Congrès de Metz
08 avril 1979
05m 59s
Réf. 00090
Notice
Résumé :
Après une introduction concernant les résultats du vote des trois textes (ou motions) présentés lors du congrès, le reportage diffuse des extraits des discours de François Mitterrand qui annonce son refus de faire la synthèse puis de Michel Rocard qui refuse « l’opposition du prétendant » et annonce qu’il ne sera pas candidat à l’élection présidentielle si François Mitterrand l’est.
Type de média :
Date de diffusion :
08 avril 1979
Personnalité(s) :
Thèmes :
Éclairage
Le congrès du Parti socialiste (PS) qui se tient à Metz du 6 au 8 juin 1979 n’était pas joué d’avance. François Mitterrand, qui a depuis son élection au poste de premier secrétaire à Epinay en 1971 (voir ce document) réussi à réunir une large majorité autour de sa personne aux congrès suivants - ceux de Grenoble (voir ce document), de Pau (voir ce document) et de Nantes (voir ce document) - est contesté.
François Mitterrand est d’abord fragilisé par l’échec du PS à emporter les législatives de 1978 : la responsabilité lui en est imputée. Il est également contesté dans sa capacité à être le candidat du PS à l’élection présidentielle de 1981. Michel Rocard, l’ancien secrétaire général du Parti socialiste unifié (PSU) qui a rejoint le PS en 1974, fait en effet la course en tête dans les sondages. Il incarne le renouveau face à François Mitterrand.
Ce dernier est également confronté à un délitement de sa propre majorité : Pierre Mauroy, le numéro deux du Parti socialiste depuis Epinay, a choisi de présenter sa propre motion et a même fait un projet d’alliance avec Michel Rocard. Cette rupture contribue fragiliser la majorité de François Mitterrand qui obtient néanmoins plus de 40% des suffrages, et réalise un score final de près de 47% après avoir reçu le soutien de celle de Gaston Defferre.
En refusant une nouvelle fois la « synthèse » (pour plus d’explications voir ce document), mais alors qu’il n’a plus de majorité absolue dans le parti, François Mitterrand fait certes le choix de la « clarté » sur la ligne politique, mais aussi celui de garder à l’écart des responsabilités ceux qui l’ont d’une certaine manière abandonné, les proches de Pierre Mauroy qui croyaient pouvoir prendre le contrôle du parti avec l’appui des rocardiens. Si la motion C de Michel Rocard réalise un score d’environ 21% qui est proche de ce qu’il attendait, Pierre Mauroy avec la motion B et ses 16,8% est en deçà de ce qu’il espérait réaliser pour former une synthèse autour de lui.
Metz marque donc à la fois l’affaiblissement manifeste de François Mitterrand à la tête d’un parti fractionné entre les courants, mais aussi sa résistance. Il garde d’une part le contrôle de l’appareil, poussant une nouvelle génération aux responsabilités : Laurent Fabius, Lionel Jospin, Paul Quilès notamment. D’autre part, Michel Rocard, afin de détromper ceux qui critiquent son ambition, déclare qu’il ne sera pas candidat à la présidentielle si Mitterrand l’est.
François Mitterrand est d’abord fragilisé par l’échec du PS à emporter les législatives de 1978 : la responsabilité lui en est imputée. Il est également contesté dans sa capacité à être le candidat du PS à l’élection présidentielle de 1981. Michel Rocard, l’ancien secrétaire général du Parti socialiste unifié (PSU) qui a rejoint le PS en 1974, fait en effet la course en tête dans les sondages. Il incarne le renouveau face à François Mitterrand.
Ce dernier est également confronté à un délitement de sa propre majorité : Pierre Mauroy, le numéro deux du Parti socialiste depuis Epinay, a choisi de présenter sa propre motion et a même fait un projet d’alliance avec Michel Rocard. Cette rupture contribue fragiliser la majorité de François Mitterrand qui obtient néanmoins plus de 40% des suffrages, et réalise un score final de près de 47% après avoir reçu le soutien de celle de Gaston Defferre.
En refusant une nouvelle fois la « synthèse » (pour plus d’explications voir ce document), mais alors qu’il n’a plus de majorité absolue dans le parti, François Mitterrand fait certes le choix de la « clarté » sur la ligne politique, mais aussi celui de garder à l’écart des responsabilités ceux qui l’ont d’une certaine manière abandonné, les proches de Pierre Mauroy qui croyaient pouvoir prendre le contrôle du parti avec l’appui des rocardiens. Si la motion C de Michel Rocard réalise un score d’environ 21% qui est proche de ce qu’il attendait, Pierre Mauroy avec la motion B et ses 16,8% est en deçà de ce qu’il espérait réaliser pour former une synthèse autour de lui.
