Manifestation des écologistes luxembourgeois contre la centrale de Cattenom
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Résumé
Les écologistes luxembourgeois, avec les deux principaux partis et les syndicats du pays, manifestent à Dudelange contre une future mise en service de la centrale nucléaire de Cattenom en Moselle, à 8 km de la frontière. Théo Faber, président du mouvement écologiste luxembourgeois, déclare que c'est un affront de la France : le Luxembourg refuse l'implantation du nucléaire sur son territoire.
Date de publication du document :
Février 2022
Date de diffusion :
17 mai 1986
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Contexte historique
ParMaître de conférences en Sciences de l’information et de la communication, Université catholique de l’Ouest, Centre de recherche Humanités et Sociétés, Crem, Université de Lorraine
Suite à la catastrophe nucléaire de Tchernobyl du 26 avril 1986, la contestation antinucléaire se durcit autour de l’imminente mise en service de la centrale de Cattenom dans l’Est de la France. En effet, le premier réacteur de la centrale française doit démarrer son activité à la fin de cette même année. Implantée le long de la Moselle pour faciliter son refroidissement, cette centrale atomique est voisine des pays frontaliers qui bordent la rivière. Ceci explique pourquoi il est question d’une manifestation antinucléaire au Luxembourg contre la centrale française. Une partie de la population luxembourgeoise s’estime particulièrement exposée. Le rejet de matières radioactives dans la Moselle constitue l’un des risques principaux. Le chantier en lui-même inquiète aussi les populations voisines, puisque Cattenom est l’une des centrales les plus puissantes de France avec ses quatre réacteurs de 1 300 mégawatts chacun. Pourtant, c’est son implantation transfrontalière regroupant la France, le Luxembourg, l’Allemagne et la Belgique qui la distingue des autres centrales françaises.
Comme le montre le reportage, la contestation antinucléaire émerge de l’autre côté de la frontière, et plus particulièrement au Luxembourg. Bien qu’elle soit implantée en France, Cattenom est plus proche de Luxembourg-ville (35 km) que de Metz, préfecture de la Moselle (40 km). Cette particularité géographique est à l’origine d’une série d’échanges internationaux entre la France et le Luxembourg dans laquelle s’inscrit la manifestation du 17 mai 1986. Dès l’année 1972, le Plan régional de développement économique de la Région Lorraine évoque la construction d’une centrale nucléaire dans le « Pays Haut », sans en préciser la localisation exacte. Dans un article du Républicain Lorrain paru le 17 novembre de la même année, le ministre de l’Économie du Luxembourg affirme qu’il n’y aura pas de centrale atomique en Lorraine Nord
. Le Luxembourg dévoile alors son projet de construction d’une centrale de son côté de la frontière, sur la commune de Remerschen, à quelques kilomètres au Nord de Schengen. La suite de l’histoire conduira à l’abandon du projet luxembourgeois, doublé par celui (plus ambitieux) de centrale française. Néanmoins, cet épisode est fondamental pour comprendre la relation entre la France et le Luxembourg autour de la centrale de Cattenom. À défaut de construire sa propre centrale nucléaire, le Grand-Duché engage de nombreuses actions pour obtenir des garanties vis-à-vis du projet français. On compte notamment parmi elles la négociation de normes environnementales drastiques et l’adoption d’un plan de sécurité international strict. Des députés luxembourgeois s’allient avec le Land de Sarre pour porter leurs revendications sanitaires et environnementales au niveau européen dans le but de leur donner plus de poids.
Le commentaire du reportage qui mentionne des normes de sécurité
et un mode de construction plus sérieux qu’en URSS
fait référence aux négociations triangulaires entre la France, l’Allemagne et le Luxembourg, visant à imposer des seuils de rejets radioactifs très faibles dans l’environnement. Le choc de la catastrophe de Tchernobyl durcit la position du Luxembourg. Le reportage présente le pays comme étant antinucléaire, alors qu’il a porté son propre projet de centrale nucléaire avant d’être partie prenante dans les négociations sur la centrale française. Selon les Verts luxembourgeois, sa construction représente un affront de la France, alors que le Grand-Duché de Luxembourg participe aux négociations internationales visant à réduire les effluents radioactifs de la centrale dans le but de pouvoir s’approvisionner en électricité.
