L'investiture du gouvernement Chenik

24 août 1950
25s
Réf. 00031

Notice

Résumé :

En août 1950, le nouveau gouvernement tunisien est investi par le bey de Tunis au palais de Carthage.

Date de diffusion :
24 août 1950
Source :
Lieux :

Éclairage

Après la courte expérience du Centre cinématographique tunisien (juin 1946-septembre 1948), la résidence générale de France en Tunisie se désintéresse de la production cinématographique, se suffisant d'un partenariat avec la société des Actualités françaises. Cette dernière a la charge de produire des courts métrages d'information, des documentaires ainsi que des reportages sur l'actualité tunisienne. Ces petits sujets sont projetés dans les salles d'Afrique du Nord dans le cadre de l'édition régionale du journal des Actualités françaises. La politique y est évidemment largement absente.

Au milieu d'audacieuses enquêtes sur la pêche aux éponges à Sfax, le grand prix hippique de Tunis, ou l'inauguration de la foire commerciale de Bizerte, ces images du nouveau gouvernement tunisien retiennent donc l'attention. Elles sont loin, toutefois, de traduire un tournant dans le traitement de l'actualité tunisienne, tant pèsent les non-dits. Le 14 avril 1950, Habib Bourguiba a présenté, en sept points, ses revendications au gouvernement français qui répond positivement. M'hamed Chenik prend alors la tête d'un « ministère de négociation » dont la tâche est « de conduire le pays vers une autonomie de plus en plus large répondant aux aspirations unanimes de la Nation Tunisienne vers la restauration de [sa] souveraineté » (discours d'investiture, 17 août 1950). Mais de cette marche vers l'autonomie interne, il n'est jamais fait mention dans le reportage qui évoque pudiquement « l'œuvre de redressement de la Tunisie dans le cadre de l'amitié française ». M'hamed Chenik devient « premier ministre pour la deuxième fois depuis le début de sa carrière politique », souligne le commentateur qui, manifestement, ne souhaite pas épiloguer sur le précédent ministère Chenik, nommé en janvier 1943 sans l'avis du résident général, et qui avait déjà montré des velléités réformatrices. Il se montre tout aussi discret dans l'évocation du nouveau gouvernement qui « comprend des personnalités de tendances variées ». Le spectateur qui aura lu une presse moins pudibonde ou qui aura entendu les rumeurs de la rue comprendra qu'il est fait référence au nationaliste Mahmoud El-Materi et, surtout, à Salah Ben Youssef, secrétaire général du Néo-Destour. Jamais nommés, les deux hommes apparaissent pourtant en plan rapproché en grande discussion avec M'hamed Chenik.

Morgan Corriou

Transcription

Journaliste
Au palais de Carthage, Son Altesse Sidi Lamine Pacha Bey a donné l’investiture au nouveau gouvernement tunisien, présidé par Son Excellence Mohamed Chenik ; qui devient ainsi Premier ministre de la Régence pour la deuxième fois depuis le début de sa carrière politique. Le nouveau ministère qui comprend des personnalités de tendances variées saura poursuivre l’œuvre de redressement de la Tunisie dans le cadre de l’amitié française.