Réunion de la SACOMI sur la transfert de la gestion du patrimoine immobilier
Notice
La SACOMI (Société d'aménagement des communes minières) s'est réunie pour le transfert de la gestion du patrimoine immobilier minier. Les élus du Conseil d'administration, ont présenté un contre-projet au mandat de gestion présenté par l'État. Son président, Jean-Pierre Kucheida en explique les raisons : les élus les communes veulent que l'État leur laisse gérer leur patrimoine. Mais, précise-t-il, il faut des moyens : l'argent des loyers prélevés dans le bassin minier ne doit pas aller vers le sommet de l'État et doit être utilisé pour mieux rénover les logements.
Éclairage
À partir des années 1980, les élus des communes minières réclament avec insistance de pouvoir reprendre la main sur le patrimoine immobilier des Houillères, et notamment sur les quelques 80 000 logements (85 000 en 1990), dont l'entreprise a délégué la gestion à sa filiale : la Soginorpa. Lors de sa venue à Arras, le 4 janvier 1990, le Premier ministre socialiste Michel Rocard promet de leur donner satisfaction et de réaliser le transfert de gestion. C'est chose faite en avril 1991 avec la création de la SACOMI (Société d'aménagement des communes minières) . Cette Société d'économie mixte (SEM) est dirigée par des élus, représentants des différentes collectivités locales. Elle devient la gérante de la Soginorpa, et donc la responsable de l'attribution et de la gestion des logements miniers (aux anciens mineurs ou à de nouveaux locataires), ainsi que de leur rénovation. A sa naissance, la Sacomi affiche, par la voix de son président, Jean-Pierre Kucheida (député-maire socialiste de Liévin) de grandes ambitions. Au-delà du logement, elle revendique la maîtrise de l'intégralité de l'ancien patrimoine des Houillères et son association à toutes les politiques locales d'aménagement. Aux yeux des élus, le transfert de gestion symbolise l'émancipation du Bassin de la tutelle minière et doit permettre pour l'avenir la mise en œuvre de véritables politiques de développement et d'un urbanisme à la fois modernisateur et soucieux des besoins des habitants.
Las, la Sacomi se heurte à d'importantes contraintes. Le transfert de gestion, ardemment souhaité par les élus, suscite d'énormes réticences à l'échelle nationale de la part des dirigeants de Charbonnages de France (CdF) et des représentants du ministère de l'Économie. Ceux-ci répugnent en effet à voir un tel patrimoine (il est évalué à l'époque à quelques 7 milliards de francs), qui appartient en dernier ressort à l'État, être confié aux élus. Ils imposent donc le maintien de la propriété à des logements à CdF (la Sacomi n'a que la gestion de la Soginorpa). Ils interdisent par ailleurs à la nouvelle structure de recourir à l'emprunt et imposent à la Soginorpa le remboursement d'une créance détenue sur elle par CdF, remboursement qui doit être financé en faisant "remonter" une partie de l'argent provenant des loyers. Enfin, si la Sacomi se voit en principe confié un mandat de gestion pour dix ans (il démarre officiellement en 1992), les partenaires conviennent de se revoir au bout de 4 ans pour en évaluer l'évolution. Ces conditions léonines accentuent les tensions qui naissent autour du nouvel organisme : divisions parmi les élus socialistes, retrait, dès le milieu de l'année 1991, des élus communistes, très hostiles au principe de la remontée financière. Certes, les dirigeants de la Sacomi tentent de négocier avec l'État et réclament au moins l'octroi de moyens financiers leur permettant de mener à bien de plus vastes opérations de rénovation. Mais les divisions internes et les contraintes externes finissent par devenir insolubles : en juin 1996, le mandat de gestion de la Sacomi est dénoncé par l'État, dénonciation qui témoigne de l'extrême difficulté pour les élus locaux à s'approprier l'héritage des Houillères.