Jan Saudek à Paris
Notice
Novembre 1990, Mois de la photographie, Paris. Le photographe Jan Saudek nous emmène à la découverte de Paris et nous sert de guide dans quelques expositions de photographies. Interviewé par son ami Pierre Borhan, Jan Saudek explique qu'il se sent libre à Paris, beaucoup plus qu'à Prague où il vit.
Éclairage
Né en 1935 à Prague, Jan Saudek voit son enfance profondément marquée par les horreurs du nazisme : plusieurs membres de sa famille meurent au camp de Theresienstadt, tandis qu'il est interné avec son frère jumeau Karel, échappant de peu aux expériences du tortionnaire Joseph Mengele.
Il survit à la guerre, trouve un premier emploi dans une imprimerie et prend goût à la peinture ainsi qu'à la photographie. En 1972, il transforme un sous-sol en studio ; ses premières photographies sont en noir et blanc, recoloriées par ses soins. Il est marqué par les scènes atroces des camps et ses images reflètent ses pulsions de mort et ses fantasmes sexuels. Ses nus féminins ont une beauté provocante qui peut choquer.
Suspect dans son propre pays, ce n'est qu'en 1984 que les autorités communistes le reconnaissent comme artiste et lui permettent de quitter son travail en usine. Souvent menacé de censure, il se défend de l'accusation de pornographie : "La différence entre la pornographie et l'art est selon moi très simple. Vous pouvez regarder l'art indéfiniment alors que vous ne pouvez jeter qu'un coup d'oeil à la pornographie avant de la laisser."
En 1983, Jan Saudek reçoit, en France, la distinction de Chevalier des Arts et Lettres. En 2005, une grande rétrospective lui est consacrée à Prague.