Le photographe Izis

18 avril 1975
03m 59s
Réf. 00080

Notice

Résumé :

Le photographe Izis parle de sa conception de la photographie et de son caractère rêveur. Il évoque aussi son enfance en Lituanie et son arrivée à Paris. Cette interview est illustrée par de nombreuses photographies.

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Date de diffusion :
18 avril 1975
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Éclairage

Né en 1911 en Lituanie, Israëlis Bidermanas, dit Izis, est issu d'une famille juive pauvre.

Adolescent, il est apprenti chez un photographe de sa ville et se passionne pour la peinture. En 1930, il se réfugie à Paris où il exerce dans différents studios traditionnels. Durant la Seconde Guerre, sa famille est décimée. Réfugié dans le Limousin, il y travaille sous le nom d'Izis en tant que retoucheur de photos. En 1944, il est arrêté par les nazis. Libéré, il rejoint la Résistance. Il réalise de nombreux portraits de maquisards dans un style plus vivant et réaliste que ce dont il avait l'habitude. Ces photos feront son succès au lendemain du conflit.

De retour à Paris, il rencontre Brassaï, Laure Albin-Guillot et E. Sougez. Son style traditionnel d'avant-guerre évolue vers une vision poétique. Il ouvre alors un studio et commence à exposer. En 1949, il participe au lancement de Paris-Match, titre auquel il collaborera durant 20 ans. Pendant ces années, il devient l'ami de Chagall et de Prévert et rencontre de nombreux artistes de l'époque qu'il photographie. En 1950 sort Paris des rêves, son premier livre. Il sera suivi de nombreux autres, réalisés seul ou en collaboration avec d'autres artistes. Paris des poètes publié en 1977 sera son dernier ouvrage.

En 1951, il est présenté au MoMA de New-York lors de l'exposition Five French photographers en compagnie de Cartier-Bresson, Ronis, Doisneau et Brassaï. En 1978, il est invité d'honneur des Rencontres d'Arles. Il décède à Paris en 1980.

Emmanuel Zbinden

Transcription

Israëlis Izis
La conception de la photographie est qu'on doit être, très modeste, sans poser le moins possible. On doit au premier abord, même pas reconnaître qui est-ce le photographe ? Et naturellement, cette photo est bonne, et fait par un bon photographe, on reconnaît quand même par qui c'est fait, mais il faut s'effacer, absolument s'effacer. La photographie est avant tout un document, un bon photographe, naturellement, transforme le document puisqu'il apporte quelque chose, soit une photo d'Atget qui nous donne une image comme l'était Paris en 1900. Il y a quelque chose de plus que le document, quelque chose de plus que Paris 1900, et ça vient d'Atget. Et moi je voudrais arriver au même but. Ce que je fais c'est aussi du reportage, c'est une manière du reportage sur le Paris actuel, qui je crois peut rester comme témoignage pour plus tard, je ne parle que la réalité sans aucune coup de pouce du laboratoire. Mais je suis pas un journaliste. Je suis moins journaliste que flanneur.
Musique
Israëlis Izis
Je suis attiré par ce qui est nostalgique, j'attends que les autres prouvent qu'il y a une nostalgie dans la photo, moi-même je ne savais pas. Je commence à croire puisqu'on me dit de tous les côtés. Mes personnages, on m'a dit, sont entre la réalité et le rêve.
Musique
Israëlis Izis
J'ai toujours été un rêveur, à l'école mon sobriquet c'était : le rêveur.
Musique
Israëlis Izis
Je crois que mon rêve me poursuit depuis mon enfance, et maintenant je l'accepte, entièrement.
Musique
Israëlis Izis
Je crois que mon enfance joue un grand rôle dans ma vie, dans mon travail. Ce fut une enfance très pauvre, comme la majorité des Lituaniens. On mangeait pas tous les jours à notre faim, on mangeait la viande une fois par semaine, et c'était encore merveilleux quand on pouvait l'avoir, c'était la vie très dure. Et quand j'arrive à Paris, j'avais l'impression que je changeais de continent, une telle distance, une telle différence dans la vie, dans le niveau du vie, et aussi dans la liberté pour respirer à Paris. Et j'ai choisi Paris librement pour vivre.
Musique
Israëlis Izis
J'ai pas choisi Limoges ou Marseille, j'ai choisi vraiment Paris. Il fallait la guerre, l'occupation, les persécutions, pour qui je trouve qu'un limousin, pendant la guerre, mais ma vie je le vivrai toujours à Paris si je peux.