Le quartier Nondkeil d'Ottange
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A Ottange-Nondkeil, des habitants vivent dans l'angoisse de voir s'effondrer leur maisons situées sur un ensemble de galeries de mines que l'état ne souhaite pas consolider. Rencontre avec ces habitants dont la grande majorité sont des personnes âgées ayant toujours vécu là.
Date de publication du document :
Février 2022
Date de diffusion :
14 mai 2007
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Contexte historique
ParDoctorant en Histoire, Crulh, Université de Lorraine
Le quartier de Nondkeil à Ottange, où vivent majoritairement des familles de mineurs, est bâti sur des galeries de mines aujourd’hui inutilisées et qui menacent de s’effondrer. L’activité minière, qui, couplée à la sidérurgie, a pendant plusieurs dizaines d’années constitué la principale activité économique en Lorraine, au Pays Haut et dans le Nord de la Moselle, pèse aujourd’hui comme une menace sur ceux qui y ont consacré leur vie. C’est ce qu’annonce dès l’ouverture du reportage Pierre Grassi, porion à la retraite (mineur contremaître), en exprimant sa peur du lendemain et la certitude qu’un jour ils y passeront
.
L’histoire d’Ottange au XXe siècle est inextricablement liée à son sous-sol riche en fer et en charbon. L’essor de l’exploitation minière fait passer Ottange du statut de village rural à celui de petite bourgade industrielle à l’identité ouvrière très marquée. En effet, les mineurs forment une corporation à part dans le monde ouvrier, caractérisée par une grande fierté tirée de l’exercice d’un métier aussi dangereux que difficile. La ville vit donc au rythme de ses mineurs. Des fêtes patronales en hommage à Sainte-Barbe (patronne des mineurs) célèbrent la sociabilité ouvrière et rythment leur existence lorsqu’ils sont « au jour », c’est-à-dire en dehors de la mine. Au tournant des années 1960, l’industrie minière française, et donc lorraine (celle-ci représentant les 3/4 de la production nationale), entre en crise. La minette Lorraine, présente en grande quantité mais à faible teneur ferrifère, ne tient plus la concurrence face au minerai d’outre-mer, bien plus riche. Le marché européen se rétracte et les débouchés baissent drastiquement pour le minerai lorrain. Conséquence directe de cette crise, de nombreuses mines cessent leurs activités au cours des années 1960. A Ottange, les trois mines principales sont fermées en 1966 et 1969. Pour amortir les conséquences sociales de cette crise, de nombreuses « gueules jaunes » sont réemployés dans les usines sidérurgiques de la région, abandonnant au passage leur identité de mineur au profit d’une autre, celle de sidérurgiste. En outre, les licenciés, perçoivent une prime de conversion censée subvenir à leurs besoins le temps de retrouver un emploi. Dès lors, les puits de mine fermés sont abandonnés à leur triste sort. Mais l’absence d’entretiens des galeries, conséquence directe de la fermeture des mines, n’est pas sans conséquence géologique. Malgré la pratique presque systématique de l’ennoyage, processus consistant à noyer les galeries lorsque celles-ci sont condamnées, des affaissements miniers surviennent à partir des années 1990-2000 endommageant parfois gravement les habitations, comme à Auboué, Moutiers, Moyeuvre-Grande et Roncourt en 1996-1997.
En 2002, c’est donc au tour du quartier de Nondkeil à Ottange d’être menacé par ce phénomène géologique. Face au risque d’affaissement minier, le gouvernement choisira, en 2005, d’ennoyer les galeries d’Ottange sans pour autant réussir à arrêter les mouvements sismiques persisteront. Le risque géologique placera les habitants du quartier dans une situation délicate les amenant alors à choisir entre vivre dans l’angoisse permanente d’un effondrement ou quitter la maison dans laquelle ils ont passé leur vie, sans savoir où aller.
Au-delà de la peur évoquée, l’ancien porion Pierre Grassi témoigne d’un sentiment d’abandon par l’Etat de ces anciens mineurs qui ont contribué à redresser le pays
après-guerre. Il évoque ainsi le sacrifice des mineurs qui se sont retroussés les manches
pour contribuer à la reconstruction du pays après 1945. On sent ici poindre une fierté ouvrière trahie. Jadis perçu hier comme noble le métier de mineur est aujourd’hui tombé dans l’oubli ou bien folklorisé.
Face à cette situation nouée d’incertitudes, les habitants réunis à l’intérieur du Collectif de défense des bassins miniers lorrains ne désarment pas et souhaitent faire entendre leur voix. Ainsi, en décembre 2007, 200 personnes se réunissent à Ottange pour manifester contre les politiques d’Etat concernant l’après-mine. Ils dénoncent notamment les risques liés à la pratique de l’ennoyage : les remontées possibles de radon, gaz inodore et radioactif, la montée des eaux vers la surface. Ils revendiquent également une meilleure protection face à ces risques, et plus particulièrement une indemnisation financière.
Bibliographie
- Pascal Raggi, La désindustrialisation de la Lorraine du fer, Paris, Classiques Garnier, 2019.
Transcription
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