Exode des catholiques
Notice
Les Catholiques vietnamiens, hommes, femmes et enfants, à bord de radeaux et de sampans, sortent des eaux territoriales du Vietminh sur le Fleuve rouge.
Éclairage
Les accords de paix qui clôturent la conférence de Genève (21 juillet 1954) ne mettent pas seulement un terme à la guerre d'Indochine, mais, en divisant le pays le long du 17e parallèle, ils précipitent le déplacement massif de population en direction de l'une ou l'autre des deux zones. En effet, les accords prévoient un délai de 300 jours au terme duquel les Vietnamiens doivent avoir choisi définitivement dans quelle aire ils désirent à l'avenir vivre.
Le flux le plus important reste celui des Vietnamiens du Nord vers le Sud, 1 million de civils quittent ainsi l'ex-Tonkin devenu République Démocratique du Vietnam d'obédience communiste pour rejoindre l'ex-Cochinchine, devenue République du Vietnam sous la tutelle américaine (contre à peine 20 000 personnes optant pour le sens inverse). Parmi les communautés les plus concernées par cet exode, celle des Catholiques est de loin la plus touchée : 65 % d'entre eux préfèrent l'exil vers le Sud.
Ce sujet des Actualités cinématographiques s'attarde en particulier sur le sort de ces familles, victimes collatérales de la défaite française. Les vues de ces embarcations de fortune dans lesquelles s'entassent des réfugiés au risque de leur vie apparaissent, en octobre-novembre 1954 comme les premières images de boat-people. « Fuir le régime d'Ho Chi Minh », « évacuation », « sauvetage », « détresse », « drame humain » sont autant d'éléments de langage employés par un commentaire, appuyé par une musique dramatique, pour exprimer une situation d'urgence humanitaire qui stigmatise la menace communiste tout en soulignant l'assistance portée par la Marine française. Par un habile revirement de propos, mis en scène à grand renfort de plans sur des bébés à demi-nus ou de jeunes enfants, la situation présentée n'est plus le reflet de la défaite française et de l'incapacité à protéger des populations (r)alliées, mais le spectacle désastreux de la menace communiste.