Le "Saint Cyr vietnamien" [muet]

L'une des clefs de voûte de la stratégie française pendant la guerre d'Indochine est de procéder progressivement à une « vietnamisation » du conflit pour déplacer le poids financier et logistique de l'engagement militaire vers des unités combattantes composées de réguliers (soldats indigènes) voire le déplacer entre les mains des armées nationales des Etats associés. Autre vertu de la « vietnamisation » selon le discours officiel : convertir une guerre de reconquête coloniale en une opération de protection de l'indépendance fraîchement acquise des Etats associés face au rouleau compresseur vietminh.

Cette « vietnamisation » complète, en fournissant une élite militaire locale, la pratique ancienne du « jaunissement des troupes » (enrôlement de combattants locaux, supplétifs ou tirailleurs, issus des différentes ethnies d'Indochine pour venir fournir les rangs du Corps Expéditionnaire Français d'Extrême-Orient, insuffisant numériquement pour une implantation efficace sur l'ensemble du territoire), mais cette volonté de « vietnamiser » le conflit ne devient réellement effective qu'après le désastre de Cao Bang (1950), l'arrivée de De Lattre (1951) et l'émergence de Bao Dai comme force anti-vietminh.

En octobre 1950, ce dernier inaugure à Dalat « le Saint-Cyr vietnamien » destiné à former les officiers de l'armée nationale vietnamienne sous le commandement du général Nguyen Van Hinh que l'on voit, 3 ans plus tard, sur ces images, décorer un officier français (de dos, sans doute l'un des instructeurs) et prendre la parole à la tribune devant la promotion au complet. Le reste du montage montre en quelques plans une démonstration de force au tir à l'arc, puis un défilé filmé en un panoramique gauche-droite qui permet de prendre conscience du nombre d'officiers de l'armée nationale formés à Dalat en 1953.