François Mitterrand et le PS à Moscou

23 avril 1975
57s
Réf. 00057

Notice

Résumé :
Une délégation socialiste française est reçue en avril 1975 à Moscou par les autorités soviétiques, après divers reports. La délégation est accueillie par des dignitaires soviétiques à l'aéroport.
Date de diffusion :
23 avril 1975
Source :

Éclairage

Ce voyage d’une semaine en URSS se déroula pour l’essentiel de la délégation socialiste, du 23 au 30 avril 1975, soit à un moment de « détente » sur la scène internationale, comme l’illustre quelques mois plus tard la signature des accords d’Helsinki sur la coopération internationale, la libre circulation des hommes et le respect des droits de l'Homme.

Son organisation fut cependant l’objet de divers rebondissements d’où le « suspense » mentionné par le journaliste. Annulé par trois fois depuis septembre 1972 sous divers motifs, il avait été programmé pour la période du 14 au 20 avril 1975. Mais le voyage fut reporté une quatrième fois par les autorités russes, ce qui provoqua une crise sérieuse entre les deux partis. Cependant, le motif de cette annulation - une crise interne au PCUS - fut jugé par le PS assez sérieux pour accepter cet ultime report.

L’enjeu politique était en effet crucial pour le PS qui souhaitait renouer avec cet acteur majeur de la scène internationale, alors même que depuis le voyage de Guy Mollet en 1963, aucun premier secrétaire socialiste français ne s’était rendu en URSS. Gaston Defferre et Robert Pontillon, déjà du voyage en 1963, firent partie de cette nombreuse délégation qui comprenait aussi, entre autres, Jean-Pierre Chevènement, Lionel Jospin, Pierre Mauroy et Michel Rocard. Il s’agissait pour le PS d’effacer l’image atlantiste de la SFIO et de défendre sa stratégie d’union de la gauche devant un PCUS plus favorable, pour des raisons géopolitiques, à un pouvoir gaulliste ou giscardien.

Comme tout voyage de nature politique, celui-ci fut l’occasion d’entretiens et d’un certain « tourisme », lui aussi très symbolique. Après avoir été réceptionné à l’aéroport (première partie de cette vidéo) par une importance délégation officielle soviétique menée par Boris Ponomarev, secrétaire chargé des rapports avec les partis occidentaux et membre du Politburo, les socialistes eurent divers entretiens au sommet, notamment avec Leonid Brejnev et Mikhaïl Souslov, idéologue et secrétaire du comité central du PCUS.

Puis, après avoir fait le « tour » habituel des fleurons historiques et politiques de Moscou (dépôt d'une gerbe au mausolée de Lénine, passage au Kremlin ou encore au Bolchoï) et de Leningrad (visite du croiseur Aurore, du musée de l'Ermitage), la délégation française se scinda en deux. Une partie suivit Pierre Mauroy en Ukraine, à Kiev et Karkhof, ville jumelée avec Lille ; tandis que la majorité du groupe accompagna François Mitterrand à Oulianovsk pour visiter la maison d'enfance de Lénine, puis à la découverte de Tachkent et Samarkand en Ouzbékistan, avec la visite des mosquées bleues, des médersas, du tombeau de Tamerlan ainsi que d'un kolkhoze spécialisé dans la culture du coton.
Judith Bonnin

Transcription

(Silence)
Journaliste
Pour François Mitterrand, le dernier suspense s’est levé à 16 heures, il rencontrera Leonid Brejnev vendredi en fin de matinée. C’est Monsieur Ponomarev, membre du bureau politique, venu l’accueillir à l’aéroport, qui lui a confirmé la certitude d’une rencontre, dont on pense maintenant qu’elle a certainement joué un rôle important dans l’annulation d’il y a 10 jours. Aux dires des membres de la délégation du PS, ce premier contact a été très chaleureux. Demain, début de deux jours d’entretiens politiques, puis, après le tête-à-tête Brejnev-Mitterrand, ce sera le voyage, presque du tourisme, Leningrad puis Tachkent et Samarkand.