14 juillet 1982 : l’innovation du défilé nocturne

14 juillet 1982
04m 18s
Réf. 00243

Notice

Résumé :
En choisissant d’offrir aux Français un « défilé nocturne » pour le 14 juillet 1982, François Mitterrand fait le choix de l’innovation protocolaire. De façon symbolique, c’est une manière pour ce nouveau chef de l’Etat, élu depuis un peu plus d’un an seulement, de marquer la singularité de son septennat.
Date de diffusion :
14 juillet 1982
Source :
TF1 (Collection: JT Nuit )
Personnalité(s) :

Éclairage

Le second défilé militaire du premier septennat de François Mitterrand, à l’occasion du 14 juillet 1982, se place sous le signe de l’innovation. Contrairement à la tradition, le défilé militaire sur les Champs-Elysées se déroule cette fois de nuit, puisque les cérémonies du matin se tiennent en rade de Toulon. Pour Mitterrand, cette modification du protocole est une façon symbolique de marquer la singularité de son septennat.

A Toulon, entre 9h et 11h, le chef de l’Etat préside en effet la revue navale depuis la corvette Georges Leygues, en présence des plus imposants bâtiments français comme les porte-avions Foch et Clemenceau. Cet hommage rendu à la flotte s’inscrit dans la stratégie de communication du président : celui-ci signifie qu’à l’avenir, l’essentiel de l’effort de dissuasion reposera sur la marine nationale. De plus, l’Ecole militaire ouvre pour la première fois ses portes au public et l’armée de Terre se tient à disposition des citoyens pour leur faire découvrir les métiers et les outils de la défense française. Enfin, pour clore cette journée de fête nationale, le moment solennel du défilé militaire se déroule de façon inédite, le soir venu, à partir de 21h30. C’est alors l’armée de l’Air qui est mise à l’honneur, la Patrouille de France et 45 avions ouvrant le défilé et survolant la capitale avant que la visibilité ne diminue avec la nuit.  La suite est impressionnante : 6 500 hommes, 284 véhicules blindés et 280 chevaux défilent ensuite devant la tribune présidentielle, offrant un spectacle de « Son et Lumière » très original.

Si le journaliste Bruno Masure ne manque pas de rappeler le coût de ces festivités - autour de 3,5 millions de francs - la présence de plus de 300 000 spectateurs témoigne de l’indéniable intérêt de la France pour son armée.
Alice de Lyrot

Transcription

Présentateur
Je pense que nous sommes prêts en régie pour vous diffuser un court extrait de ce défilé du 14 juillet. Je vous le disais en début de ce journal, pour la première fois à Paris, ce défilé militaire du 14 juillet s’est déroulé en nocturne sur l’Avenue des Champs-Élysées et plus de 6000 hommes ont participé à cette impressionnante revue. Alors, voyons avec Bruno Masure le compte-rendu de ce défilé qui s’est déroulé sur l’Avenue des Champs-Élysées.
(Musique)
Bruno Masure
Une parade en effet réglée, plus encore que par le passé, comme du papier à musique. En effet, le sacro-saint règlement militaire interdit aux avions militaires tout survol de Paris à basse altitude en temps de paix. Il fallait donc que le défilé aérien se déroulât avant la tombée de la nuit, c’est pourquoi, à 21 heures 45, les huit Alphas Jets de la Patrouille de France ont donné le signal tricolore, bien sûr, des réjouissances avec, vous allez le voir, dans leurs sillages, 45 avions qui allaient du mirage F5 au C-160 qui ravitaille donc les fameux Mirages IV.
(Musique)
Bruno Masure
Ensuite, pendant une vingtaine de minutes, le Chef de l’État va redescendre les Champs-Élysées illuminées grâce à la pose de 12 kilomètres de câbles électriques alimentant de puissants projecteurs. Coût total de cette fantastique, de cette somptueuse Fête de la Lumière autour de la plus belle avenue du monde, environ 3500000 Francs, une addition divisée en trois, un tiers pour le Ministère de la Défense, un tiers pour les Cultures, un tiers à la charge de la télévision. Une facture qui comprend aussi la location de trois grandes tribunes installées Place de la Concorde au pied de l’Obélisque et qui accueillaient 7000 super privilégiés.
(Silence)
Bruno Masure
De la plate-forme présidentielle, François Mitterrand et ses invités, le Président du Nicaragua et du Vanuatu, et puis cette fois, le Maire de Paris était présent, vous le verrez, François Mitterrand et toutes ces personnalités ont pu admirer le passage impeccable de quelques 6600 hommes représentant 46 unités et 284 véhicules blindés. La toute relative douceur de l’air, l’originalité de ce son et lumière nouveau style, la curiosité, l’attirance chaque année vérifiée des Français pour ces grands défilés militaires, tout cela, cette année encore, a contribué au succès populaire de cette manifestation. Ils étaient plusieurs dizaines de milliers, on a parlé ce soir de 300000 personnes, parisiens, provinciaux, mais aussi touristes étrangers venus assister à ce défilé.
(Musique)
Bruno Masure
Un défilé ouvert par 40 tambours des trois armes et par 40 porte-drapeaux des régiments de réserve marchant comme toute l’infanterie à la cadence de 120 pas minutes. Dans la nuit, ces très belles images du passage des polytechniciens et puis, celui de ces jeunes femmes sous-officiers, de frêles jeunes filles qui ne devraient pas avoir peur de se promener le soir sur les Champs-Élysées même quand ce n’est pas un 14 juillet. Tous feux allumés, les hélicoptères Alouette III et Puma exécutent un véritable ballet aérien au-dessus de la capitale, au-dessus des Champs-Élysées illuminés. Et puis, il est 23 heures, c’est l’heure du boudin, je veux dire, c’est l’heure des légionnaires qui font, eux, 66 pas à la minute. Les célèbres Chevaux de Marly enfin restaurés regardent passer leurs collègues. Après les chevaux, les chevaux-vapeur, motocyclistes, blindés, avec le lamenteux Glorieux, qui montent les chevaux de char labourant le macadam des Champs-Élysées, comme l’a écrit si joliment l’un de mes confrères très en verve. Après les fameux Pluton, vous allez les voir, et les courageux sapeurs pompiers de Paris, il est 23 heures 15, la fête est finie. Après avoir bien mérité de la Patrie, nos braves soldats et les pompiers vont pouvoir se reposer en admirant le feu d’artifice tiré de l’Étoile. Ce soir, ils ont tous quartier libre et vont pouvoir retrouver leurs amis de coeur au petit bal du 14 Juillet et vont peut-être retrouver des spectateurs, et peut-être aussi, pourquoi pas, les princes qui nous gouvernent.