# 3.1. Communautés immigrées (Italiens, Polonais, Slovènes, Portugais)
Les communes du Pays Haut et du nord de la Moselle, terres industrielles longtemps dominées par les activités sidérurgiques et minières, ont attiré tout au long du XXe siècle d’importantes populations étrangères. Celles-ci, venues en différentes vagues (Belle Époque, Entre-deux-guerres, Trente glorieuses…) renvoyant à différentes communautés ethniques (Italiens, Polonais, Portugais, Maghrébins…), ont formé une part parfois majoritaire de la main d’œuvre dans certaines usines et mines. Les immigrés ont fait souche dans cet espace frontalier, y apportant leurs spécificités culturelles (langue, religions, coutumes…) qui colorent la vie locale et font des bords de l’Alzette un territoire mosaïque.
Principale communauté étrangère, les Italiens arrivèrent dès la fin du XIXe siècle en provenance d’Italie du Nord, recrutés par les organisations patronales et les agents consulaires à la recherche de main d’œuvre pour les mines et forges de Lorraine. A ces premiers migrants s’ajoutèrent dans l’entre-deux-guerres les réfugiés antifascistes. De nouveaux travailleurs italiens s’installèrent après 1945 et jusqu’au début des années 1960 (en provenance cette fois du sud de l’Italie), avant que le « miracle économique » transalpin n’assèche ce flux migratoire. Embauchés dans les mines et la sidérurgie, les Italiens étaient également nombreux dans les petits commerces et la construction. Perçus comme trop révolutionnaires (ils étaient associés aux terroristes anarchistes) ou trop cléricaux (leur ferveur catholique choquait dans un pays laïc où le prolétariat français s’était précocement déchristianisé), rejetés comme concurrents sur le marché du travail, ils souffrirent longtemps d’un racisme parfois virulent. Leur intégration s’améliora fortement après la Seconde Guerre mondiale comme l’indique l’élection de nombreux maires aux noms italiens dans les communes du Pays Haut à partir des années 1960. De nos jours encore, la présence italienne est très forte à Villerupt, Audun-le-Tiche et Longwy où parties de scopa et fêtes de la Bafana perpétuent une ambiance de « petites Italies »…
Date de la vidéo: 28 oct. 1994
Durée de la vidéo: 02" minutes 30 secondes02M 30S
Aldo Calzettoni, coiffeur à Villerupt
Alors que le 17e festival du cinéma italien s'ouvre à Villerupt, rencontre avec Aldo Calzettoni dans son salon de coiffure, haut lieu de rencontre de la communauté italienne de la ville depuis plus de 50 ans.
Date de la vidéo: 02 mai 2018
Durée de la vidéo: 04" minutes 45 secondes04M 45S
L'immigration italienne au pays du fer
Avec l'essor industriel de la fin du XIXe siècle et son énorme besoin de main d'oeuvre, de nombreux Italiens sont venus travailler en Lorraine dans les mines de fer et dans l'industrie sidérurgique. Piero Galloro et Pascal Raggi, maîtres de conférence à l'Université de Lorraine, ainsi que des descendants de mineurs Italiens, reviennent sur cette histoire importante pour la Lorraine.
Dès la deuxième moitié des années 1950 et le début des années 1960, le ralentissement de l’immigration italienne et l’accentuation de la croissance des Trente Glorieuses, favorisèrent l’arrivée des Maghrébins en Lorraine. Les premières installations dataient de la fin des années 1930 dans les usines sidérurgiques lorraines mais le flux se massifia à partir des années 1950 et perdura après la crise grâce au regroupement familial (fin des années 1970) qui diversifia le profil de cette communauté jusque-là majoritairement composée de travailleurs masculins célibataires. Évoluant dans la grande industrie et le BTP, les Maghrébins formaient une part non négligeable de la population dans des communes comme Villerupt, Auboué, Longwy et Briey. Les Algériens représentaient 18 % de la population étrangère de Lorraine en 2000 et les Turcs (arrivés à partir des années 1980 surtout) près de 10 %.