Le Luxembourg occupe donc une place particulièrement stratégique pour Cattenom. En refusant de construire une centrale nucléaire sur son territoire, il envoie un signal clair aux militants antinucléaires. Sur la scène européenne, le Grand-Duché participe aux négociations pour contraindre au maximum son voisin français, sans toutefois remettre en cause le principe de Cattenom. Cette manifestation s’intègre dans une série d’actions antinucléaires à l’initiative de collectifs écologistes allemands, luxembourgeois et français. Elle vise à faire monter la contestation autour de la centrale de Cattenom. Quelques mois plus tard, le 10 octobre 1986, neuf militants anti-nucléaires franco-allemands de l’ONG « Robin des bois » s’introduiront dans le chantier de la centrale et déploieront une banderole après avoir escaladé une tour de refroidissement.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Alain Pelletier
Mais le syndrome de Tchernobyl n’en est pas pour autant terminé, notamment chez nos voisins luxembourgeois qui se sont mobilisés aujourd’hui contre le nucléaireet plus précisément contre la centrale de Cattenom.
Catherine Bomeisl
Une manifestation organisée à Dudelange à l’appel des deux principaux partis luxembourgeois, des écologistes, de plusieurs communes dont la capitale du Grand-Duché.La population luxembourgeoise s’estime particulièrement menacée par les effluents radioactifs de la centrale de Cattenom comme par un éventuel accident dans un des réacteurs.À quelques mois à peine du démarrage de la première tranche, les manifestants ont tout simplement réclamé que la France renonce à mettre en service la centrale de Cattenom.
(Bruit)
Patrick Germain
Depuis l’accident de Tchernobyl, on regarde les refroidisseurs géants de la centrale nucléaire de Cattenom avec des yeux plus inquiets, plus interrogateurs,même si l’on sait que les normes de sécurité, que le mode de construction, que l’architecture, sont radicalement différents, sont heureusement plus sérieux qu’en URSS.Il n’empêche que Cattenom, une fois terminée, détienne le record européen de la puissance nucléaire avec ses quatre tranches de 1 300 mégawatts chacune, rassure d’autant moins.Un accident aurait des conséquences d’autant plus dramatiques, des conséquences proportionnelles à cette démesure,affirment les antinucléaires luxembourgeois qui s’accommodent très mal de la présence d’un risque potentiel aussi près de chez eux,la centrale étant seulement distante de 8 kilomètres de la frontière.Pour un pays qui refuse l’implantation du nucléaire sur son propre territoire, c’est difficilement concevable.D’autant plus que la grande leçon de Tchernobyl aura été de constater qu’en cas d’accident, les nuages radioactifs ne respectaient même pas les barrières douanièreset survolaient illégalement et irrespectueusement les pays étrangers.D’où le consensus national luxembourgeois contre la mise en marche de Cattenom.
(Bruit)
Théo Faber
Le Grand-Duché de Luxembourg a décidé il y a quelques ans de ne pas construire de centrale nucléaire sur son territoire.Et c’est pratiquement un affront que lui fait la France de construire une centrale maintenant à 8 kilomètres de ses frontièresalors qu’il y a un consensus national au niveau du Grand-Duché de Luxembourg de ne pas accepter cette centrale.Nous demandons l'arrêt pur et simple des travaux à Cattenom et nous ne sommes pas d’accord de discuter là-dessus.Je crois que le fait qu’il y a tellement de gens aujourd’hui, que tous les syndicats ont appelé leurs adhérents à venir à cette manifestation,que les deux partis majoritaires de la coalition ont également soutenu cette manifestation et les revendications essentielles prouvent qu’il y a, je crois, un consensus sur cette question de notre pays.
Patrick Germain
Décidés à intensifier leur pression, les écologistes lancent une série de manifestations, la prochaine à l’appel des mouvements écologiques allemands, luxembourgeois et français, se déroulera non plus au Luxembourg mais de ce côté-ci de la frontière, au pied même de la centrale nucléaire de Cattenom.
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