Visite de François Mitterrand à Mont-de-Marsan
Notice
En visite à Mont-de-Marsan à l'occasion de l'inauguration des nouveaux locaux du Conseil général, le Président de la République, François Mitterrand, a réaffirmé sa politique de décentralisation et redéfinit son rôle, lors d'un discours adressé aux Landais.
Éclairage
François Mitterrand, chef de l'Etat, très attaché à un département bien ancré à gauche où il réside depuis des années lors de ses congés, vient inaugurer le nouvel hôtel du Conseil général des Landes aux côtés d'un fidèle, Henri Emmanuelli, pilier du Parti socialiste. Il se félicite d'une décentralisation qu'il considère comme l'une des plus importantes réalisations de son premier septennat. Les lois de décentralisation, votées à partir de 1982, sont réellement appliquées depuis 1984-86 et la visite dans les Landes recouvre une dimension toute symbolique. Les nouveaux bâtiments inaugurés représentent l'émergence réelle d'un pouvoir local plus fort, qui jusqu'alors restait quelque peu étouffé par l'emprise de la tutelle préfectorale.
En même temps, cette visite se situe lors des premières semaines de la première cohabitation, après la victoire de la droite lors des élections législatives du 16 mars 1986. François Mitterrand lance dans son discours quelques piques à la droite gouvernementale menée par Jacques Chirac. Il souligne notamment qu'après avoir combattu les lois de décentralisation, celle-ci en profite et s'y convertit bien vite. Il sous-entend même qu'elle en détourne l'esprit dans des objectifs « partisans » qui n'étaient pas ceux désirés. Enfin, il rappelle, indirectement encore, ce qu'est pour lui son rôle de chef de l'Etat dans le jeu d'un pouvoir exécutif à deux têtes, celui d'un rassembleur, garant de l'unité de la nation, mais aussi gardien des libertés. Il lance ici un avertissement à Jacques Chirac, son Premier ministre, qui dirige le pays et qui voudrait réduire le rôle du président de la République. Chacun de ses voyages en province sera l'occasion pour François Mitterrand de souligner ses désaccords avec le Premier ministre et un moyen de maintenir le lien avec la population comme en témoigne le bain de foule lors de ce voyage en terre amie. Ce reportage reflète parfaitement le jeu politique de François Mitterrand entre 1986 et 1988 : libéré des contraintes de la gestion quotidienne du pays, il lance quelques critiques à demi-mot vers ses adversaires, se maintient dans sa fonction présidentielle en se plaçant en homme du rassemblement et conserve un lien direct avec l'opinion via des visites en province.