Le 3e RCA en Algérie, juillet 1957 - Film de Robert Coquelet [muet]
Notice
Film tourné par Robert Coquelet. Le 3e RCA (Régiment de chasseurs d'Afrique) mène diverses opérations dans le djebel. Il participe aussi à plusieurs cérémonies militaires.
Éclairage
Robert Coquelet est né le 14 novembre 1920. Après son bac au lycée Carnot de Tunis, il s'engage dans l'armée. En 1940, il entre à l'école de sous-officiers de Saint-Cyr, installée à Tarbes. Il participe aux premières opérations contre Rommel en Tunisie puis, avec la deuxième division blindée dirigée par le général Leclerc, au débarquement de Normandie et à la Libération de Strasbourg. Après guerre, il se retrouve en garnison en Tunisie et à Bizerte et continue sa carrière en s'engageant à la Légion étrangère. Il part en 1951 en Indochine avec le Premier régiment étranger de cavalerie. En 1954, il est affecté à Ravensbrück et en avril 1956, en tant que capitaine, chef d'escadron, en Algérie à l'Arba sous les ordres du colonel Argoud. Il quitte l'armée en 1958 pour entrer dans la vie civile.
Robert Coquelet passe son enfance dans une famille où règne la passion de l'image. Il fait d'abord de la photo avant d'utiliser la caméra pour la première fois en Indochine. En Algérie, le colonel Argoud lui demande d'utiliser la Paillard 16mm du régiment pour constituer des archives.
Le film choisi a été tourné en 1957. Robert Coquelet est en Algérie depuis près d'un an. Son filmage est représentatif de l'ensemble des autres films qu'il a rapportés de son séjour algérien. Plusieurs thèmes se partagent les séquences ; les prises d'armes et cérémonies, dont la première en présence du général Massu, ce sont les plus nombreuses, toujours enregistrées du côté du commandement, et les opérations dans le djebel avec la population de l'Arba.
Les images des cérémonies officielles renvoient à un imaginaire emblématique du monde colonial. Plans fixes et panoramiques structurent un espace bien organisé, cloisonné, où militaires et population maghrébine occupent une place strictement attribuée, ce qui laisse sourdre une tension entre le colonisé et le colonisateur. Les enfants sont avec leur école et, parmi les hommes, on voit ceux qui ont fait la guerre 39-45, arborant fièrement leurs médailles. Les femmes sont absentes, excepté celles, souriantes, des officiers sédentaires des Sections administratives spécialisées (SAS) qui venaient avec leur famille. Le regard que porte Robert Coquelet sur le monde qui l'entoure est celui d'un officier qui a reçu comme mission de réaliser les archives du régiment. C'est pour cette raison qu'une grande place est donnée aux défilés et cérémonies officielles ; ce qui nous rappelle qu'une des missions de ce régiment était de montrer à la population la présence de l'armée française. Néanmoins, à plusieurs reprises, la caméra se pose et isole dans ces rassemblements de population quelques beaux portraits d'hommes et d'enfants.
Le djebel occupe une autre grande partie de ce film. Le regard de Robert Coquelet se fait documentaire à travers des panoramiques, des plans d'ensemble, des vues aériennes prises d'hélicoptère, il dessine les contours du territoire dans lequel son régiment se déplaçait : la partie montagneuse de l'Atlas tellien près de Blida. Il place au cœur des images les hommes de son escadron. Il s'agit uniquement d'appelés du contingent jeunes et souriants, qui s'amusent devant la caméra car ils aiment à se faire filmer. Sans doute est-ce une façon de continuer à exister et de rejeter hors champ la réalité de la guerre. Ces corps de soldat laissent poindre l'image de l'homme nouveau des années soixante. Cette génération qui avait vingt ans pendant la guerre d'Algérie est celle qui se donne à voir dans les films de la Nouvelle Vague.