Boris Pahor, Dans le labyrinthe

06 mai 2004
02m 51s
Réf. 00320

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Résumé :

Autour d'une table du Caffè San Marco à Trieste, l'écrivain slovène Boris Pahor s'entretient avec Olivier Barrot à propos de son dernier roman, Dans le labyrinthe, dont la ville de Trieste est le personnage principal. L'écrivain se dit heureux du retour de la Slovénie dans la nouvelle Europe.

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06 mai 2004
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Éclairage

D'origine slovène, Boris Pahor est né en 1913 à Trieste. Cette ville, italienne depuis la fin de la Première Guerre mondiale, ayant été le berceau du parti fasciste italien, l'enfance de Pahor est marquée par les brimades et les censures contre sa communauté et contre sa langue.

C'est certainement avec le souvenir de l'incendie de la maison de la Culture slovène par les fascistes italiens en 1920 qu'il s'engage dans les rangs de l'armée de libération yougoslave en 1944. Arrêté pour résistance avant d'être déporté en Alsace puis en Allemagne, il raconte cette tragédie tout au long de son ?uvre, dans Le Pèlerin parmi les ombres (1995) mais aussi dans sa trilogie (Printemps difficiles, Jours obscurs, Dans le labyrinthe), qui met en scène Radko Suban, son alter ego.

Ses romans, parmi lesquels Le Jardin des plantes ou Appel du navire, présentent tous une forte dimension autobiographique, tout en brossant un portrait amoureux de la ville de Trieste. Pahor est resté un véritable ambassadeur de la culture et de la langue slovènes.

Aurélia Caton

Transcription

(Musique)
Olivier Barrot
Dans le labyrinthe, Boris Pahor, troisième volume de ce vaste ensemble publié chez Phébus, c'est le roman de la minorité slovène en Italie. Est-ce que vous pouvez nous en raconter l'histoire récente ?
Boris Pahor
C'est que les Anglais, les Anglo-américains, ils sont venus à Trieste presque en même temps que les Yougoslaves, donc ils nous ont donné les écoles. Ça veut dire que, on a tout reconstruit ce que le fascisme, pendant 20 ans, n'est-ce pas, il a détruit chez nous.
Olivier Barrot
Le personnage féminin principal de votre livre, c'est une Française, Arlette, que vous avez connue il y a très longtemps, vous avez entretenu avec elle une longue correspondance, c'est une grande histoire d'amour.
Boris Pahor
Ecoutez, ça c'est quand on parle d'amour dans mes livres, et quand on parle de quand, non, c'est souvent, non, trois quart c'est autobiographique. Il y a une femme que j'ai rencontré à Paris, que j'ai rencontré en France, n'est-ce pas, et c'est beaucoup autobiographique, je dis vérité quoi. C'est dommage, c'est dommage qu'elle n'avait pas le courage de suivre ni quand il part, elle le retrouve mais pas, mais pas heureuse. Ça veut dire que, elle a un bon mari qui l'aime beaucoup, dont elle, elle n'est pas amoureuse quoi. Cette espèce de, cette espèce d'amour par lettres, si vous voulez, non, c'est pas seulement épistolaire, parce que les amours épistolairesne sont pas de vraies amours.
Olivier Barrot
Dans le labyrinthe, au fond, c'est le roman de Trieste, le personnage principal, c'est la ville où nous nous trouvons aujourd'hui.
Boris Pahor
Ça c'est vrai. C'est la ville. C'est la ville que je aime beaucoup, et que c'est une belle ville, il faut le reconnaître quoi. Et que une fois, elle disait, c'était une ville de riches. Les Triestins, par tradition, sont des gens qui étaient, ils étaient bien, on peut dire, bien portant du point de vue argent, vous comprenez ça, non.
Olivier Barrot
Alors, bienvenue dans la nouvelle Europe qui commence ces jours-ci, Boris Pahor, ce retour de la Slovénie à l'Europe, cela vous rend heureux ou malheureux ?
Boris Pahor
Je ne peux pas ne pas être heureux parce que, voilà que maintenant, si tout va bien, on va être réunis. On ouvre, on donne la possibilité à la Slovénie d'avoir une espèce de communication entre les parties qui était détachées, vous comprenez. Ça c'est bon quoi, non.
(Musique)