Le patrimoine industriel du Nord-Pas-de-Calais
Notice
Reportage à Lille sur le colloque au sujet du patrimoine industriel du Nord - Pas-de-Calais en particulier celui des Houillères dans le Bassin minier. Des spécialistes étrangers ont présenté les résultats de leurs études. Kenneth Hudson, spécialiste anglais d'archéologie industrielle, explique que le patrimoine industriel est aussi une part importante de l'industrie touristique. Dans la deuxième journée, spécialistes et élus, dont Pierre Mauroy et Noël Josèphe président de l'Office Culturel Régional et l'Éducation Permanente (ORCEP), qui est interviewé à ce propos, s'interrogeront sur les orientations à donner dans la politique régionale. Enfin, une exposition à la mairie de Lille a été réalisée par l'Écomusée du Creusot.
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Éclairage
Ce reportage prend une résonance particulière dans le cadre de la démarche d'inscription du Bassin minier au titre de Patrimoine mondial par l'Unesco. Il relate en effet un colloque tenu en 1979 à Lille autour de la notion, alors toute nouvelle en France, de patrimoine industriel. L'extrait s'articule autour de deux interviews entrecoupées d'images du colloque et précédées d'illustrations du paysage minier.
Les paysages présentés au début sont situés à Lens ou à proximité. Deux chevalements sont présentés : d'abord celui de la fosse n°3 du groupe de Lens, puis celui de la fosse n° 1 du groupe de Liévin, tous deux sur la commune de Liévin. Ces deux chevalements, contemporains (1922), sont aujourd'hui préservés et inscrits par l'Unesco, mais un peu isolés comme des totems mémoriaux au sein d'une vaste zone industrialo-commerciale. Les images suivantes, complétant le paysage minier, montrent les cités Saint-Pierre (ou des Provinces), attachées à la fosse n° 11 du groupe de Lens à Lens, puis l'église Saint-Pierre et le groupe scolaire Louis Pasteur dans le même quartier. Si l'église a été détruite en 1987, le groupe scolaire et la cité ouvrière environnante sont inclus dans le périmètre classé par l'Unesco depuis 2012.
Vient ensuite l'interview de Kenneth Hudson. Cet historien britannique de l'Université de Bath est un précurseur de ce que l'on appelle alors encore l'archéologie industrielle car les premiers travaux, qui ont surtout concerné l'exhumation de vestiges de la première sidérurgie du XVIIIème siècle (premiers hauts fourneaux notamment), s'apparentaient à des fouilles archéologiques. L'expression "patrimoine industriel", d'ailleurs également utilisée dans le reportage, s'est aujourd'hui largement substituée à celle "d'archéologie industrielle". Kenneth Hudson est par ailleurs le fondateur de la revue Journal of Industrial Archaeology en 1964 et de l'Association for Industrial Archaeology en 1973, toutes deux références mondiales en la matière. Son discours évoque une mise en valeur touristique du patrimoine industriel, une des premières à avoir été expérimentée au Royaume-Uni, dès les années 1970. Si le Royaume-Uni est en avance dans ce domaine, c'est parce qu'il est le berceau de la Première Révolution industrielle, et que l'industrialisation est associée à l'apogée victorienne du pays.
Suivent ensuite des images des participants au colloque (dont Pierre Mauroy, alors maire de Lille, président du Conseil Régional du Nord - Pas-de-Calais et député du Nord). Les spécialités de recherche mentionnés, l'histoire et les archives pour l'aspect mémoriel, la géographie pour l'aspect territorial et paysager, et l'architecture pour l'aspect technique, semblent un peu restrictives par rapport aux acceptions actuelles, beaucoup plus larges, du patrimoine industriel. Ses thématiques rassemblent en effet aujourd'hui bien d'autres disciplines, comme l'économie, la sociologie, l'aménagement du territoire, etc.
L'interview de Noël Josèphe, élu local alors président de l'Office Régional de la Culture et l'Éducation Permanente (ORCEP), lui permet de souligner la "nécessité de garder des traces concrètes de cette importante partie de l'histoire régionale" dans un contexte de déclin minier. En effet, si l'activité minière et la civilisation industrielle, présentées comme un "fait culturel majeur" dès le début de l'extrait, voient leur rôle économique diminuer au moment du reportage, elles restent consubstantielles de l'identité régionale.
Enfin, les dernières images du reportage présentent une exposition photographique organisée par l'équipe qui a réalisé l'Écomusée du Creusot, précurseur en matière de patrimoine industriel en France puisque créé dès 1972 au cœur du plus ancien bassin industriel français. Il s'agit ici de sensibiliser le grand public en montrant, au-delà du patrimoine seul, les possibles réutilisations des anciens bâtiments miniers et industriels.
Cette volonté de toucher le grand public semble toutefois ne pas avoir été tout de suite couronnée de succès, car les destructions ont été nombreuses durant les années 1980 et le début des années 1990, avant que les vestiges miniers soient véritablement reconnus, non seulement par les spécialistes, mais aussi par les habitants et leurs élus, comme un véritable patrimoine.