La vallée de la Mekarra

20 décembre 1957
15m 22s
Réf. 01016

Notice

Résumé :

Au coeur de l'Oranie, dans la Vallée de la Mekarra à Sidi-Bel-Abbès, l'armée française met en place des activités médico-sociales : développement d'établissements sanitaires, formation professionnelle agricole des jeunes.

Type de média :
Date de diffusion :
20 décembre 1957

Éclairage

A partir de 1956, mais surtout de 1957, le SCA Algérie produit quelques films directement en Algérie dans un but d'action psychologique, suivant la création des 5e bureaux. C'est le cas de ce film, créé pour mettre en valeur les actions françaises dans la région de Sidi-Bel-Abbès et prévu pour être projeté dans le cadre d'opérations psychologiques sur place employant des causeries, des expositions de photographies et des distributions de nourriture dans le cadre des actions des Compagnies de hauts parleurs et tracts (voir Les Compagnies de hauts-parleurs et tracts ). Ces projections, effectuées par ces compagnies, mais aussi par des groupes civils dépendant du gouvernement général de l'Algérie, ont alors un rôle important pour sonder l'état de l'opinion dans une région particulière et pour tenter de « retourner » l'assemblée, notamment avant des opérations armées.

Le titre de début contient une faute : il s'agit de la vallée de la Mekerra, et non de la Mekarra, faute qui d'ailleurs a posé problème lors de la projection du film sur place. Sur les trois-quarts du film, on peut entendre une musique rassurante : Les quatre saisons de Vivaldi. On assiste ensuite à une sorte de catalogue des actions de l'armée dans la région de Sidi-Bel-Abbès, comme on peut le voir dans d'autres films généralistes mais appliqué ici à des éléments que les spectateurs connaissent : c'est là l'intérêt de ce dispositif particulier puisque les éléments de propagande ne restent pas théoriques mais sont au contraire concrètement mis en valeur dans des images que les spectateurs peuvent avaliser par eux-mêmes. Les « réalisations concrètes » sont privilégiées afin d'accréditer la réalité des actions, que ce soit dans le domaine sanitaire (« en 1956, plus de 60.000 visites ont été enregistrées, dont 58.000 visiteurs musulmans »), pédagogique (le centre de formation d'apprentis alliant sport et éducation), ou de la construction (les centres de regroupement autour de la SAS, les routes, les salaires...). On insiste sur le nom du professeur ou du docteur, « connu dans toute la contrée ». Comme dans toute propagande, il s'agit de « plier » le réel au discours. Par exemple, alors que les populations sont déplacées de force et leurs villages rasés, le speaker fait croire à une volonté populaire : « ce refus des contacts avec les bandes de terroristes et cette attraction naturelle vers nos postes facilitent peu à peu la création de communes nouvelles ». La proximité est toujours rappelée, ainsi que le but premier : la destruction des « rebelles » : « Le jeune instituteur mène de front le combat contre les hors-la-loi et l'oeuvre de pacification ». Alors que le FLN n'est jamais cité dans la propagande généraliste, il l'est ici : « Face au crime et aux destructions FLN, ces réalisations concrète, l'amélioration des conditions de vie et l'aide permanente apportée par l'armée ont ramené la confiance et revivifié la communauté franco-musulmane ». Un défilé dans la ville clôt le film sur une musique militaire, rappelant les différentes unités et les anciens combattants, tous unis avec la population pour « la défense et l'avenir de la nouvelle Algérie française ».