Metz marque donc à la fois l’affaiblissement manifeste de François Mitterrand à la tête d’un parti fractionné entre les courants, mais aussi sa résistance. Il garde d’une part le contrôle de l’appareil, poussant une nouvelle génération aux responsabilités : Laurent Fabius, Lionel Jospin, Paul Quilès notamment. D’autre part, Michel Rocard, afin de détromper ceux qui critiquent son ambition, déclare qu’il ne sera pas candidat à la présidentielle si Mitterrand l’est.
Arthur Delaporte
Transcription
Dominique Baudis
Bonsoir, le grand débat du Congrès de Metz s’achève ce soir, on connaît maintenant très exactement le rapport de force à l’intérieur du Parti Socialiste. François Mitterrand obtient 46% des suffrages, Michel Rocard 21%, Pierre Mauroy 16% et le CERES de Jean-Pierre Chevènement 14%. Vous pouvez voir sur votre écran les résultats à la décimale près. Première observation, François Mitterrand l’emporte comme prévu. Deuxième observation, comme prévu, il n’obtient pas la majorité absolue. Pour gouverner le parti, il devra donc trouver des alliés et il a déjà tendu la main en direction des amis de Jean-Pierre Chevènement. De Metz, Patrice Duhamel.Patrice Duhamel
François Mitterrand reste le patron mais il gouvernera seul le Parti Socialiste. Michel Rocard et Pierre Mauroy d’un côté, l’aile gauche du CERES de l’autre, se retrouvent dans la minorité c’est-à-dire dans l’opposition ; même si la participation du CERES au gouvernement du parti semble envisageable à certaines conditions, à la condition notamment d’un accord sur l’Europe. Bref, François Mitterrand est, ce soir, vainqueur aux points mais il termine sans doute diminué ; ce congrès de Metz, car cette dernière journée étonnante qui s’est déroulée dans un climat houleux, dans une atmosphère de congrès radical, cette dernière journée a confirmé et mis en lumière outre les divergences politiques, les querelles de personnes. Une sorte de congrès de combat avec des attaques très vives, des sous-entendus, des règlements de compte, des procès d’intention. On a même, à la tribune, parlé de chasse aux sorcières, chacun se renvoyant la responsabilité de la rupture politique. Il s’agit bien, en effet, d’une rupture entre Michel Rocard, Pierre Mauroy et François Mitterrand. Une rupture sans doute lourde de conséquences, des plaies longues à cicatriser et des déceptions aussi pour les militants socialistes qui avaient hier soir réservé un accueil chaleureux à l’appel à l’unité lancé par Pierre Mauroy. Au total, ce soir, une situation difficile à l’issue d’un congrès difficile, témoins, ces deux interventions de Michel Rocard et de François Mitterrand.Michel Rocard
On a voulu, de nouveau, nous faire croire hier soir que s’affronteraient dans ce parti deux lignes opposées. Il serait temps que cesse cet inacceptable procès d’intention.(Bruit)
Michel Rocard
Des choses ont été brisées, un climat a été créé, il sera long et difficile à remonter. Nous y sommes prêts, nous le souhaitons. Nous serons donc l’opposition en compagnie sans doute de la motion B, peut-être aussi des motions E et F, qui sait, vos votes le diront tout à l’heure. Permettez-moi de préciser un détail, cher François Mitterrand, ce ne sera pas l’opposition du prétendant. J’ai dit et répété, je le répète ici, qu’en votre qualité de premier secrétaire, vous serez le premier d’entre nous qui aura à prendre sa décision personnelle sur le point de dire s’il est candidat aux prochaines élections présidentielles ; et si vous l’êtes je ne le serai pas contre vous.(Bruit)
François Mitterrand
La synthèse, chers camarades, c’est affaire de volonté politique et non point, comme trop souvent, d’habileté de parole ou de plume réservée à 61 élus chargés de régler dans la nuit les difficultés ou les oppositions. Oui, nous avons, et j’ai la volonté politique de rassembler les Socialistes sur un seul texte, mais j’ai, et nous avons aussi, la volonté politique de les rassembler sur une ligne claire. Et contraints de choisir, nous préférons la fermeté sur l’orientation du parti au rassemblement indistinct sans portée, sans durée. Eh bien, majorité large, étroite, absolue, relative, ouverte en tout cas. Je vous le dis ouverte, oui, si vous voulez bien en débattre lorsqu’on aura passé le cap des jours difficiles et que chacun aura pu éprouver la sincérité, la loyauté de l’autre, alors les Socialistes auront chantier si vaste qu’ils oublieront le reste.(Bruit)