Les étudiants africains à Paris au début des années 1960
Notice
Des étudiants africains arrivent en France pour la rentrée universitaire. D'autres sont déjà des étudiants à Paris depuis plusieurs années. Quelles impressions les nouveaux arrivants ont-ils en arrivant en France ? Quels problèmes se posent à ceux qui continuent leurs études ?
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Éclairage
Ce documentaire de 23 minutes, daté de 1963, enquête – comme s'il s'agissait d'une absolue nouveauté – sur la présence nombreuse d'étudiants originaires d'Afrique subsaharienne en France. Si le phénomène n'est pas complètement nouveau, il a néanmoins pris une ampleur inédite au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, et plus encore après l'accession à l'indépendance des territoires africains.
Pour autant, il s'inscrit dans un continuum. De la fin du XIXe siècle aux années 1930, les étudiants africains sont rares à venir en France. En 1926, le chiffre officiel est de 75 « élèves et étudiants » sur les 2 500 Africains et Malgaches recensés sur le territoire français. On peut considérer que, dans l'entre-deux-guerres, une centaine seulement fait des études en métropole, et surtout à Paris. Les premiers contingents partis étudier en France sont alors constitués de quelques éléments triés sur le volet, qui bénéficient soit d'une bourse d'État (à partir des années 1920), soit d'une bourse privée obtenue dans le cadre de l'enseignement missionnaire. La plupart d'entre eux appartiennent aux élites occidentalisées. Le retard français est par ailleurs criant en matière de structures d'enseignement dans les colonies, si l'on compare la situation avec celle des colonies britanniques, par exemple. Jusqu'aux années 1950, on trouve peu de lycées et aucun établissement d'enseignement supérieur, à deux exceptions près, le Sénégal et Madagascar. L'enseignement primaire est aussi très inégalement organisé : en 1949-50, par exemple, à peine 4,2 % d'enfants sont scolarisés en AOF, contre 22 % au Cameroun ; les taux sont un peu plus élevés au Sénégal, en Côte d'Ivoire (25 à 35 %) et, de manière générale, dans les grandes agglomérations.
Une première poussée des effectifs estudiantins se produit après 1945 grâce au nombre croissant de bourses octroyées par les autorités coloniales, dans le cadre d'une politique volontariste de promotion de l'éducation. Si les efforts portent surtout sur la scolarisation primaire et secondaire, la réorganisation des cursus et la multiplication des bourses d'enseignement supérieur après 1945 permettent aux plus avancés d'aller étudier en métropole. Un Office des Étudiants d'Outre-Mer facilite leur installation : en 1949-50, on compte environ 2 000 lycéens et étudiants africains ou malgaches en métropole ; 4 000 en 1952-53 ; 8 000 en 1959-60. Au total, dans les années 1950, 9 à 10 % des élèves des colonies françaises d'Afrique partiraient ainsi faire leurs études secondaires ou supérieures en France.
Après les indépendances, ce nombre augmente encore nettement et atteint les 10 000. Ces étudiants africains se répartissent sur l'ensemble du territoire, même si la région parisienne continue d'en accueillir les plus gros contingents, l'offre y restant la plus élevée en matière d'enseignement supérieur. L'Office des Étudiants d'Outre-mer devient l'Office de Coopération et d'Accueil Universitaire, puis le Centre International des Étudiants et Stagiaires. Les années 1960 correspondent de fait à une période faste où l'ex-métropole ouvre les portes de ses universités aux étudiants de l'ex-Empire. La volonté de ne pas couper les liens avec les ex-colonies, et notamment avec leurs nouvelles élites dirigeantes, conduit la France à encourager l'installation d'étudiants, tandis que se met en place un système croisé de bourses françaises et de bourses nationales financées par les nouveaux États.