Embarquement des réfugiés harkis à destination de la métropole [muet]

14 novembre 1962
01m 51s
Réf. 01007

Notice

Résumé :

Images non montées filmées à Bône, et montrant des familles entières de Harkis embarquées à destination de la métropole.

Type de média :
Date de diffusion :
14 novembre 1962

Éclairage

Ces rushes très courts ont été tournés le 14 novembre 1962 dans le port de Bône. Le compte rendu de l'opérateur est le suivant : « Dans la région de Bône, un camp de réfugiés est protégé et administré par le 1er bataillon du 26e RIM. Petit à petit ces réfugiés, qui sont des familles de harkis, sont embarqués pour la France. C'est sous un temps pluvieux que nous avons pu assister au départ d'une centaine de ces familles. -Au camp: elles montent dans les camions. -Passage des véhicules entre le camp et Bône. -Dans le port de Bône; les familles descendent des camions. -Elles embarquent dans un cargo affecté par la France: Le Pumier ». On notera que dans les rushes existants, le départ du camp est absent. Ces rares images d'embarquement de harkis sont assez tardives ; pathétiques, elles montrent des familles entières en train de monter dans le bateau, le regard perdu. Le sort des harkis est ici « positif » ; dans bien des cas ils n'ont pas été protégés par l'armée française et ont été assassinés, jugés comme traîtres par les Algériens après le 19 mars 1962 et jusqu'après l'indépendance. Aujourd'hui encore ils sont considérés comme traîtres en Algérie. Comme le disait Pierre Vidal-Naquet le 12 novembre 1962 dans Le Monde, soit deux jours avant le tournage de ces rushes, « En enrôlant les harkis, en en faisant un instrument de la politique de répression, le gouvernement et l'armée ont compromis, pour l'instant irrémédiablement, ces hommes aux yeux de leurs compatriotes. (...) Les résistants algériens ont sans doute le droit de mépriser les harkis et de les tenir pour des traîtres, le gouvernement français ne l'a pas. Et il est d'ailleurs trop évident que ces hommes, même ceux qui ont commis, sur ordre, des crimes, sont des victimes autant que des coupables, des victimes de l'ordre colonial et du mythe de l'Algérie française auxquels certains ont pu croire ».

Sébastien Denis