Date de la vidéo: 08 avr. 1986
Durée de la vidéo: 04" minutes 44 secondes04M 44S
Les communautés algérienne et italienne à Villerupt
A Villerupt, 60 % de la population a des racines italiennes. Arrivés au début du XXe siècle pour travailler dans les mines, les Italiens sont intégrés. Seul problème : faire valoir leurs droits à la retraite, explique Émilienne Bassani (INCA-CGT). La situation est plus complexe pour les Algériens employés à Micheville dans les années 1960 et licenciés depuis. Trois sidérurgistes non indemnisés témoignent.
La communauté polonaise, très présente à Audun-le-Tiche et à Tucquenieux, arriva en masse dans les années 1920 lorsque des agents envoyés par le Comité des houillères recrutèrent directement dans des villages de Pologne. Si beaucoup repartirent après la crise de 1929, d’autres restèrent sur place et continuèrent d’exprimer leur polonité autour d’un fort rapport identitaire à la langue et au catholicisme.
Date de la vidéo: 06 mai 1999
Durée de la vidéo: 01" minutes 26 secondes01M 26S
La communauté polonaise d'Audun-le-Tiche
De nombreux polonais ont immigré en Lorraine, notamment dans le bassin minier d'Audun-le-Tiche.
Une communauté polonaise qui aujourd'hui se réjouit de la visite du président polonais.
Le Père Waldemar Krasny, de la mission catholique polonaise et Christophe Lusatti, petit-fils d'immigrant polonais, témoignent de leur attachement à la Pologne.
Communauté étrangère peu connue du bassin ferrifère lorrain, les Slovènes arrivèrent dès la fin du XIXe siècle. Venant de l’Empire austro-hongrois, ils s’installèrent dans le bassin de Briey et en Moselle Nord alors sous domination allemande. L’immigration continua dans l’entre-deux-guerres en provenance de ce qui était devenu le royaume de Yougoslavie. Elle connut une troisième vague après 1948 en réaction à l’établissement du régime autoritaire de Tito. Il en résulte de nos jours une petite communauté qui réside à Audun-le-Tiche, Tucquenieux, Giraumont et surtout à Aumetz, où des associations dynamiques continuent de faire vivre la langue et les coutumes slovènes.
Date de la vidéo: 10 juin 2004
Durée de la vidéo: 03" minutes 32 secondes03M 32S
La communauté slovène d'Aumetz
Les Slovènes d'Aumetz, en Moselle, sont une des communautés étrangères les moins connues du bassin ferrifère lorrain. C'est à la fin du XIXe siècle que les Allemands font venir les premiers travailleurs slovènes. Aujourd'hui, leurs descendants se sentent français mais restent attachés à leurs racines, notamment à la langue.
Arrivés à partir des années 1960, les Portugais forment désormais la première communauté étrangère du Luxembourg, constituant 16 % de la population de ce pays très cosmopolite. Surreprésentés dans certains secteurs d’activité comme la construction et la restauration, les Portugais sont particulièrement nombreux à Esch-sur-Alzette, Differdange et Larochette. Cette communauté jeune, alimentée par une immigration toujours active, reste très attachée à un « art de vivre » lusitanien où se croisent langue, catholicisme, gastronomie, sport, mode traditionnelle, vacances et mariage au pays…
Date de la vidéo: 20 juin 1999
Durée de la vidéo: 04" minutes 35 secondes04M 35S
La communauté portugaise au Luxembourg
Avec ses programmes diffusés en grande partie en portugais, Radio Latina vise principalement la communauté portugaise, précise Luis Barreira, son directeur. Une communauté arrivée au Luxemboug au début du XXe siècle qui reste attachée à ses racines, ses traditions et à sa langue. Ainsi, un portugais qui arrive au Luxembourg connaît une intégration quasi-immédiate comme nous l’explique Jaime Gonçalves, chauffeur de taxi.
