Marcel Broodthaers
Notice
A l'occasion de la rétrospective qui lui est consacrée à la Galerie nationale du Jeu de Paume, portrait du poète belge surréaliste, Marcel Broodthaers dont nous découvrons l'oeuvre à travers des films qu'il a pour la plupart lui-même réalisés dans les années 1970.
Éclairage
Poète, photographe, cinéaste et plasticien originaire de Bruxelles, Marcel Broodthaers (1924-1976) demeure un artiste méconnu du grand public.
Après avoir abandonné des études de chimie et enchaîné différents métiers, ce passionné de littérature, admirateur de Mallarmé et Magritte, publie un premier recueil de poèmes à la fin des années 1950. En 1964, il réalise une première exposition d'oeuvres en prévenant ironiquement ses visiteurs sur le carton d'invitation : "L'idée enfin d'inventer quelque chose d'insincère me traversa l'esprit".
A quarante ans, Broodthaers entame avec désinvolture sa nouvelle carrière de plasticien, abandonnant la poésie qui le laisse dans l'indigence pour un art, selon lui, de la feinte. Sa première cible ? Ses propres écrits passés, dont il noie dans du plâtre les volumes invendus (Le Pense-bête, 1963). Influencé par le surréalisme, il réalise des oeuvres avec des matériaux insolites (coquilles d'?ufs, briques, moules...) assemblés sans respect de sens ou de valeur, simplement dans l'idée de bousculer avec humour les catégories habituelles qui donnent une rationalité aux choses et aux êtres.
Provocateur, il s'autoproclame en 1968 "conservateur du Musée d'Art Moderne, département des Aigles", un musée fictif qui tourne en dérision les valeurs d'autorité et de pouvoir associées à l'animal et utilisées par les puissants. Explorant le dédale entre le mot, l'image et la pensée, il ne cessera de déconstruire les textes de ses auteurs favoris (Mallarmé, Baudelaire, Lautréamont...) pour les restituer dans un espace décalé.