Europe des Cultures - Wolf Vostell

Éclairage

Précurseur du happening au début des années 1950, l'artiste allemand Wolf Vostell (1932-1998), formé aux Arts appliqués de Wuppertal, vient s'installer à Paris après la guerre où il trouve un emploi dans l'atelier de l'affichiste Cassandre. Il y théorise et met alors en pratique à travers ses premières productions le principe de "Dé-coll/ages", jeux de construction entre les images et mots médiatiques appliqué aux réalisations technologiques du secteur des communications (avions, voitures).

A travers des mises en scène présentant une vision sombre de la société de consommation de l'après-guerre (tôle froissée, carcasses carbonisées...), Vostell tente d'interpeller son contemporain sur les effets destructeurs des comportements humains en partant généralement d'une actualité vécue à travers le prisme des médias : faits divers, guerres, famines du tiers-monde, catastrophes écologiques...

Membre du mouvement Fluxus dans les années 1960, il inaugure, avec d'autres artistes, un art vidéo aux frontières de l'électronique, bousculant la notion d'oeuvre d'art pour amener le public à réfléchir sur la place de la machine dans les sociétés contemporaines.

Claire Sécail

Transcription

Philippe Laplace

Art et automobile, maintenant. La fête continue au Centre d'Actions Culturelles de Montbéliard depuis le début de l'été et jusqu'au 8 novembre prochain. Vous le savez, le centre organise toute une série de manifestations autour de l'automobile. Artiste vedette, en ce moment, le sculpteur berlinois Wolf Vostell, Vostell qui s'est récemment illustré avec ses sculptures monumentales à base de carcasses de voiture et de béton. Et vous allez voir que son exposition en ce moment au CAC ne laisse pas, elle non plus, indifférent. Le reportage d'Isabelle Brunnarius.

(Silence)

Isabelle Brunnarius

Des voitures dans un parking. A priori, c'est banal sauf quand elles sont passées entre les mains de Wolf Vostell. C'est à partir d'un fait divers que l'artiste travaillait, en 1968, cette Jaguar. Le chocolat ? Un signe pour dire qu'il y a toujours quelque chose de bon dans un événement. Mieux vaut, d'ailleurs, écouter le guide pour comprendre le travail de cet artiste berlinois. La voiture, son thème de prédilection, il s'en sert pour tenter de cerner la vie avec, semble-t-il, une nette aversion pour la société de consommation. L'énergie, ici, c'est les 1000 pains ficelés à 1000 exemplaires de l'Est Républicain, soit le volume exact de cette Cadillac.

(Silence)

Isabelle Brunnarius

Et dans chaque exemplaire, une phrase leitmotiv de Vostell : « Ce sont les choses que vous ne connaissez pas qui changeront votre vie », une parade contre l'hermétisme dont on peut le taxer. On connaît ou on ne reconnaît pas cette forme d'art et pourtant, cela nous enrichit. La signification, ici : un jour viendra où les machines deviendront indépendantes et nous rejetteront.

(Bruits).

Isabelle Brunnarius

Ce souffle, c'est le bruit des vents dans l'imagination de Vostell. Cette Mercedes date de 1984 et la vidéo, c'est pour nous rejeter, nous exclure du propre fonctionnement de la voiture. On en dépend, même, jusqu'à en être relié par un goutte-à-goutte.

(Bruits).