Indépendance des Comores
Notice
Le 6 juillet 1975, le président du Conseil du gouvernement des Comores Ahmed Abdallah proclame unilatéralement l'indépendance des quatre îles des Comores, après la décision prise par la France de conditionner l'indépendance du pays à un référendum réalisé pour chaque île et non plus pour l'ensemble de l'archipel. Le reportage réalisé pour le journal télévisé français s'efforce de justifier le traitement différencié de Mayotte par son particularisme historique et l'attachement des Mahorais à rester Français.
Éclairage
Parallèlement à l'annexion de Nossi-Bé et d'îles au nord-ouest de Madagascar, Mayotte est cédée en 1841 à la France puis annexée en 1843. De leur côté, la Grande Comore, Anjouan et Mohéli se voient imposer le protectorat français en 1886. Transformées en colonies, elles sont réunies en 1925 avec Mayotte, qui devient le chef-lieu des Comores.
En 1958, cet archipel reste à l'écart du mouvement de décolonisation. Alors que les territoires d'outre-mer (TOM) africains et malgache optent majoritairement après le référendum de 1958 pour le statut d'État de la Communauté et accèdent en 1960 à l'indépendance, les Comores choisissent de rester un TOM. Mais le statut de l'archipel évolue vers l'autonomie interne à la suite de la loi du 22 décembre 1961. Son architecte, Saïd Mohamed Cheikh, devient le premier président du Conseil du gouvernement. Il engage un mouvement qui éloigne Mayotte du pouvoir, en transférant en particulier la capitale à Moroni (Grande Comore). Sous l'impulsion de Marcel Henry est alors fondé le Mouvement Populaire Mahorais (MPM), qui revendique l'intégration séparée de Mayotte à la France.
Au cours des années 1960, le mouvement d'émancipation des peuples colonisés atteint les Comores, avec la création de partis indépendantistes, comme le Mouvement de Libération nationale des Comores, puis, après les grèves lycéennes de 1968, le Parti Socialiste des Comores. Les émeutes de mai 1972 à Madagascar conduisent au renversement de Tsiranana et provoquent une onde de choc dans l'archipel voisin. Le nouveau président Ramanantsoa obtient la révision des accords franco-malgaches et il soutient parallèlement le droit du peuple comorien à l'indépendance. La pression internationale s'intensifie en août 1972, lorsque le comité spécial de l'ONU inscrit les Comores sur la liste des territoires à décoloniser. Les principaux partis comoriens s'unissent en septembre pour l'accès à l'indépendance de l'archipel. L'assemblée territoriale élue en décembre 1972 donne alors mandat au Conseil de gouvernement pour négocier cette indépendance avec Paris. Le chef de l'exécutif Ahmed Abdallah s'engage dans cette démarche, tout en écartant de son gouvernement les membres du MPM, ce qui intensifie les revendications séparatistes à Mayotte. Ahmed Abdallah conclut avec le gouvernement Messmer les accords du 15 juin 1973 aux termes desquels la population des Comores est appelée à se prononcer dans les cinq ans sur l'indépendance de l'ensemble de l'archipel. Le référendum est organisé le 22 décembre 1974. Le oui à l'indépendance l'emporte à 95 % et seule l'île de Mayotte s'y oppose à près de 64 %. Mais le parlement français vote le 3 juillet 1975 une loi qui conditionne l'octroi de l'indépendance à l'approbation île par île d'un projet de constitution garantissant la personnalité politique et administrative des îles composant le futur État. En réaction, Ahmed Abdallah proclame le 6 juillet 1975 l'indépendance unilatérale des quatre îles des Comores.
Le reportage présenté ce même jour, et pour partie au moins avec des images déjà diffusées, s'attache à souligner le particularisme historique de Mayotte par rapport aux autres îles ainsi que l'attachement des Mahorais à la France. Le leader du MPM interviewé, M. Henry, souligne en ce sens la discrimination et les « répressions » dont ont été l'objet les Mahorais de la part du gouvernement comorien depuis le statut d'autonomie interne. Il s'agit ainsi de justifier le changement opéré par la France depuis les accords du 15 juin 1973 et l'élection du président Giscard d'Estaing en 1974, pour permettre le maintien séparé de Mayotte dans la République française, tandis que les autres îles des Comores accèdent à l'indépendance. Mais cette voie française n'est pas reconnue sur le plan international, avec l'admission des quatre îles des Comores à l'OUA dès le mois d'août, puis à l'ONU en novembre 1975.