Sébastien Denis

Transcription

(Musique)
Journaliste
Au cœur de l’Oranie, la vallée de la Mekarra est l’artère naturelle de toute une région dont Sidi Bel Abbès est à la fois le cœur et le cerveau. La ville, berceau des traditions de la légion, a pris en quelques années une extension étonnante. C’est aujourd’hui la cinquième ville d’Algérie. Les problèmes sociaux s’en trouvent évidemment multipliés dans des proportions chaque jour croissantes. Le centre sanitaire, situé en plein cœur de la cité, est un établissement ultramoderne, qui en janvier 1954 ouvrait ses portes aux indigents ; détenteurs de cartes d’assistance médicale gratuite délivrée par les organismes municipaux.
(Musique)
Journaliste
Leur simple présentation ouvre les portes des salles de consultation, de médecine générale, de radiologie, de chirurgie, de soins aux enfants.
(Musique)
Journaliste
En 1956, plus de 60 000 visites ont été enregistrées dans 58 000 consultants musulmans, voilà un premier bilan. Mais guérir est une chose, éduquer en est une autre. C’est sur cet autre problème que les autorités de Sidi Bel Abbès se sont penchées. Réalisant une parfaite coopération entre civils et militaires, l’école polyvalente de formation professionnelle est destinée aux jeunes gens sans travail.
(Musique)
Journaliste
Animé par Monsieur [Chanchis] et par une équipe de moniteurs civils et militaires qui allient la compétence à la foi ; le centre enseigne la mécanique, l’électricité, l’ajustage, le tournage, aussi bien que la menuiserie et le bâtiment.
(Musique)
Journaliste
En 1957, l’école compte 200 élèves dont 160 musulmans. Percevant 13 000 francs par mois, après un an de stage ; ils possèdent les connaissances techniques suffisantes pour être placées dans une entreprise où ils auront la possibilité de devenir ouvriers qualifiés.
(Musique)
Journaliste
Les bâtiments modernes sont actuellement en construction qui vont donner à l’école une ampleur accrue et améliorer sensiblement les conditions de confort et de travail.
(Musique)
Journaliste
Quotidiennement, sports et formations intellectuelles sont menés simultanément avec l’instruction technique.
(Musique)
Journaliste
Ainsi se forgent jour après jour les techniciens et les futurs cadres qualifiés de l’Algérie, province française. Car dans toute la région, zone de la 13ème division d’infanterie, les chantiers sont en cours. Voici Boulay, en pleine construction et Boudjeba, village bâti autour de la SAS en quelques mois.
(Musique)
Journaliste
La population dispersée, lassée des exactions et des pressions du FLN, manifeste chaque jour davantage le désir de retrouver le calme en se groupant sous la protection de nos unités.
(Musique)
Journaliste
Ce refus des contacts avec les bandes de terroristes et cette attraction naturelle vers nos postes facilitent peu à peu la formation de communes nouvelles ; et accélèrent l’évolution sur tous les plans de cette population hier disséminée. Sur le plan de l’hygiène d’abord, que ce soit au Telagh, à Magenta, à Parmentier, à Baudin, à Satabia, partout, jour et nuit ; les médecins militaires, faisant face à de multiples difficultés matérielles, poursuivent sans relâche avec foi et enthousiasme leur œuvre magnifique.
(Musique)
Journaliste
Ils vont tantôt dans les douars les plus proches, tantôt au bordj de la SAS où se pressent femmes et enfants.
(Musique)
Journaliste
Le docteur Lemaire, que voici à la SAS de Magenta est aujourd’hui connu dans toute la contrée. Partout s’ouvrent des dispensaires, partout se multiplient les salles de consultation. Les médecins de la 13ème division, en plus de leur travail purement militaire dans les unités, donnent régulièrement plus de 2 500 consultations par mois.
(Musique)
Journaliste
La construction des villages marche de pair. Les jeunes officiers des SAS conseillent les fellahs, coordonnent les travaux et se préoccupent tout particulièrement de la formation des jeunes, avenir de notre province d’Algérie.
(Musique)
Journaliste
