Les premiers touristes chinois en Haute Savoie
Notice
La station de Megève accueille ses premiers touristes chinois après avoir effectué de nombreuses campagnes de publicité dans ce pays pendant 3 ans. Cette arrivée demande néanmoins de s'adapter à de nouveaux besoins, notamment en termes de nourriture et d'activités à leur proposer. La proximité du Mont Blanc permet à la ville d'être attractive.
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Éclairage
Le marché mondial du tourisme connaît, depuis les années 1990, une très forte croissance, notamment avec la participation de pays émergents comme la Chine dont les ressortissants partent de plus en plus souvent à l'étranger. Ce développement de la clientèle touristique des pays émergents, tout en contribuant à accroître la concurrence entre pays, crée aussi de véritables opportunités : si dans les années 2000, 10% à peine de la population chinoise a les moyens de voyager, elle représente 150 millions d'individus qui disposent souvent d'un portefeuille mieux garni que celui des touristes français . C'est sans doute ce qui explique les longs efforts (trois ans) de la station luxueuse de Megève, dont les développements touristiques sont pourtant anciens et poussés, pour attirer la clientèle chinoise ou plutôt pour « mettre les petits plats dans les grands » pour les « fonctionnaires du gouvernement de Pékin » - la séduction des tours opérateurs en Chine passant semble-t-il d'abord par la nécessaire séduction des officiels chinois. Megève dispose cependant de peu de temps pour les convaincre. Ce fait est rappelé voire dénoncé à plusieurs reprises dans le reportage. Cette présentation « au pas de charge » pour des « touristes pressés » s'opère ainsi dans des « circuits express » en 24 heures « quitte à forcer le trait sur le pittoresque français ». En effet, si la journaliste évoque la nécessité de « s'adapter à cette clientèle », cette « adaptation » n'apparaît en réalité guère poussée : tout au plus est-il réellement fait mention de la nourriture par le directeur de l'office de Tourisme, Adrien Duvillard, ce qui surprend quand on sait que la France attire aussi la clientèle chinoise pour sa gastronomie. Pour le reste, le sentier reste bien balisé. Le reportage s'ouvre sur la terrasse d'un restaurant aux allures de chalet, puis la caméra se déplace dans une boulangerie au décor très soigné, destinée à faire goûter les spécialités locales. Après que le directeur de l'office du Tourisme a rappelé que l'hôtellerie de Megève était une hôtellerie « de charme », le convoi d'officiels chinois embarque dans un car sans doute destiné à exposer le plus rapidement possible les curiosités de la région. Le périple se termine par un survol du massif du Mont Blanc en petit avion de tourisme : Megève soigne une future clientèle de luxe – on utilisait déjà des « avions de promenade » dans les années 1920 à Cabourg pour la clientèle aisée . C'est l'occasion de promouvoir un paysage dont les beautés sont reconnues depuis la fin du XVIIe siècle et un sommet mythique, le Mont Blanc, mondialement connu. La promenade en calèche dans les belles et lisses rues de Megève achève de convaincre de la mise en place d'un parcours touristique très rodé et qui n'évite pas les clichés (dans tous les sens du terme). Les activités sportives – qu'elles soient d'été ou d'hiver – ne paraissent à aucun moment avoir été promues. On vend d'abord un cadre naturel : la montagne.
Bibliographie :
- Matelly Sylvie (2013) Le tourisme, un objet géopolitique. In : revue internationale et stratégique, n°90, p.57-69.
- Rauch André (2001) Vacances en France : de 1830 à nos jours. Paris : Hachette Littérature.
- Walter François (2005) La montagne : un dispositif esthétique et idéologique à l'échelle de l'Europe. In : revue d'histoire moderne et contemporaine, n°52-2, p.64-87.