Vinko Globokar à propos de son Laboratorium

21 avril 1984
04m 40s
Réf. 00124

Notice

Résumé :

Reportage sur le Laboratorium de Vinko Globokar, avec Irvine Arditti au violon et Cyrille Huvet au piano.

Type de média :
Date de diffusion :
21 avril 1984
Source :

Éclairage

Né en 1934 à Anderny, en Lorraine, Vinko Globokar part en Yougoslavie où il est tromboniste de jazz. A son retour en France en 1955, il entre au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, où il remporte le premier prix de trombone. Ses talents suscitent nombre d'oeuvres nouvelles, de Berio, Kagel, Stockhausen, etc. qui lui sont dédiées. Il étudie la composition avec René Leibowitz, l'apôtre de la musique sérielle, et avec Luciano Berio. Il enseigne à l'école de musique de Cologne, puis entre à l'IRCAM de Paris, comme directeur des recherches instrumentales et vocales.

Sa musique souvent considérée comme difficile (à exécuter et à écouter), explore sans aucune complaisance des voies nouvelles : elle essaie de lier des éléments ordinairement séparés : voix/instruments, individu/ensemble, musique/théâtre, problèmes sociaux/représentation, corps/musique, variété ou jazz/musique " sérieuse " ; le fond de la question, selon Vinko Globokar, étant que toute chose peut se transformer en logique musicale.

Michel Coupard

Transcription

Journaliste
Je vous invite à écouter à présent un extrait du Laboratorium de Vinko Globokar. Commencé en 73, ce travail est, en fait, sans fin comme aime à le préciser le compositeur Vinko Globokar. Ce travail de recherche et d'analyse demande la présence de 11 musiciens et un ordinateur. Pour nous, seulement 2 musiciens étaient présents : Cyrille Huvet au piano et Irvine Arditti au violon.
(Musique)
(Bruits)
Journaliste
Laboratorium, qu'est-ce que ça veut dire ?
Vinko Globokar
Laboratorium est une oeuvre que j'ai commencée il y a 10 ans et qui est une oeuvre ouverte, c'est-à-dire qui n'a pas de fin, finalement. La seule chose qui reste, c'est qu'il y a 10 musiciens stables. Alors, il y a dedans des pièces pour une personne, pour 2, 3, jusqu'à 10. Alors c'est, pour moi, une sorte de journal de travail dans lequel j'essaie de faire une sorte de recherche personnelle. Alors il y a des thèmes comme, par exemple, les rapports psychologiques entre les interprètes et des problèmes de capacité de création individuelle d'un musicien. Après par exemple, des thèmes comme comment transformer un instrument acoustique en instrument électronique ? Comment étendre les techniques de jeu sur les instruments ? Comment, par exemple, influencer un musicien à l'aide de l'électronique ?
Journaliste
C'est vraiment un travail de recherche ?
Vinko Globokar
Absolument. Ce sont des petites pièces et chaque pièce a... essaie de résoudre une question que je me suis posée. Donc jusqu'à maintenant, il y a à peu près 30 pièces. Si on jouait tout, ça ferait à peu près 3, 4 heures de musique.
Journaliste
Et l'ordinateur, qu'est-ce qu'il vient faire là-dedans ?
Vinko Globokar
Dans cette pièce, il y a certaines petites pièces qui peuvent utiliser un ordinateur, pour justement traiter des informations musicales que je donne et qui sont là pour surprendre le musicien quand il joue.
Journaliste
C'est une musique du futur, pour ainsi dire ?
Vinko Globokar
Non, non, je ne pense pas au futur du tout. C'est une musique d'aujourd'hui.
Journaliste
Est-ce qu'un musicien qui ne sais pas jouer peut jouer dans votre Laboratorium ?
Vinko Globokar
Non, c'est une musique extrêmement... je dirais à la limite des capacités instrumentales. Et il y a même certaines pièces qui sont des pièces utopiques c'est-à-dire que l'information est tellement compliquée que le musicien, d'après ses capacités personnelles, doit, je dirais, faire une version, parce que la version qui est proposée est pratiquement impossible à être...
Journaliste
Autrement dit, il faut être un virtuose pour jouer faux ?
Vinko Globokar
Non, ce n'est pas du tout de jouer faux du tout, c'est-à-dire il faut jouer ce qui est écrit. Du moment que vous jouez ce qui est écrit et qu'une chose est fixée, elle ne peut pas être fausse.
Journaliste
Comment est ressentie votre musique par le public ?
Vinko Globokar
Ça dépend dans quel lieu c'est fait. C'est-à-dire si vous faites ça dans un lieu avec des étudiants ou dans un lieu où, par exemple, les gens sont habitués à la musique d'aujourd'hui, la réception est très bonne. Si c'est fait dans un endroit plutôt traditionnel, la réception...
Journaliste
Le message ne passe pas ?
Vinko Globokar
Ce n'est pas que le message passe pas mais seulement, c'est perçu différemment. C'est-à-dire je crois qu'il n'y a pas deux endroits qui se ressemblent.