Retrouvailles de Juifs accueillis à Fougerolles-du-Plessis
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Des Juifs qui avaient été cachés à Fougerolles-du-Plessis pendant la Seconde Guerre mondiale quand ils étaient enfants sont revenus ce week-end dans le village. Témoignage de certains d’entre eux, de leur ancienne institutrice et de descendants de ceux qui les avaient protégés, illustrés de photos d’archives.
Date de publication du document :
01 sept. 2021
Date de diffusion :
29 sept. 1997
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Contexte historique
ParDirecteur des archives départementales de la Mayenne
Publication : 01 sept. 2021
Sa position éloignée des frontières avait épargné à la Mayenne des combats sur son sol au cours de la Première Guerre mondiale. Lorsque la situation politique en Europe se tend de nouveau, elle joue même un rôle de terre d'accueil, dès 1939 pour des républicains espagnols fuyant le franquisme, parmi lesquels le futur chanteur Leny Escudero. L’invasion allemande, pendant la « drôle de guerre » puis l’exode de 1940, pousse d’autres familles, françaises, notamment en provenance de l’Aisne, à y trouver refuge.
La commune de Fougerolles-du-Plessis, aux confins de la Normandie et de la Bretagne, surtout connue pour être la patrie du peintre Marin Marie, s’est particulièrement illustrée pendant les années d’Occupation, mais cette histoire était tombée dans l’oubli. Elle est redécouverte par hasard à la fin de l’été 1995. Denise Piernikarz, une sexagénaire, demande à la mairie de Fougerolles une attestation pour un séjour qu’elle y a fait, enfant. Deux ans de recherches permettent de découvrir plusieurs autres cas, tant et si bien que les 27 et 28 septembre 1997, la mairie organise une rencontre entre les « Enfants cachés » et leurs familles d’accueil, suivis par les caméras du journal télévisé de France 3 Pays de la Loire.
Le régime de Vichy, installé à l’été 1940, collabore avec l’occupant nazi et instaure progressivement une politique de discrimination puis d’extermination marquée par deux lois « portant statut des Juifs » en octobre 1940 et juin 1941. Au printemps 1942, la situation à Paris devient de plus en plus inquiétante, comme en témoigne la « rafle du Vel' d'Hiv' » en juillet. Les associations juives, alertées par le contexte, entreprennent des opérations de sauvetage d’enfants. Parmi elles, l’Œuvre de secours aux enfants (OSE) recherche des familles d’accueil, dans des lieux à l'écart des principales voies de communication et des grandes agglomérations. Elle prend en charge les enfants, assure leur transport en car et leur placement.
Les familles, le maire, le médecin et le curé savent que les « petits Parisiens » qu’ils accueillent sont juifs, mais ne semblent pas mesurer totalement les risques qui pèsent sur eux si l’Occupant le découvre. Pourtant, les enfants fréquentent généralement la classe de Mme Pinson sous leur vrai nom et partagent la vie de leurs petits compagnons. Malgré la rupture brutale avec leur famille et la rudesse du travail aux champs et de la vie à la campagne, qui ne connaît pas encore le confort de la ville (électricité, sanitaires), les enfants témoignent après-coup d’une parenthèse sécurisante dans le fracas de la guerre. Une assistante sociale, Gabrielle Nissim, les visite régulièrement sous le faux nom de Claire Yvonne Marchand.
Les premiers enfants arrivent à la fin du printemps 1942, d’autres suivent jusqu’à mi-décembre 1944 ; ils quittent la Mayenne entre 1944 et 1945. Au moment du reportage, 23 enfants ont été identifiés, dont neuf participent à la journée de retrouvailles. Les recherches se sont poursuivies encore dix ans pour aboutir à un total de 36 enfants âgés de quelques mois à 13 ans, accueillis dans 21 familles, pour un village qui compte alors 1 800 habitants. Ces recherches, qui ont littéralement fait redécouvrir cette page discrète de l’histoire de Fougerolles, ne sont pas sans conséquence. L’institut pour la mémoire de la Shoah situé à Jérusalem, Yad Vashem, attribue des médailles de Justes parmi les nations aux personnes non-juives ayant risqué leur vie pour sauver des Juifs sous l’Occupation. Trois couples fougerollais en ont été décorés à titre posthume, en présence de leurs enfants et des autorités : Joseph et Marie Triguel en 2006, Germaine et Victor Lefèvre en 2012, Valentine et Eugène Paillard en 2015.
Tandis que des Mayennais, comme Félix Grat, s’étaient engagés dans les corps francs dès les premiers mois de la guerre, le reportage rappelle aussi le danger encouru par les Résistants, à Fougerolles comme ailleurs. La Mayenne a connu d’autres Justes : Denise et André Counord, mais aussi des Résistants tels Édouard Bonnefoy, Jacques-Félix Bussière, Arsène Doumeau, Francis Le Basser, Marcel Le Roy, Louis Noguères, ainsi que les centaines d’anonymes auxquels rendent hommage la rue des Déportés à Laval ou encore la rue des Martyrs de la Résistance à Château-Gontier. Le Mémorial des Déportés de la Mayenne, administré par l’association du même nom et situé à Mayenne, possède un Espace Mémoire dans lequel un Mur des Noms rend hommage aux 540 personnes nées, domiciliées et/ou arrêtées en Mayenne et qui ont été déportées en camp de concentration ou d'extermination.
Bibliographie
Sur l’Occupation et l’antisémitisme en France
- Tal Bruttmann, Au bureau des affaires juives : l'administration française et l'application de la législation antisémite (1940-1944), Paris, La Découverte, coll. « L'espace de l'histoire », 2006.
- Laurent Joly, « Tradition nationale et "emprunts doctrinaux" dans l'antisémitisme de Vichy », Michele Battini et Marie-Anne Matard-Bonucci (dir.), Antisemitismi a confronto : Francia e Italia. Ideologie, retoriche, politiche, Pise, Edizioni Plus / Pisa University Press, 2010, p. 139-154.
Sur l’Occupation et la Libération en Mayenne
- Jean Steunou, La libération de la Mayenne, juin-juillet-août 1944, Laval, Archives départementales de la Mayenne, dossier du service éducatif, 1994.
- Francis Robin, La Mayenne de 1940 à 1944. Occupation, Résistance, Libération, Laval, Archives départementales de la Mayenne, 2003, 3e éd.
- Joël Surcouf (éd.), L’Occupation et l’après-guerre à Laval. Journal de Félix Désille, 1939-1952, Laval, Archives départementales de la Mayenne, 2015.
- Libération 6 juin-6 août 1944. Histoire et art séquentiel, Laval, Archives départementales de la Mayenne, catalogue de l’exposition aux Archives départementales de la Mayenne du 18 septembre 2019 au 17 janvier 2020, réalisée par la classe de 1ère L1 du Lycée Douanier Rousseau de Laval.
- Destins brisés. Itinéraires de Juifs en Mayenne 1939-1945, exposition au Mémorial des Déportés de la Mayenne, du 3 octobre 2020 au 18 décembre 2021.
Sur les « Enfants cachés » de Fougerolles-du-Plessis
- Valérie Balluais, Les enfants juifs cachés en Mayenne sous l'Occupation, Rennes, université de Rennes 2 (mémoire de maîtrise en histoire), 2004, 192 p.
- Valérie Balluais, « Les enfants juifs cachés en Mayenne sous l'Occupation », L’Oribus, 2006, n° 66, p. 5-44.
Transcription
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