Début de matinée de la femme de mineur
Notice
Jacques Krier est allé à la découverte d'une famille de mineurs, les Flahaut, à la cité 14 de Bruay-en-Artois. Gisèle Flahaut est la première levée du foyer. Elle allume le feu et prépare le café. Au fur et à mesure, les enfants qui travaillent à la mine se lèvent.
Éclairage
En 1958, Jacques Krier est allé à la découverte d'une famille de mineurs, les Flahaut, à Bruay-en-Artois (aujourd'hui Bruay-la-Buissière). Pour la première fois à la télévision, ce remarquable documentaire fait découvrir à la France entière le quotidien de cette famille. Le père Édouard et les fils (Roger 15 ans galibot, Henri 18 ans et Maurice l'aîné) sont tous les quatre mineurs. Le plus jeune, Jean-Pierre est encore bébé. C'est la mère Gisèle Flahaut, qui dès l'aube s'occupe du foyer, faisant chauffer le café, préparant le "briquet" (le casse-croûte du mineur) de ceux qui vont travailler à la mine. Mère et épouse au foyer, une longue journée commence pour elle. Ses tâches quotidiennes sont nombreuses et rythmées par la mine. Elles sont identiques chez toutes les femmes de mineurs. L'épouse consacre ses journées à ses enfants, à l'entretien de la maison malgré la poussière de charbon, au nettoyage du foyer et au pas de porte (imposée jusqu'aux années 1970), au lavage du linge dans la lessiveuse. Elle s'occupe également de la préparation des repas dans l'après-midi au rythme des retours du travail. Dans la cuisine, le fourneau fonctionne une bonne partie de la journée, sans cesse mobilisé pour préparer les repas de la famille aux horaires décalés.
Les femmes qui travaillaient à la mine ont disparu, les premières des images de la mine : un siècle sépare l'interdiction du travail féminin au fond et la fermeture des mines du Nord-Pas-de-Calais. Rendues peu à peu invisibles, elles ne sont pas moins omniprésentes au côté du mineur, travailleur qui a longtemps revendiqué et vécu sa spécificité dans le monde ouvrier, grâce aux avantages de son statut, mais aussi aux risques particuliers qu'il encourt du coup de grisou à la silicose. Tout ceci encourage l'entre-soi des corons et des communautés étrangères installées, et le repli sur la vie de famille.
La principale caractéristique du mode de vie des femmes de mineurs est ici mise en avant : leur journée diffère de celles des autres femmes d'ouvriers, car elles occupent selon la formule heureuse de Dominique Le Tirant , des "postes décalés" se levant très tôt pour préparer le départ du mineur, le père et/ou les fils, et parfois celui des filles qui travaillent dans les entreprises textiles de l'agglomération lilloise.