# 3.2. L'envers du décor : Problèmes économiques des frontaliers
Si travailler au Luxembourg est souvent synonyme pour beaucoup de frontaliers d’un niveau de rémunération plus intéressant, certains Français employés dans le Grand-Duché peuvent déchanter. La législation sociale n’étant pas la même que dans l’Hexagone, les conditions de travail et les droits afférents peuvent parfois poser problème. Par ailleurs, le Luxembourg ayant été frappé, comme d’autres pays européens, par la désindustrialisation à partir des années 1980-1990, les plans sociaux se sont multipliés dans les mines et la sidérurgie. La crise de 2008 a également impacté l’économie locale. Les frontaliers, qui représentaient en 2010 près de 61 % de la main-d’œuvre dans l’industrie au Grand-Duché, ont fait les frais de fermetures d’entreprises même si ces pertes d’emplois ont été compensées par des embauches dans les services. Les syndicats, et notamment la Confédération des travailleurs frontaliers, réclament des plans de reconversion binationaux et une meilleure protection des salariés étrangers, notamment des intérimaires.
Date de la vidéo: 13 juil. 2009
Durée de la vidéo: 02" minutes 19 secondes02M 19S
Crise économique au Luxembourg : les licenciements des frontaliers en hausse
Le Luxembourg aussi souffre de la crise : les licenciements y sont en augmentation, surtout ceux des frontaliers. Exemple de Philippe, chauffeur routier licencié du jour au lendemain. Phillipe Manenti, du syndicat OGB-L, considère que l'on jette les gens comme des kleenex
. Selon Jean-Claude Reding, président de la Chambre des salariés du Luxembourg, les licenciements sont compensés par des embauches.
Date de la vidéo: 09 avr. 2006
Durée de la vidéo: 02" minutes 07 secondes02M 07S
Les salariés frontaliers manifestent pour leur protection sociale au Luxembourg
A Audun-le-Tiche, 800 salariés frontaliers et 15 élus manifestent à l'appel de la Confédération des travailleurs frontaliers de Lorraine. Plusieurs plans sociaux feront des victimes en France, qui ne seront pas prises en charge par le Luxembourg. Un syndicaliste et une salariée témoignent. Christian Felici, maire d'Audun-le-Tiche, exige la création d'une cellule de reconversion binationale.
En 2010, les frontaliers s’émurent du projet du Grand-Duché de supprimer le versement d’allocations familiales aux travailleurs frontaliers. Soucieux de conserver ces allocations et de pouvoir les cumuler avec d’autres prestations sociales versées dans l’Hexagone, les Français embauchés au Luxembourg mobilisèrent des relais politiques au plus haut niveau de l’État, ils obtinrent également le soutien de l’OGBL, le principal syndicat luxembourgeois. Après qu’une plainte eut été déposée devant la Commission européenne, le gouvernement luxembourgeois revint sur sa décision en 2012.
Date de la vidéo: 12 mars 2010
Durée de la vidéo: 02" minutes 04 secondes02M 04S
Pierre Lellouche à la rencontre des travailleurs frontaliers en Lorraine
Le nouveau calcul des allocations préoccupe les travailleurs frontaliers, explique Cristian-Simon Lacroix, du syndicat OGBL. Pierre Lellouche, secrétaire d'État chargé des Affaires européennes, en visite en Lorraine, assure que la mesure sera réétudiée lors d'une réunion interministérielle. Une déclaration qui ne rassure pas Phillipe Manenti, d'OGBL, qui se demande ce qui se passera réellement après les élections...
# 3.3. Commerces et trafics transfrontaliers
Les magasins du Grand-Duché attirent déjà en temps normal une clientèle étrangère de proximité (française, belge, allemande) en raison d’une TVA plus faible qu’ailleurs. Lors des soldes, qui interviennent (fin décembre) plus tôt que dans l’Hexagone (début janvier), les Français sont nombreux à se déplacer vers les centres commerciaux et boutiques de luxe du Luxembourg, alléchés par des prix plus bas, une offre originale et des employées francophones. Pour résister à cette concurrence redoutable, les commerçants lorrains obtiennent des pouvoirs publics une dérogation de manière à pouvoir débuter les promotions une semaine avant le reste du pays.
