En Algérie, scènes de la pacification

23 mai 1956
01m 21s
Réf. 00070

Notice

Résumé :

L'action de l'armée dans les régions isolées administrées par les sections administratives spécialisées, les SAS.

Date de diffusion :
23 mai 1956
Source :

Éclairage

En mai 1956, quand sortent ces actualités filmées, se met en place en Algérie une vaste organisation militaire s'appuyant sur la présence du contingent suite aux « pouvoirs spéciaux » votés en mars par l'Assemblée nationale. Parallèlement à cela, les doctrines de la pacification, de l'action psychologique et de la guerre psychologique se mettent en place progressivement sur tout le territoire. Les sections administratives spécialisées (SAS) et leurs pendants urbains (les SAU), ont été créées en septembre 1955 par Jacques Soustelle, alors gouverneur général de l'Algérie, pour endiguer le manque d'administration dans les villages d'Algérie, mais aussi pour donner une image favorable de l'armée aux populations algériennes. Ces « officiers des affaires algériennes », qui reprennent pour partie les prérogatives de leurs ancêtres des « bureaux arabes » du XIXe siècle, dépendent conjointement des autorités civiles et militaires. Ces différents éléments seront au centre de la communication civile et militaire sur l'Algérie au moins jusqu'en 1960.

Les termes de « SAS » ou de « Sections administratives spécialisées », ne sont pas prononcés dans ce court sujet d'une minute et vingt secondes, mais c'est bien ce dispositif qu'il s'agit de mettre en valeur dans ce reportage où l'on mentionne les « effectifs spécialisés » mis en œuvre par les unités sur le terrain à Aïn Temouchent et Bou Zadjar (à côté d'Oran). C'est le terme de « pacification » qui est employé : après avoir présenté l'arrivée de renforts militaires lourds (des chars) et un dispositif de quadrillage à pied, c'est un aspect moins militaire qui est mis en avant par le texte et les images dans la seconde moitié du reportage. Sur une musique martiale, le speaker explique la progression des dispositifs sanitaires et pédagogiques, entre autres, dans une logique globale de pacification où « médecins et infirmiers militaires ont pris le relais des médecins et infirmiers civils » et où « ce sont des soldats volontaires qui ont remplacé l'instituteur ». Ainsi, comme le dit le speaker sur des images d'enfants scolarisés, « A l'heure de la pacification, le rôle de l'armée dépasse singulièrement celui de la simple sécurité ». C'est précisément l'image que l'armée et le gouvernement veulent donner à voir de l'action militaire en Algérie, dans toutes les unités comme dans les Sections administratives spécialisées. Cette stratégie est intégrée dans l'action psychologique qui se met en place en cette année 1956, avec la volonté de détourner les Algériens du FLN et de les rapprocher de la France.

Sébastien Denis

Transcription

Journaliste
Ce village d’Algérie s’appelle Bou Zadjar. Saccagé, il est aujourd’hui presque totalement abandonné, comme le sont les fermes voisines, incendiées et pillées. À ces images, d’autres font écho. Ce sont celles de l’arrivée d’une unité de chars, à la gare d’Aïn Témouchent, où, voici peu de temps, trente-six fermes de la région ont subi l’assaut des rebelles, et connu le massacre et l’incendie. Avec l’arrivée de nouveaux renforts, les patrouilles se multiplient, le dispositif de sécurité s’étend, la pacification se généralise. En venant prendre position dans le bled, les troupes de renfort font œuvre dans tous les domaines : non seulement de défense et de police, mais de pacification dans le plus noble sens du terme. C’est ainsi que, comme dans l’Ouest constantinois, les différents postes ont mis leurs effectifs spécialisés à la disposition des habitants des douars. Médecins et infirmiers militaires ont pris le relais des médecins et des infirmiers civils.
(Musique)
Journaliste
Par ailleurs, des classes se sont improvisées. Et ce sont des soldats volontaires qui ont remplacé l’instituteur. À l’heure de la pacification, le rôle de l’armée dépasse singulièrement celui de la simple sécurité.