Cette école de fortune a été installée près d’un escadron du neuvième hussard, et le jeune instituteur mène de front le combat contre les hors-la-loi et l’œuvre de pacification. Un des recasement type de population est celui de la Louza, à 30 kilomètres au sud de Sidi Bel Abbès. Après une opération menée par le deuxième bataillon de tirailleurs algériens et aboutissant à la destruction d’une forte bande rebelle près de Tenira ; la population a demandé à se regrouper au cœur de la vallée. Tout était à faire, choisir d’abord un point d’eau valable, condition première. Trouver ensuite une position assez élevée, facilement défendable et près d’une route. Tracer les chemins d’accès et lancer les travaux d’habitats pour 2 000 personnes, ouvrir une école.
(Musique)
Journaliste
Il fallait aussi rétablir en même temps que la confiance, des conditions d’existence et de travail normal en plaçant le regroupement au centre des terres cultivables.
(Musique)
Journaliste
Tout cela, le capitaine Ali l’a réalisé en un temps record. Les hommes de sa compagnie en plus des patrouilles, des embuscades, des opérations conseillent la population et l’aident à construire le village de demain. Sans attendre une aide financière quelconque, ni un problématique secours du ciel, il faut réaliser, agir, et agir vite. Tel est le désir de ces hommes qui ont décidé de créer et de bâtir. Aux anciennes constructions provisoires se substituent les mechtas de pierre.
(Musique)
Journaliste
La Louza sera bientôt comme Rochambeau, ce village est aujourd’hui presque achevé. Il est l’œuvre du capitaine Gaston du troisième bataillon du 21ème d’infanterie, agissant en liaison avec les autorités civiles de la commune. Les dernières maisons se construisent. 3 000 personnes disposent maintenant de mechtas correctes, d’une infirmerie, d’une organisation communale et profitent du calme retrouvé.
(Musique)
Journaliste
D’autres chantiers sont ouverts sur le territoire de la division pour la construction de routes. Celui-ci est entrepris par le 63ème bataillon du génie. Il fournit du travail à 150 musulmans, et a pour but de faciliter l’accès de la région du Tessala, chaîne montagneuse séparant la vallée de la Mekarra de la plaine d’Oran.
(Musique)
Journaliste
Face aux crimes et aux destructions FLN, ces réalisations concrètes, l’amélioration des conditions de vie, et l’aide permanente apportée par l’armée ont ramené la confiance ; et revivifié la communauté franco-musulmane.
(Musique)
Journaliste
Le 11 novembre, 25 000 personnes se sont rassemblées à Sidi Bel Abbès sur l’immense place des Glacis nord. Le Général Gonse et le Colonel Thomas, commandant le premier régiment étranger d’infanterie, passent les troupes en revue dans une ambiance ; que la ville n’avait pas connue depuis des années. 10 000 musulmans étaient venus de tous les quartiers et des localités environnantes pour participer à cet hommage rendu aux combattants.
(Musique)
Journaliste
Le 1er étranger ouvrait magistralement le défilé, suivi des 21ème et 129ème d’infanterie. Des unités territoriales, des cavaliers, des artilleurs, de la nouba du 2ème RTA, des tirailleurs, des harkis.
(Musique)
Journaliste
Les hélicoptères légers et lourds survolaient cet ensemble de 5 000 hommes. Puis, vint la masse des anciens combattants affluant de partout. Ils étaient là par centaine, les anciens de 14-18, ceux de 39-45, ceux des combats de Tunisie, d’Italie, de France et de toutes les batailles où s’est joué le destin du pays.
(Musique)
Journaliste
Grâce à la reprise des contacts humains, la population de Sidi Bel Abbès a retrouvé musulmans et Européens côte à côte ; la joie et l’enthousiasme d’une communauté et d’une amitié, gage d’un avenir de prospérité. Tel est le résultat de la lutte quotidienne que mènent ces hommes de la 13ème division d’infanterie ; au coude à coude avec leurs camarades musulmans et avec l’aide de la population. Tous ensembles dans un effort commun, animés d’un même enthousiasme, soutenus par la même foi en la France, ils poursuivent aujourd’hui l’œuvre humaine de pacification ; et assurent ainsi la défense et l’avenir de la nouvelle Algérie française.
(Musique)