Ernst Jünger
Notice
Ernst Jünger, 86 ans, répond aux questions de Bernard Pivot à propos de son Journal Parisien tenu sous l'Occupation, alors qu'il était en poste à Paris. Bernard Pivot l'interroge sur le fait d'être et de paraître un esthète tout en portant l'uniforme de capitaine allemand, alors qu'autour de lui régnaient la désolation et la délation.
Éclairage
Le parcours politique et l'indépendance d'esprit d'Ernst Jünger (1895-1998) en on fait un des écrivains allemands les plus contestés mais aussi les plus admirés du XXe siècle. Patriote, il est volontaire en 1914 et reçoit l'Ordre pour le mérite, la plus haute distinction militaire allemande, à la fin d'une guerre dont il raconte l'horreur et la fascination dès 1922 dans Orages d'acier.
Farouchement nationaliste, il rejette pourtant les tentatives d'approche du parti nazi, qu'il dénonce en 1939 dans Sous les falaise de marbre, une allégorie sur le pouvoir, la culture et la barbarie qui lui vaut les foudres de la Gestapo. Affecté à l'Etat-major parisien de la Wehrmacht, il tient un journal de guerre qui rend compte de son horreur du nazisme et de son dégoût progressif du militarisme. Pourtant, après la capitulation, il refuse de participer à la dénazification.
Toujours proche de l'anarchisme, il se retire alors dans un village de Souabe, où il continue sa réflexion sur le pouvoir, l'Etat, l'individualisme et la dignité de l'homme. Converti au catholicisme en 1996, celui qui avait écrit que "la perte du respect de soi-même est le commencement de tout malheur parmi les hommes", s'éteint en 1998, à l'age de 103 ans.