Les conseillers régionaux visitent des logements miniers qui sont repris par l'Epinorpa
Notice
Une majorité d'élus du conseil régional a voté pour permettre à l'Epinorpa de devenir propriétaire des 70 000 logements miniers. L'établissement public sera chargé d'accélérer les rénovations de l'habitat. Jacques Vernier, (UMP), souhaite que les travaux soient effectués sans perturber les habitants. Ce vote intervient au lendemain de la visite du parc immobilier par les élus. Daniel Percheron, président du conseil régional, espère que ces logements sociaux permettront l'accession à la propriété. Le Front National, les Verts et Lutte ouvrière ont voté contre. Nathalie Hubert de LO fait remarquer que les mineurs ont déjà payé ces logements avec leur labeur.
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Éclairage
La création au printemps 2002 de l'établissement public baptisé Epinorpa (Établissement public de gestion immobilière du Nord-Pas-de-Calais) constitue un aboutissement, en même temps qu'elle témoigne de l'évolution de l'ex-bassin minier. Le nouvel établissement vise à résoudre l'imbroglio que constitue, depuis les années 1980 surtout, la question du logement minier. La naissance de l'Epinorpa relève, dans ces conditions, de transformations à la fois locales et nationales. Le lancement en 1997 de la Conférence permanente du bassin minier atteste la volonté des acteurs locaux de donner à l'aménagement du bassin davantage d'ambition et de cohérence. Cette volonté est soutenue sur le plan national. Cela débouche en 2000 sur la signature d'un nouveau contrat de plan État-Région comprenant un volet "Après-Mine", mettant en avant des préoccupations tout à la fois urbaines, sociales et environnementales. A la fin de l'année, la loi "SRU" (loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain) prévoit de son côté la mise en place d'un établissement public destiné à devenir le propriétaire et le gestionnaire des logements miniers en lieu et place de la Soginorpa, (Société de gestion du patrimoine immobilier des Houillères du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais,) organisme contrôlé par les Charbonnages de France.
Le remplacement de la Soginorpa par l'Epinorpa est présenté comme une victoire pour les élus locaux. Après une première tentative infructueuse dans les années 1990, ceux-ci parviennent en effet en 2002 à prendre le contrôle de logements miniers : le conseil d'administration de l'Epinorpa est composé en majorité de représentants des collectivités territoriales, auxquels sont adjoints des représentants des occupants (retraités-mineurs et leurs veuves, au titre du droit au logement gratuit, et des nouveaux locataires n'ayant aucun lien avec le monde de la mine). Cette prise de contrôle apparaît comme une avancée à la fois sur le plan symbolique (avec la Soginorpa disparaît l'un des derniers signes de la domination arbitraire de l'entreprise minière) et sur le plan politique. L'action de l'Epinorpa peut ne pas s'exercer seulement sur les logements miniers stricto sensu (gestion et rénovation). Elle a vocation aussi à accompagner les projets en faveur de l'habitat social, avec ou sans accession à la propriété, et du renouvellement urbain. L'établissement fait donc figure d'outil pour profiter des atouts bien réels des anciens logements miniers et dynamiser la vie urbaine dans la région. Cependant ces logements ne sont pas cédés gratuitement à l'Epinorpa et celui-ci doit emprunter pour les racheter. Les représentants du ministère des Finances, responsables de ce qui restent des actifs de Charbonnages de France, se sont en effet opposés à ce qu'un patrimoine aussi considérable passe, sans compensation financière, aux collectivités territoriales. C'est ce principe du rachat que contestent ici, au nom des sacrifices antérieurs des mineurs, l'extrême-gauche mais aussi curieusement l'extrême-droite (on voit fugitivement s'exprimer Marine Le Pen) : arrivée dans le bassin après la période minière, celle-ci ne s'en fait pas moins à cette occasion la protectrice des droits éternels des "gueules noires". En somme, avec l'Epinorpa, c'est un monde qui meurt (des logements habités par les mineurs et contrôlés par l'entreprise minière), tandis qu'un autre naît (des logements sociaux en voie de normalisation ce qui ne les empêche pas d'être l'objet de nouvelles formes d'instrumentalisation politique).