Indemnisations de mineurs pour licenciements abusifs lors des grèves de 1948

21 janvier 2008
02m 11s
Réf. 02024

Notice

Résumé :
En 1948, un mouvement de grève important chez les mineurs a été durement réprimé et leur a coûté leur emploi. Près de 60 ans après les faits qu'une conciliation pour licenciement abusif a eu lieu aux prud'hommes de Nanterre.
Date de diffusion :
21 janvier 2008
Source :

Transcription

Présentatrice
Une affaire tout à fait étonnante à présent, une conciliation pour licenciement abusif a eu lieu aujourd’hui aux Prud’hommes de Nanterre, 60 ans après les faits. Il s’agit en fait de mineurs impliqués dans une grève massive en 1948, le mouvement, à l’époque, a été durement réprimé et leur a coûté leur emploi. Reportage, Sophie Leloup, Albane Lussien.
Journaliste
Voici trois semaines déjà que la production française de charbon se trouve presque complètement annihilée par la grève des mineurs.
Sophie Leloup
Octobre 1948, après Les Houillères de Lorraine, le Nord-Pas-de-Calais s’embrase à son tour. Face aux mineurs en grève luttant contre les décrets Lacoste, qui réforment leur statut, réduisant salaires et primes, le Gouvernement envoie l’armée et les CRS. La répression est féroce, les affrontements violents. 3000 mineurs sont licenciés, expulsés des corons et pour certains, comme Daniel Amigo, emprisonnés.
Daniel Amigo
J’ai eu tout perdu, hein, j’avais plus de travail, plus de maison, plus rien du tout, je dirais plus rien. Vous vous rendez compte, vous êtes licencié pour fait de grève, surtout qu’elle était, la grève, elle était reconnue, c’était un droit de grève.
Sophie Leloup
Pourtant, le droit de grève est dans le préambule de la constitution depuis 1946, deux ans plus tôt. Alors comme Daniel, Georges et tant d’autres mineurs morts depuis, Norbert Gilmez demande réparation.
Norbert Gilmez
Les travailleurs qui ont été licenciés, emprisonnés, qui ont eu leur vie gâchée, méritent au moins autant que toutes les autres corporations d’être réhabilités, ce qu’a fait la loi d’amnistie, et avec une réparation.
Sophie Leloup
À 86 ans aujourd’hui, le vieil homme a fait le déplacement à Nanterre, devant les Prud’hommes, mais la conciliation a tourné court, l’affaire est renvoyée au 19 novembre.
Norbert Gilmez
Nous avons déjà, depuis une quarantaine d’années, fait des tas de démarches, on a eu des tas de promesses par les ministères, et puis, la situation ne s’est jamais réglée. Alors, on est dans une situation vraiment très difficile.
Sophie Leloup
Attendre encore onze mois, ils étaient 3000 mineurs licenciés, ils ne sont plus que 9 encore vivants.