Le Katanga
Notice
Le reportage des Actualités françaises présente la situation au Katanga, au lendemain de sa reconquête par les casques bleus de l'ONU. Il interroge un représentant de l'Union minière qui a soutenu la sécession sur sa vision de la réintégration du Katanga à la République du Congo.
Éclairage
La mort de l'ancien Premier ministre Lumumba au Katanga le 17 janvier 1961 a soulevé l'indignation de la communauté internationale. Le président du Katanga, Moïse Tshombe, soutenu par l'union minière qui lui assure son indépendance financière, par Bruxelles et officieusement par Paris, est accusé d'être responsable de cet assassinat. Mais les autorités de Léopoldville, depuis le colonel Mobutu qui a pris le pouvoir en septembre 1960 et bénéficie du soutien américain jusqu'au président Kasavubu qui rétablit un gouvernement en février 1961, sont également critiquées sur la scène internationale. Ce sont elles qui ont décidé du transfert de Lumumba vers le Katanga. Les pays du bloc communiste et certains membres du groupe afro-asiatique reconnaissent le gouvernement nationaliste de Gizenga, ancien Vice-premier ministre de Lumumba, comme le représentant légal du Congo contre le gouvernement de Léopoldville reconnu par l'Organisation des Nations-Unies (ONU) en la personne du président Kasavubu. Le Congo est devenu l'élément de fixation de la guerre froide en Afrique, où chaque bloc joue son pion. Il est dirigé par des autorités rivales, depuis celle de Kasavubu à Léopoldville à celle de Gizenga à Stanleyville, en passant par les deux États sécessionnistes : le Katanga de Tshombe et le Sud-Kasaï de Kalonji. Le pays est en proie à la guerre civile tandis que les casques bleus s'efforcent de maintenir des « zones neutres ». L'ONU fait évoluer sa position vers une intervention plus active. Le conseil de sécurité appelle à la restauration des institutions politiques conformément à la Loi Fondamentale et le projet de réconciliation nationale soutenu par Kasavubu est encouragé. Après l'écrasement des nationalistes au nord du Katanga au printemps 1961, l'Union soviétique n'apporte qu'un soutien limité à Stanleyville et elle accepte le compromis. Le président Kasavubu nomme un gouvernement d'union nationale, sous la direction de Cyrille Adoula, qui allie une partie des nationalistes de Stanleyville (dont Gizenga) aux politiques de Léopoldville. L'ONU soutient ce nouveau gouvernement d'union. Le 24 novembre 1961, le conseil de sécurité décide d'engager militairement les forces des Nations Unies pour forcer le Katanga à réintégrer la République unifiée du Congo et mettre fin aux activités sécessionnistes, ce qu'elle avait refusé à Lumumba.
Le reportage des Actualités françaises présente cette reconquête du Katanga par les forces onusiennes en janvier 1963, dans la capitale Elisabethville et dans le reste du territoire. Les casques bleus ont remplacé les gendarmes katangais qui étaient composés de troupes belgo-katangaises et de mercenaires. Les combats se sont concentrés dans les quartiers africains et de l'union minière, comme l'indique le directeur de la piscine, qui dénonce la violence des casques bleus éthiopiens. Le reportage souligne l'afflux des réfugiés, qui partent parfois vers la Rhodésie, et l'aspect désormais exsangue de l'armée katangaise. Le reporter se focalise sur l'enjeu de la sécession puis de la réintégration katangaise : la maîtrise de l'Union minière du Haut-Katanga (UMHK), qui joue un rôle primordial dans la production mondiale de cuivre et de cobalt et dans l'économie congolaise. La sécession du Katanga le 11 juillet 1960, quelques jours seulement après l'indépendance, a en effet permis à l'UMHK de maintenir son contrôle sur la production, en s'associant avec Moïse Tshombe, dont l'État bénéficie des recettes fiscales qui devraient revenir au Trésor. Cette alliance entre Tshombe, l'UMHK et les colons belges leur permet de décrire le Katanga comme une « oasis de paix » par rapport au désordre congolais. Mais cette sécurité qui importe à l'UMHK pour la réalisation de son activité est obtenue grâce à une centralisation et une militarisation du pouvoir, dont témoigne l'unanimisme autour de Tshombe. Le représentant de l'UMHK rappelle cet impératif de sécurité pour l'avenir.