La vallée de la Mekarra
Notice
Au coeur de l'Oranie, dans la Vallée de la Mekarra à Sidi-Bel-Abbès, l'armée française met en place des activités médico-sociales : développement d'établissements sanitaires, formation professionnelle agricole des jeunes.
- Armée > Contrôle des populations > Action psychologique et propagande
- Armée > Cérémonies > Défilé militaire
- Armée > Cérémonies > Remise de décoration
- Armée > Militaires > Troupes coloniales et supplétifs
- Economie > Bâtiment et travaux publics
- Economie > Transports
- Société > Déplacements de population > Réfugiés
- Société > Education
- Société > Santé et soins médicaux
- Société > Soldats > Anciens combattants
- Vie politique > Partis et mouvements politiques > Indépendantistes > FLN
Éclairage
A partir de 1956, mais surtout de 1957, le SCA Algérie produit quelques films directement en Algérie dans un but d'action psychologique, suivant la création des 5e bureaux. C'est le cas de ce film, créé pour mettre en valeur les actions françaises dans la région de Sidi-Bel-Abbès et prévu pour être projeté dans le cadre d'opérations psychologiques sur place employant des causeries, des expositions de photographies et des distributions de nourriture dans le cadre des actions des Compagnies de hauts parleurs et tracts (voir Les Compagnies de hauts-parleurs et tracts ). Ces projections, effectuées par ces compagnies, mais aussi par des groupes civils dépendant du gouvernement général de l'Algérie, ont alors un rôle important pour sonder l'état de l'opinion dans une région particulière et pour tenter de « retourner » l'assemblée, notamment avant des opérations armées.
Le titre de début contient une faute : il s'agit de la vallée de la Mekerra, et non de la Mekarra, faute qui d'ailleurs a posé problème lors de la projection du film sur place. Sur les trois-quarts du film, on peut entendre une musique rassurante : Les quatre saisons de Vivaldi. On assiste ensuite à une sorte de catalogue des actions de l'armée dans la région de Sidi-Bel-Abbès, comme on peut le voir dans d'autres films généralistes mais appliqué ici à des éléments que les spectateurs connaissent : c'est là l'intérêt de ce dispositif particulier puisque les éléments de propagande ne restent pas théoriques mais sont au contraire concrètement mis en valeur dans des images que les spectateurs peuvent avaliser par eux-mêmes. Les « réalisations concrètes » sont privilégiées afin d'accréditer la réalité des actions, que ce soit dans le domaine sanitaire (« en 1956, plus de 60.000 visites ont été enregistrées, dont 58.000 visiteurs musulmans »), pédagogique (le centre de formation d'apprentis alliant sport et éducation), ou de la construction (les centres de regroupement autour de la SAS, les routes, les salaires...). On insiste sur le nom du professeur ou du docteur, « connu dans toute la contrée ». Comme dans toute propagande, il s'agit de « plier » le réel au discours. Par exemple, alors que les populations sont déplacées de force et leurs villages rasés, le speaker fait croire à une volonté populaire : « ce refus des contacts avec les bandes de terroristes et cette attraction naturelle vers nos postes facilitent peu à peu la création de communes nouvelles ». La proximité est toujours rappelée, ainsi que le but premier : la destruction des « rebelles » : « Le jeune instituteur mène de front le combat contre les hors-la-loi et l'oeuvre de pacification ». Alors que le FLN n'est jamais cité dans la propagande généraliste, il l'est ici : « Face au crime et aux destructions FLN, ces réalisations concrète, l'amélioration des conditions de vie et l'aide permanente apportée par l'armée ont ramené la confiance et revivifié la communauté franco-musulmane ». Un défilé dans la ville clôt le film sur une musique militaire, rappelant les différentes unités et les anciens combattants, tous unis avec la population pour « la défense et l'avenir de la nouvelle Algérie française ».