Rescapés de Chandernagor
Notice
A Chandernagor, des convalescents, légionnaires et coloniaux d'Indochine (qui se battaient contre les armées japonaises en mars 1945), se font soigner dans un hôpital. Le général Leclerc visite le 5e Régiment d'infanterie coloniale (RIC) qui reçoit la croix de guerre et rend également visite aux soldats qui s'embarquent pour l'Indochine à bord des deux bâtiments : le Triomphant et le Richelieu.
Éclairage
Cet extrait est consacré à l'un des épisodes les plus méconnus de la Seconde Guerre mondiale et de la présence française en Indochine : l'occupation japonaise de la colonie (1940-1945) et la nécessaire Libération du territoire qui s'en suivit pour vaincre la troisième puissance de l'Axe. Autre élément méconnu que met en valeur ce document d'époque, l'existence de cinq comptoirs français en Inde (Pondichéry, Chandernagor, Mahé, Karikal et Yanaon) qui purent servir de base tant pour le repli des soldats et civils que pour le lancement d'opérations militaires d'envergure comme la reconquête de la péninsule en 1945 par le général Leclerc.
Volontiers emphatique, le commentaire de ce sujet du Magazine des Armées débute d'ailleurs par une rapide description chiffrée de Chandernagor qui a pour but de valoriser cette possession de l'empire ultramarin national pendant que des plans d'ensemble défilent à l'écran (panoramique de gauche à droite pour embrasser un point de vue maximal, vue en plongée d'un bâtiment officiel et enfin entrée du territoire avec les insignes de la République). S'il est traité avec distance (aucun opérateur français n'étant présent à l'époque en Indochine pour en rapporter des images, il est donc impossible d'évoquer l'actualité autrement qu'à l'aveugle et par « ouï-dire »), le traitement de la présence japonaise en Indochine est pourtant loin d'être généraliste et impersonnel, bien au contraire, l'angle ici choisi est celui du témoignage : celui d'un légionnaire rescapé d'un massacre collectif perpétré par les « Japs ». A lui seul, l'emploi de cette abréviation péjorative est d'ailleurs remarquable car il dénonce le caractère propagandiste de ce magazine, tout comme le choix d'un sujet axé sur un cas vécu dramatique pour accentuer l'horreur de la période. Car si le poids du récit du légionnaire repose sur son authenticité, sa mise en scène, elle, est extrêmement artificielle, jouant sur un effet de mise en abyme avec la représentation d'un auditoire de circonstance en la personne d'autres légionnaires qui opinent de la tête en écoutant des propos pour le spectateur inaudibles et se penchent sur le cou du survivant pour regarder une cicatrice valorisée par le montage grâce à un plan resserré autour de la nuque du rescapé.