
17 ans, peintre en bâtiment.
Footballeur 11
15 ans, fleuriste.
Footballeur 12
16 ans, jeune ouvrier.
Footballeur 13
15 ans, pâtissier.
Journaliste
Vous travaillez tous pratiquement, sauf lui, là.Enfin, toi, pas encore et lui pas encore tout à fait, non plus.Je veux dire, en dehors de ces deux-là donc, vous avez tous commencé à avoir un métier.Plutôt que d’avoir un métier, est-ce que vous préféreriez, je ne sais pas, aller à l’école ou étudier ou…appelez ça comme vous voudrez ?
Footballeur 3
Ben, moi, je travaille et puis ça me plait, quoi.
Footballeur 1
Moi, j’aurais voulu un métier rentable, moi.Pas être livreur ou porter des caisses, ça, c’est pas un métier, ça.
Journaliste
Ça peut venir encore, non ?
Footballeur 1
Non, je crois pas.
Footballeur 2
A ton compte, à ton compte.
Journaliste
Ecoute, tu n’as que 18 ans quand même, alors ?
Footballeur 1
Espérons, mais je crois pas, hein, je pense pas.
Journaliste
Et toi ?
Footballeur 2
Moi, c’est la même chose, hein.
Footballeur 4
La même chose.
Footballeur 5
Non, je vais m'emmerder, ... j'ai mon métier, je le garde, il est bien.
Footballeur 6
Moi aussi.
Footballeur 7
Moi, je vais à l’école.
Footballeur 8
Moi, j'ai fini mon apprentissage.
Footballeur 9
Moi, je préfère l’école.
Footballeur 10
Enfin, moi, je préférais l’école.
Journaliste
Tu dis que tu préférais l’école, mais tu m’as pas expliqué tout à l’heure que tu étais en train de la quitter l’école, justement ?
Footballeur 9
Oui, je l’ai quittée, c’est parce que…à cause de…, c’est trop cher et nous sommes une famille nombreuse, alors…
Journaliste
Ça s’est pas arrangé, quoi.Est-ce que tu espères… ?
Footballeur 9
Oui, j’espère.J’espère que je vais trouver un métier tout de suite.
Journaliste
Et tu espères pouvoir reprendre l’école plus tard ?
Footballeur 9
Si je peux, oui.
(Bruit)
Journaliste
Monsieur Galeazzi, Monsieur Galeazzi, venez voir une minute, là.
(Bruit)
Journaliste
Vous êtes content de vos jeunes ?
Monsieur Galeazzi
Ah, oui, beaucoup.
Journaliste
Oui... Oui, ils travaillent bien, ils sont sérieux ?
Monsieur Galeazzi
Oh, oui, ils font ce qu’ils peuvent, quoi.Ils font le maximum, moi, je trouve.Peuvent pas faire mieux.
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