Les premiers touristes chinois en Haute Savoie

11 novembre 2005
01m 58s
Réf. 00055

Notice

Résumé :

La station de Megève accueille ses premiers touristes chinois après avoir effectué de nombreuses campagnes de publicité dans ce pays pendant 3 ans. Cette arrivée demande néanmoins de s'adapter à de nouveaux besoins, notamment en termes de nourriture et d'activités à leur proposer. La proximité du Mont Blanc permet à la ville d'être attractive.

Date de diffusion :
11 novembre 2005
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Éclairage

Le marché mondial du tourisme connaît, depuis les années 1990, une très forte croissance, notamment avec la participation de pays émergents comme la Chine dont les ressortissants partent de plus en plus souvent à l'étranger. Ce développement de la clientèle touristique des pays émergents, tout en contribuant à accroître la concurrence entre pays, crée aussi de véritables opportunités : si dans les années 2000, 10% à peine de la population chinoise a les moyens de voyager, elle représente 150 millions d'individus qui disposent souvent d'un portefeuille mieux garni que celui des touristes français . C'est sans doute ce qui explique les longs efforts (trois ans) de la station luxueuse de Megève, dont les développements touristiques sont pourtant anciens et poussés, pour attirer la clientèle chinoise ou plutôt pour « mettre les petits plats dans les grands » pour les « fonctionnaires du gouvernement de Pékin » - la séduction des tours opérateurs en Chine passant semble-t-il d'abord par la nécessaire séduction des officiels chinois. Megève dispose cependant de peu de temps pour les convaincre. Ce fait est rappelé voire dénoncé à plusieurs reprises dans le reportage. Cette présentation « au pas de charge » pour des « touristes pressés » s'opère ainsi dans des « circuits express » en 24 heures « quitte à forcer le trait sur le pittoresque français ». En effet, si la journaliste évoque la nécessité de « s'adapter à cette clientèle », cette « adaptation » n'apparaît en réalité guère poussée : tout au plus est-il réellement fait mention de la nourriture par le directeur de l'office de Tourisme, Adrien Duvillard, ce qui surprend quand on sait que la France attire aussi la clientèle chinoise pour sa gastronomie. Pour le reste, le sentier reste bien balisé. Le reportage s'ouvre sur la terrasse d'un restaurant aux allures de chalet, puis la caméra se déplace dans une boulangerie au décor très soigné, destinée à faire goûter les spécialités locales. Après que le directeur de l'office du Tourisme a rappelé que l'hôtellerie de Megève était une hôtellerie « de charme », le convoi d'officiels chinois embarque dans un car sans doute destiné à exposer le plus rapidement possible les curiosités de la région. Le périple se termine par un survol du massif du Mont Blanc en petit avion de tourisme : Megève soigne une future clientèle de luxe – on utilisait déjà des « avions de promenade » dans les années 1920 à Cabourg pour la clientèle aisée . C'est l'occasion de promouvoir un paysage dont les beautés sont reconnues depuis la fin du XVIIe siècle et un sommet mythique, le Mont Blanc, mondialement connu. La promenade en calèche dans les belles et lisses rues de Megève achève de convaincre de la mise en place d'un parcours touristique très rodé et qui n'évite pas les clichés (dans tous les sens du terme). Les activités sportives – qu'elles soient d'été ou d'hiver – ne paraissent à aucun moment avoir été promues. On vend d'abord un cadre naturel : la montagne.

Bibliographie :

- Matelly Sylvie (2013) Le tourisme, un objet géopolitique. In : revue internationale et stratégique, n°90, p.57-69.

- Rauch André (2001) Vacances en France : de 1830 à nos jours. Paris : Hachette Littérature.

- Walter François (2005) La montagne : un dispositif esthétique et idéologique à l'échelle de l'Europe. In : revue d'histoire moderne et contemporaine, n°52-2, p.64-87.

Isabelle Gaillard

Transcription

Laurence Bobillier
Megève prépare bien sûr la saison de sports d’hiver, mais la station fait sa pub dans le monde entier et hier elle a accueilli ses premiers touristes chinois. Après trois années d’efforts, Megève a réussi à s’imposer dans les circuits européens des tours opérateurs chinois, et ça méritait bien une petite fête. Un reportage d’Isabelle Colbrant et Jean-Pierre Ardito.
Isabelle Colbrant
Ne pas trop s’attarder à table, ce pourrait être la consigne de ce guide d’un groupe d’une vingtaine de touristes chinois. Ces fonctionnaires du gouvernement de Pékin n’ont que 15 jours pour visiter l’Europe, au pas de charge, certes, mais les offices du tourisme ne s’y trompent pas ; comme Megève, qui met les petits plats dans les grands pour ses nouveaux clients. La manne chinoise pourrait devenir fructueuse à condition de savoir d’adapter à cette clientèle.
Adrien Duvillard
Une plus grande exigence au niveau de la nourriture. C’est vrai qu'ils veulent un certain type de nourriture, ils cherchent avant tout un restaurant chinois. S’il n’y a pas, il faut de la restauration, il faut de la viande très cuite, il ne faut pas beaucoup de sauce, ils sont assez exigeants au niveau de la nourriture. Au niveau de l’hébergement, ils savent qu’en Europe, c’est différent qu’en Chine. En Chine, ils ont tous des hôtels tout neufs, de chaîne, ici c’est plus de l’hôtellerie de charme, mais ça, ce n’est pas un problème.
Isabelle Colbrant
Megève ne dispose que de 24 heures pour séduire ces touristes pressés, mais exigeants. Le meilleur atout de la station, la proximité du Mont Blanc ; en avion c’est encore plus spectaculaire, un nirvana pour ces touristes chinois accros à leur appareil photo.
(Bruit)
Inconnue
C’est vraiment magnifique, tout est bien, nous avons beaucoup de chance d’être ici.
Isabelle Colbrant
En deux semaines, ce groupe sera passé par la France, l’Italie, l’Allemagne et l’Autriche, tout est bon alors pour se faire une place dans ces circuits express, quitte à forcer le trait sur le pittoresque français.