Congrès du PS à Grenoble

23 juin 1973
02m 14s
Réf. 00201

Notice

Résumé :
Discours de François Mitterrand, à propos de son éventuelle candidature à l’élection présidentielle, lors du congrès socialiste de Grenoble. Il préfère d’abord se consacrer à l’unité de son parti. Les conditions d’une candidature ne sont pas encore réunies.
Date de diffusion :
23 juin 1973
Source :
ORTF (Collection: JT 20H )

Éclairage

Du 22 au 24 juin 1973 s’est tenu à Grenoble le congrès du Parti socialiste, deux ans après le congrès fondateur de l’unité des socialistes à Epinay où François Mitterrand a pris le contrôle du parti en en devant le Premier secrétaire (voir Congrès d'Epinay).

Le congrès de Grenoble intervient après les élections législatives de 1973, où le Parti socialistes a progressé, augmentant ses résultats de 2,9 points quand le Parti communiste reculait de 0,9 points. Il revendique la position de premier parti de France, plus du point de vue des électeurs - 4,5 millions en 1973 - que par rapport à la taille de sa base militante qui reste, avec environ 105 000 adhérents, inférieure à celle du Parti communiste.

La perspective de l’élection présidentielle, prévue en 1976 - même si elle interviendra en 1974 en raison du décès de Georges Pompidou en cours de mandat - est déjà au coeur des débats. François Mitterrand est considéré comme le fer de lance de l’opposition, à la fois par la droite et par les journalistes, mais aussi par les militants socialistes, comme étant le plus à même de porter les couleurs de la gauche. Il a déjà été candidat en 1965 mais sait que rien n’est joué d’avance. Il refuse donc de se déclarer.

C’est pourquoi il procède ici avec prudence, en conditionnant notamment une éventuelle candidature de sa part à l’unité. Il s’agit de l’unité de la gauche - c’est-à-dire de l’alliance avec les communistes et donc de la désignation d’un candidat commun - mais aussi de l’unité interne des socialistes. Il déclare ainsi rester soumis aux choix de son parti.

Si François Mitterrand sort renforcé du congrès de Grenoble - le texte d’orientation politique qu’il a soutenu a recueilli 65% des voix - il doit faire face à une contestation de plus en plus vive venue de l’aile gauche. Cette dernière, essentiellement rassemblée autour du CERES, la tendance de Jean-Pierre Chevènement qui lui a pourtant apporté le soutien indispensable pour ressortir victorieux d’Epinay, est en effet de plus en plus bruyante. C’est à eux que François Mitterrand s’adresse quand il déclare vouloir poursuivre « le combat en luttant contre les fractions et les tendances ». Le CÉRÈS, avec 21% de suffrages, cherche à s’affirmer comme principale force d’opposition interne, même s’il soutient finalement la motion de synthèse - le texte de rassemblement - présentée par Mitterrand. En bon tacticien, il poursuit ainsi sa stratégie de recherche de l’unité des socialistes, pour le rassemblement le plus large, autour de sa personne, préalable à toute candidature.
Arthur Delaporte

Transcription

François Mitterrand
Je crois qu’il est plus important, là où vous m’avez placé, plus important de mener la lutte des socialistes à son terme que d’occuper quelque fonction que ce soit dans l’Etat.
(Bruit)
François Mitterrand
Je crois que, je crois que la victoire du socialisme représente, alors disons sur le plan de l’ambition, une chance historique plus vaste que n’importe quelle situation personnelle, aussi flatteuse et aussi lourde soit-elle. Indépendamment de mes choix personnels, dont je reste juge, indépendamment des choix du parti dont vous restez juges et auxquels je serai soumis ; si j’ai le sentiment, à quelque moment que ce soit dans les trois années qui viennent, que le Parti Socialiste n’est pas mûr pour la pratique de l’unité, de l’unité interne, vous tous, de l’unité avec la Gauche et l’ensemble des travailleurs ; eh bien, je continuerai le combat en luttant contre les fractions et les tendances, en appelant à l’unité les militants et je n’irai pas ailleurs. Dans le cas contraire, si vous vous sentez assez mûrs pour affronter à la fois l’ensemble des responsabilités nationales et des responsabilités du parti, resteront les autres objections et je le dis, pour lui, pour lui, pour elle, pour moi, c’est le parti qui choisira.
(Bruit)