Date de la vidéo: 07 janv. 2014
Durée de la vidéo: 01" minutes 55 secondes01M 55S
Clientèle internationale pour les soldes d'hiver au Luxembourg
Au Luxembourg, les soldes attirent une clientèle internationale. Les motivations des clients interviewés sont diverses : la proximité géographique, une offre différente, les prix. Une vendeuse a même servi des clients parisiens ! Thierry Nothum, directeur de la Confédération luxembourgeoise du commerce (CLC), explique entre autres ce succès par une TVA plus basse et un accueil polyglotte.
De nombreux fumeurs français profitent de leur passage dans les stations-service luxembourgeoises (offrant un carburant moins onéreux à cause d’une fiscalité moins lourde) pour charger leur coffre de cartouches de cigarettes et pots à tabac, vendus également moins chers pour la même raison. Lorsqu’ils ne limitent pas leurs achats à un usage personnel et à des quantités précises, ils contreviennent à la loi française. Les contrôles douaniers tentent bien de faire respecter la législation mais ces vérifications restent aléatoires dans le cadre d’une frontière ouverte. Le trafic est donc florissant…
Date de la vidéo: 03 mai 2014
Durée de la vidéo: 02" minutes 01 secondes02M 01S
Contrôle douanier à Audun-le-Tiche sur l'achat de tabac au Luxembourg
Dans l'Union européenne, les fumeurs s'approvisionnent où ils veulent dans la limite de dix cartouches par personne. Pour les Lorrains, le tabac est moins cher au Luxembourg témoignent deux personnes. Conséquence, le trafic augmente et les contrôles douaniers aussi. Reportage à Audun-le-Tiche et précisions sur les risques encourus avec Erik Goasdoué, chef divisionnaire des douanes Lorraine Nord.
# 3.4. Concurrences et reconversions forcées
Dans le nord de la Moselle et dans le Pays Haut, les particuliers et collectivités locales s’approvisionnent en essence ou en diesel au Luxembourg où, en raison d’un niveau de TVA plus bas, le carburant est nettement moins cher (jusqu’à trente centimes de moins pour un litre de diesel). Cette différence de prix provoque la fermeture des stations-essence côté français, comme à Villerupt où les douze établissements de ce type ont tous disparu ou se sont reconvertis sur la seule réparation mécanique.
Date de la vidéo: 06 juil. 2005
Durée de la vidéo: 03" minutes 09 secondes03M 09S
Particuliers et services publics se ravitaillent en carburant au Luxembourg
En Moselle, particuliers et collectivités font le plein au Luxembourg, car l'essence y est moins chère, confient la maire de Villerupt, Christiane Witwicki, et son adjoint à la communication Olivier Cortesi. Toutes les stations-service de la ville ont fermé faute de rentabilité assure le gérant d'un garage. Qu'en est-il des services de l'Etat comme la police qui, légalement, doivent s'approvisionner en France ?
D’autres professionnels lorrains souffrent de la concurrence du Grand-Duché : les buralistes qui voient leur clientèle locale les abandonner au profit du Luxembourg où le prix d’un paquet est en moyenne inférieur de deux euros à celui vendu dans l’Hexagone. En dépit de la protestation des buralistes lorrains qui bloquent régulièrement la frontière pour alerter les pouvoirs publics et l’opinion sur leur situation dramatique, la situation ne semble pas devoir s’améliorer….
Date de la vidéo: 21 oct. 2012
Durée de la vidéo: 01" minutes 55 secondes01M 55S
Manifestation des buralistes lorrains contre la hausse du prix du tabac
Les buralistes du Grand Est bloquent la frontière luxembourgeoise pour protester contre la hausse du prix du tabac en France. Les consommateurs interrogés plébiscitent les prix très bas dans le Grand-Duché. Selon Norbert Chary, président de la Fédération des buralistes d'Alsace Lorraine, et Fernand Roesle, buraliste, c'est leur profession même qui est menacée. En dix ans, 200 buralistes ont fermé en Moselle.
L'alcool, vendu également moins cher dans le Grand-Duché en raison de taxes moins élevées, a longtemps attiré les consommateurs français, la législation impose désormais des quantités « limitées » et pour un usage personnel : 10 l de spiritueux, 90 l de vins et 110 l de bières...