François Mitterrand en Bulgarie

19 janvier 1989
01m 21s
Réf. 00074

Notice

Résumé :
Reportage à l'occasion du voyage de François Mitterrand en Bulgarie les 18 et 18 janvier 1989, destiné à relancer les relations bilatérales franco-bulgares. Le commentaire et les images se focalisent ici sur la rencontre qui a eu lieu entre le président français et les étudiants bulgares l'après-midi du 19 janvier, après un bref rappel du cadre général de cette visite.
Date de diffusion :
19 janvier 1989
Source :

Éclairage

Après sa réélection en mai 1988, François Mitterrand s’engage dans une tournée de voyages en Europe de l’Est. Il s’agit d’une offensive diplomatique du président qui dispose de nouveau de l’ensemble des leviers de la politique étrangère, après la période de cohabitation. Cette opération vise à répondre au volontarisme de la République fédérale allemande. Il s’agit de concurrencer sa place de principal partenaire occidental des pays de « l’autre Europe ».

Cette nouvelle politique à l’Est de la France, entend notamment accompagner les changements politiques et démocratiques en cours à l’Est. La Bulgarie, pas plus que la Tchécoslovaquie où François Mitterrand s’est rendu en décembre 1988 (voir François Mitterrand à Prague), n’est réputée pour son ouverture.

François Mitterrand choisit néanmoins d’aller en Bulgarie les 18 et 19 janvier 1989. Il s'agit de la première visite d'un président français dans ce pays, même si François Mitterrand y avait déjà effectué un voyage en 1977 en tant que premier secrétaire du PS.

Alors que la première journée du voyage en Bulgarie restait très protocolaire et orientée assez classiquement sur le renforcement des échanges diplomatiques, culturels et surtout économiques entre les deux pays, la seconde journée s’ouvre par un petit déjeuner avec des intellectuels. Cette rencontre prolonge l’expérience amorcée à Prague où François Mitterrand avait rencontré le dramaturge Vaclav Havel. La plupart des douze intellectuels qui participent à ce déjeuner joueront un rôle essentiel dans les changements politiques après novembre 1989 et la chute brutale de Todor Jivkov, le chef d’État bulgare, aux commandes du pays depuis sa prise du pouvoir à la tête du Parti communiste bulgare en 1954.

C’est à l’occasion d’une rencontre organisée avec des étudiants - pourtant sélectionnés par le régime - dans l’après-midi du 19 janvier que la parole contestataire est la plus sensible. Les échanges immortalisés par ce reportage en témoignent. François Mitterrand, habile diplomate, face à cette parole étudiante libérée qui le surprend, choisit l’autodérision pour ne pas remettre trop frontalement en cause son hôte Jivkov. Le vent de liberté soufflait donc partout à l’Est, même dans les pays les plus fermés et rétifs au changement comme la Bulgarie.
Arthur Delaporte

Transcription

Henri Sannier
François Mitterrand en Bulgarie, suite et fin du voyage. Fidèle à ses habitudes, le Chef de l’Etat a multiplié les rencontres avec les personnalités qui n’appartiennent pas spécialement, vous allez le voir, au sérail politique. François Mitterrand a notamment dialogué avec les intellectuels et les étudiants, à Sofia, reportage de Georges Bortoli.
Georges Bortoli
Monsieur Mitterrand a été fait aujourd’hui Docteur Honoris Causa de l’Université de Sofia avant de s’adresser aux étudiants. Dialogue pas toujours très conformiste. Par exemple, la question : faut-il garder les dirigeants âgés ? visait clairement pour les jeunes bulgares l’inamovible Todor Jivkov. Mais Monsieur Mitterrand, quoiqu’il soit largement le cadet du Président Bulgare a pris courtoisement la question pour lui.
François Mitterrand
Il est certain que il est bon que parviennent aux responsabilités des hommes appartenant à des générations, disons, dans la force de l’âge. Mais s’il n’y en a pas…
(Bruit)
François Mitterrand
Moi, je suis, je suis né dans une région de vigne, de vigne. Et tous les produits de la vigne, on dit qu’ils s’améliorent en vieillissant, telle est mon ambition !
(Bruit)