Congrès du PS sur l'Europe

15 décembre 1973
02m 20s
Réf. 00056

Notice

Résumé :
En décembre 1973, le parti socialiste ouvre un congrès extraordinaire à Bagnolet pour trancher les divergences sur la construction européenne, qui opposent en interne les partisans du premier secrétaire François Mitterrand au CERES de Jean-Pierre Chevènement et suscitent des tensions avec le parti communiste.
Date de diffusion :
15 décembre 1973
Source :
ORTF (Collection: JT nuit )
Lieux :

Éclairage

Le 15 décembre 1973, le parti socialiste ouvre un congrès extraordinaire voué à aplanir ses divergences sur la question européenne. La position défendue par François Mitterrand, qui entend réaffirmer son leadership sur le parti érodé par l'influence du CERES dans la majorité et la montée de leaders locaux comme Pierre Mauroy, demeure un engagement en faveur d'une Europe fédérale, même si le premier secrétaire évite toute mention de la supranationalité des institutions afin de ne pas fâcher l'allié communiste.

L'enjeu du congrès de Bagnolet est donc de parvenir au vote d'un texte qui marque suffisamment l'ancrage européen du parti socialiste tout en préservant l'unité du parti lui-même comme de l'ensemble de la gauche. La motion de François Mitterrand est ainsi très critique envers l'organisation du Marché commun, accusé de profiter essentiellement aux grandes entreprises multinationales et d'être dirigé par des hauts-fonctionnaires technocrates, faute d'une harmonisation fiscale et sociale et d'une démocratisation véritable des institutions. 

Mais la motion du premier secrétaire, à laquelle s'est finalement rallié le CERES en n'y proposant que quelques amendements, considère néanmoins le "fait européen" comme une réalité établie. Elle réaffirme l'engagement européen du parti et appelle à dépasser l'horizon politique national : "le dépassement du cadre étroit de chaque nation est aussi inéluctable que le fut, en son temps, l'affirmation de la réalité nationale".
Vincent Duchaussoy

Transcription

Journaliste
Tandis qu’à Copenhague s’achevait le Sommet Européen, à Bagnolet, les Socialistes ont ouvert ce matin leur congrès extraordinaire sur la construction européenne. Un congrès auquel François Mitterrand attache une grande importance, pour lui, la construction européenne est désormais un impératif et non plus un choix. Elle tient, on le sait, dans sa stratégie, une place de premier ordre, c’est cette Europe que Gaston Defferre a voulu définir.
Gaston Defferre
Une Europe pacifique, ouverte à l’Est comme à l’Ouest, une Europe tournée, et tout à l’heure, c’est là-dessus que j’insisterai le plus, vers le tiers-monde dans son entier. Une Europe dotée d’institutions supranationales et qui la distingueront évidemment des projets d’Europe dans lesquels s’engage ou ne s’engage pas le Gouvernement actuel.
Journaliste
Une intervention attendue cet après-midi, celle de Jean-Pierre Chevènement, l’un des leaders du CERES, l’aile gauche du Parti Socialiste. Quatre amendements proposés par le CERES dont un pose la question du préalable socialiste au devenir européen. « Nous ne faisons aucune objection majeure, nous voulons seulement des précisions », c’est ce qu’affirmait ce soir Jean-Pierre Chevènement.
Jean-Pierre Chevènement
Eh bien, notre politique, chers camarades, ce n’est pas de faire un parti dans le parti, notre politique, ce n’est pas de faire un parti distinct, notre politique, ce n’est pas de prendre le parti, ce n’est pas d’arriver à 51%. Ce serait stupide car le Parti Socialiste tire sa force de sa richesse et de sa diversité. Et nous savons bien que tant que ne sera pas faite la révolution socialiste, eh bien, le Parti Socialiste sera une sociale démocratie plus ou moins contestataire. Nous souhaitons qu’elle le soit plus que moins, bien entendu, mais c’est comme ça. La seule chose que nous demandions, c’est qu’il y ait une ligne politique claire dans laquelle nous puissions nous reconnaître sans avoir le sentiment d’être récupérés.
(Silence)