Ouvrières du textile du Bassin minier
Notice
Dans le Bassin minier les femmes prennent l'autocar pour aller travailler le plus souvent dans les filatures de la métropole lilloise. Témoignage d'une femme qui a trouvé un travail à 50 km de chez elle.
Éclairage
L'activité professionnelle des femmes a été limitée en premier lieu par la loi, puis par la modernisation de la mine. Le travail souterrain des femmes a été interdit à partir des 1874 et dès la fin du siècle, elles ne représentent plus que 5,17 % du personnel total de la Compagnie des mines d'Aniche. Les femmes travaillant à la mine exerçaient principalement leurs activités dans deux domaines "au jour" : soit au triage de charbon, soit à la lampisterie où elles distribuaient les lampes aux mineurs avant leur descente au fond de la mine. Progressivement le travail de criblage et de triage du charbon abattu n'a plus été effectué par les "ramasseuses de cailloux" ou "cafuts". La lampe-chapeau fixée sur le casque du mineur a remplacé celle qui était entretenue et distribuée par les lampistières. Pour toutes ces raisons, la mine n'emploie plus de main d'œuvre féminine. Les seules femmes qui travaillent encore pour les Houillères du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais (HBNPC), exercent les métiers d' institutrice ou directrice des écoles, infirmières dans les hôpitaux et les cliniques gérés par les Houillères, employées dans les centres ménagers ou encore au centre pédiatrique de la "Goutte de Lait" d'Auchel par exemple.
Pour les jeunes filles, les possibilités d'emploi se sont donc réduites. Au lendemain de la Libération elles répondent à l'appel des usines textiles de la métropole Lille-Roubaix-Tourcoing qui offrent pour une main d'œuvre non qualifiée, emplois et revenus stables. Pour nombre d'entre elles, c'est la possibilité d'échapper à l'enferment des corons et à l'atavisme qui, à travers les Centres ménagers les destinent à être de "bonnes" femmes de mineurs, même si le travail proposé n'a guère ici de valeur émancipatrice. Dans l'interview, la jeune femme nettoie pendant sa journée de travail (5h-13h) les fuseaux des machines à filer la laine. Ce sont les petits supports en plastiques qui servent à maintenir les fils de laine. Cette vingtaine de femmes se lèvent tôt pour prendre le "bus des mines" qui fait le ramassage dans les cités minières. Le bus est proposé gratuitement par l'entreprise (1). Ces "filles de la route" (2) travaillent ainsi parfois selon le système des 3/8, sans aucune perspective d'évolution jusqu'à la crise du secteur textile des années soixante-dix qui va entraîner les licenciements puis la fermeture des usines.
L'enjeu dans le cadre du plan de reconversion du Bassin minier est alors d'augmenter aussi le taux d'emploi féminin, de développer des plans de formation en trouvant des débouchés dans de nouveaux secteurs d'activités, au-delà du textile.
(1) En janvier 2013, le site de La Redoute à Wattrelos, est bloqué par les "filles des mines". Elles manifestent car la direction prévoit de supprimer le "bus des mines" qui continue à emmener du Bassin minier à Wattrelos une trentaine d'ouvrières qui travaillent sur ce site et ce pour réduire ses coûts de fonctionnement.
(2) Appellation tirée du film La Fille de la route de Jacques Morin (1959), fiction documentée sur ces travailleuses du Bassin minier.